~Five

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-"Barb' tu vas jamais le croire."

Barbara se tourna vers son amie dont les ondulations ébène semblaient flotter au-dessus de ses épaules, nonchalamment attachés en un chignon à moitié défait.

-"Dit toujours."

Isabel dut s'asseoir sur le banc du parc, essoufflée après avoir couru pour la trouver.

-"Ils me demandent de passer le concours pour devenir médecin."

-"Ton hôpital ?" Isabel hocha la tête, le sourire aux lèvres.

-"C'est rare, d'accepter qu'une infirmière le fasse, mais puisque j'ai déjà fait mes années de médecine et que j'avais juste raté le concours, il me donne une chance de le repasser."

-"C'est génial Isa !" Barbara l'enlaça en riant, heureuse pour son amie qui semblait aux anges.

Il y eut alors un silence, et Barbara fronça les sourcils.

-"Mais je croyais que tu ne supportais pas d'être dans le bloc opératoire."

Isabel releva les yeux vers son amie dont les cheveux roux luisaient sous le soleil de midi.

-"Je ne le supporte pas, mais-"

-"Alors tu ne pourras jamais être médecin." Barbara serra sa main. "A quoi cela servirait, un médecin qui ne sait pas sauver des vies ?"

Isabel déglutit, fixant son amie dont les pupilles s'étaient restreintes, se réduisant à deux fentes émeraudes.

-"Un médecin qui a peur d'être médecin, tu imagines ? C'est comme un marin qui a peur de la mer."

Isabel fronça les sourcils, tentant de retirer ses mains des siennes mais elle les tint fermement, plantant ses ongles dans sa peau pour l'empêcher de partir, rapprochant son visage du sien.

-"Reste à ta place, Isabel Hélène Leigh. Reste derrière le bureau, là où tu ne risques pas de tuer tout le monde parce que tu t'es trompé d'outils pour ouvrir un pauvre enfant."

-"Barbara." Murmura-t-elle mais sa voix mourut dans sa gorge.

-"Ils ne voudront pas de toi, les enfants, si tu ne peux pas les soigner." Barbara rapprocha son visage plus encore jusqu'à ce qu'elle sente son souffle sur son nez. "Lâche."

Elle se réveilla en sursaut, les larmes roulant sur ses joues suintantes, l'oreiller coincé derrière son lit.

Ce n'était qu'un cauchemar.

Elle alluma sa lampe de chevet et tenta de calmer ses battements de coeur effrénés, regardant la feuille sur sa table de chevet.
La lettre de l'hôpital pour le concours.

Elle qui avait toujours souhaité être médecin, sauver des vies.

Elle se leva, allant chercher un verre d'eau et prit sa lettre en chemin.

Elle reposa violemment le verre dans l'évier et regarda la poubelle, à sa gauche. Elle s'avança vers elle, le regard fixe, et jeta la lettre dedans.

                             *****

-"Ça va ?"

Barbara posa sa main sur le front de son amie.

-"T'as l'air épuisée."

Isabel sourit.

-"J'ai mal dormi."

Elle détourna le regard, le posant sur la soeur de Barbara qui s'amusait dans le bac à sable avec ses amis.

Avait-elle déjà été aussi heureuse que la petite qui riait aux éclats en jetant sa pelle dans le sable ?

Si ça avait été le cas, ça remontait à trop loin pour qu'elle ne s'en souvienne.

Elle se sentait étouffer.

Elle se leva, époussetant sa jupe, prenant son sac à main. Elle s'excusa auprès de Barbara et sortit du parc, souhaitant faire un tour pour se vider la tête.

Peut-être faire les magasins, elle avait entendu dire qu'un nouveau venait d'ouvrir près de Pigma.

Ne regardant que ses pieds, elle bouscula quelqu'un sans le vouloir.

-"Excusez-moi." Elle releva les yeux vers la jeune femme aux cheveux bruns qui lui sourit.

-"Ce n'est rien, je ne regardais pas où j'allais." La femme s'inclina légèrement. "Passez une bonne journée."

Sa prestance coupa le souffle d'Isabel qui ne répondit rien et la regarda s'éloigner, son tailleur se soulevant au rythme de ses légers pas, comme volant sur les airs.

Elle semblait venue tout droit d'une autre époque, son petit chapeau accroché à ses cheveux assorti à ses chaussures et son petit sac en cuir.

Isabel se perdit à la contempler jusqu'à ce qu'elle tourne, et finit par souffler, regardant ses pauvres vêtements sans une once d'intérêt.

C'était décidé, elle allait faire les magasins.

La jeune femme aux cheveux bruns regarda l'immeuble légèrement délabré qui lui faisait face et soupira, sortant sa baguette en vérifiant que personne ne la voyait pour ouvrir la porte d'entrée.

Elle avança dans la cour et monta les marches du premier bâtiment qui lui faisait face, montant jusqu'au troisième étage.

Elle sonna à la porte de gauche, peinte en vert.

Personne ne lui ouvrit.

Elle sonna de nouveau, pressée.

Un grincement, tout d'abord.
Puis un soupir.

-"Bonjour, Draco."

Draco regarda la femme qui se tenait devant sa porte, son tailleur l'étouffant certainement, son sac en cuir pendant à son coude, son chapeau frisant ses cheveux.

-"Astoria." La salua-t-il d'une voix morne.

Il ouvrit grand la porte pour la laisser entrer, vérifiant que personne ne la suivait, et la referma en un claquement épuisé.

Astoria regarda autour d'elle, la cuisine mal rangée, le canapé au jeté de couverture froissé.

Elle prit la décision de s'asseoir sur un des fauteuils et il s'assit sur le sien, en face.

Silence.

Elle se racla la gorge et il se leva, allant faire du thé.

-"Tu sais, je ne suis pas non plus ravie de ce mariage que nos parents ont prévus." Astoria le remercia silencieusement et attrapa sa tasse fumante.

-"Pourtant tu n'as rien dit." Il s'assit et posa sa tasse sur la table basse, le fixant tout en posant son dos sur le fauteuil pour s'y accouder, se donnant une pose plus sûre qu'il ne l'était réellement.

Elle déglutit, enfermant sa tasse dans ses douces mains froides.

-"Je préfère que ce soit toi plutôt qu'un autre, voilà tout." Elle lui sourit. "Pas toi ? En tant qu'amis."

-"Ce n'est pas le problème, Astoria." Il eut un soupir et se massa l'arête du nez. "Je ne veux pas de fiancée. Je ne veux pas de mariage, de témoin, de femme, de famille autre que celle que j'ai déjà."

-"Tu finiras par en avoir une, de famille. Du moins je te le souhaite, que ce soit avec moi ou pas."

Il la toisa.

-"Jamais de mon vivant."

Elle eut un léger sourire.

-"Et pourtant nous voilà, Draco. Fiancés."

Il regarda la fenêtre entrouverte qui laissait passer les bruits des voitures de moldus en contrebas.

Soupirant et priant pour qu'elle ne reste pas longtemps.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant