L'écuyer du prince

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À la vue du prince, Thomas s'empressa de bondir dans l'écurie. Des dizaines de destriers défilèrent sous ses yeux alors qu'il cavalait entre les foins. Lorsqu'il aperçut son collègue s'apprêter à panser un quelconque cheval, il lui arracha ses ustensiles des mains et s'excusa d'une voix essoufflée. Minho releva un regard outré vers son ami et manifesta ouvertement son mécontentement, mais à peine tenta-t-il de le rappeler à l'ordre que celui-ci s'était déjà enfui. Un long soupir gonfla sa poitrine tandis qu'il levait les yeux au ciel, s'agaçant : « Sérieusement ? Tu ne peux donc pas patienter ne serait-ce qu'un court instant ?

— Tu ne comprends pas, je l'ai aperçu au loin ! Il approche ! Il approche, Minho !

— J'aurais dû m'en douter... Amoureux transit ! »

Un sourire amusé fendit son visage alors qu'il retournait à sa tâche, laissant son ami se précipiter dans un box spacieux. Un somptueux cheval, isabelle et pommelé, résidait dans celui-ci. L'encolure autrefois baissée, il releva vivement son énorme tête à l'entente des pas précipités de l'écuyer. Ses naseaux frémirent avec hâte tandis que Thomas s'entêtait à brosser frénétiquement son poil soyeux. Formant des cercles répétitifs sur la chair charnue de l'équidé, il appliqua son travail minutieux avec une mine marquée par l'anxiété et l'euphorie. Habitué par ce type de scène, le cheval ébroua d'un air contrarié et reprit le cours de son broutage. Lorsqu'il eut achevé son pansage, Thomas se démena de vêtir le cheval d'un harnachement médiévale, recouvrant son garrot d'un tapis de selle bleu marine et d'une selle en cuir noir. L'animal pesta lorsqu'il accrocha la croupière à celle-ci et mit en place une bricole, se révoltant contre sa soudaine célérité que personne ne supporterait. Thomas venait tout juste de resserrer la sous-ventrière lorsque le prince fit finalement son entrée. Posté devant le box de son fidèle destrier, il scruta l'écuyer d'un regard lasse, gardant un sourcil interrogateur levé. Le jeune homme se cogna contre le ventre du cheval lorsqu'il remarqua sa présence. Il se frotta péniblement la tête et releva ses yeux admiratifs vers ceux du futur roi. Ses joues devinrent écarlates. Il tenta maladroitement d'épousseter sa tunique rougeâtre et sembla perdre toute assurance face au beau jeune adulte qui se dressait devant lui. Il lui sourit de toutes ses dents et sautilla jusqu'à lui, se réjouissant : « Son altesse royale, vous voilà ! Veuillez agréer mes sincères --

— Trêve de caquetages. Bayard est-il en condition ?

— Assurément, Monseigneur.

— Très bien. »

Le prince à la chevelure dorée, paré d'un pourpoint bleu, d'un chaperon ainsi que d'un collant fin, contourna l'écuyer de son dédain. La déception frappa le visage poussiéreux du garçon, qui entrouvrait les lèvres en observant son souverain saisir les rennes de sa monture. Il s'empressa de s'écarter et ouvrit en grand la porte du box. Il s'inclina élégamment lorsque le blond sortit mais le prince l'ignora de plus belle. Bien que blessé, Thomas ne se découragea pas. Il les rattrapa avec empressement alors qu'ils se stoppaient dans leur marché effrénée. L'écuyer comprit aussitôt qu'il devait agir et, d'une poignée ferme, attrapa les rennes du cheval. Le prince monta alors sur son destrier, chaussant ses étriers dans un même temps. Un coup de talon sec fut donné à l'animal tandis que Thomas écarquillait les yeux. Avec maladresse, il trébucha et emboîta le pas de son seigneur. Il demanda, trottinant à sa gauche : « Son altesse royale, aurais-je l'honneur de rester en votre compagnie, avant la nuitée ? Seriez-vous de retour au crépuscule ?

— Ne tentez pas le diable une nouvelle fois, Edison. Vous n'êtes pas sans savoir que nos rencontres nocturnes calomnient ma réputation.

— Ces conséquences affreuses ne m'échappent aucunement, monseigneur. Néanmoins, nos rencontres nocturnes ne sont-elles point plaisantes ?

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant