~Ninety-three

178 19 52
                                    

Alors oui, j'aurai pu vivre avec toi à jamais.

--------

-"Il est là."

Draco s'accroupit près du vieil homme attaché comme un porc contre le mur, délirant, sa tête se basculant d'un coté et de l'autre.

Il posa sa baguette sur le sol, détacha le pauvre moldu qui ne cessait de répéter le surnom de sa pauvre enfant qu'il avait cru entendre au loin, si loin de lui.

-"Henri, j'ai besoin que tu ailles voir si Harry est arrivé."

-"Harry Potter n'est pas prêt d'arriver, si tu veux mon avis."

Draco releva les yeux vers lui, attendant qu'il continue sa phrase. Mais Henri n'eut rien de plus à dire. Il eut un sourire, se gratta l'arrière du crâne.

-"Attention !" hurla-t-il alors.

*****

L'explosion de l'entrepôt se fit entendre jusque dans les contrées voisines, et Isabel se tourna soudain, tentant de détacher Barbara. Elle se releva, regarda au loin la fumée s'élever.

-"Non." chuchota-t-elle et le souffle de l'explosion la fit chuter sur l'herbe sèche.

Elle perdait le contrôle. Tout semblait tourner trop vite ou s'arrêter trop lentement.

-"Isabel." souffla Barbara la bouche en sang et Isabel se concentra uniquement sur elle, tentant de garder ses pensées imperméable au reste pour s'empêcher de s'effondrer.

Elle détacha ses mains et pieds et s'apprêta à l'aider à se relever lorsqu'une silhouette se dessina derrière elle. Elle déglutit, fixa l'ombre sur le sol sans oser bouger, espérant qu'elle disparaisse.

-"Tu vas bien ?" Henri s'accroupit, tapota le front de Barbara qui ouvrit grand les yeux mais ne prononça aucun mot.

-"Et toi ?" s'alarma Isabel en le regardant couvert de poussière.

-"J'ai transplané à temps." souffla-t-il.

Il y eut un silence, dans le champ, tandis que les yeux intenses d'Isabel fixaient les siens si vagues.

Il n'y eut pas besoin de mot. Au silence si criard, elle sentit son cœur se serrer.

Elle n'arrivait pas à réaliser. Et c'était pour le mieux, sans doute. Elle se tourna pleinement vers Barbara, l'aida à se relever, ne prit pas attention à ses mains qui la tirait, griffait sa peau jusqu'au sang, à ses doigts qui se recroquevillaient sur son bras, sans raisons apparentes.

-"Allons-y." murmura Isabel et Henri attrapa Barbara pour l'aider.

Cette dernière s'agrippa désespérément à son amie mais cette dernière s'écarta, le laissa faire.

-"Tu sais, Isa', je pensais vraiment-" Henri se racla la gorge, cessa d'avancer, se tourna vers Isabel qui releva les yeux vers les siens. "Je pensais vraiment que tu pouvais nous aider."

Elle fronça les sourcils qui tremblaient, ne comprit pas.

-"J'ai fait ce que j'ai pu." se défendit-elle.

-"Oui, c'est vrai, au début tu nous aidais beaucoup, il semblait prêt à tout pour toi et ça nous arrangeait bien. Mais après ?"

Il claqua sa langue contre son palais et Isabel tourna légèrement le regard vers Barbara qui pleurait, prise de spasmes incontrôlés, les mains tremblantes près de celles d'Henri.

-"Tu t'en es trop mêlée. Comment une moldue telle que toi ose-t-elle penser pouvoir être égal à un sorcier ?" Il leva un sourcil, s'avança d'un pas, laissa Barbara lâchement retomber sur l'herbe. "Tu as tué l'un d'entre nous, Isabel, et tu pensais t'en sortir impunément ?"

-"Henri, je ne comprend pas-" Elle n'eut pas l'instinct de reculer tandis qu'il s'avançait.

-"Tu comprend très bien, stupide petite moldue." Il désigna ses joues et elle leva sa main jusqu'à elles pour frôler ses larmes qui y roulaient.

Oui, elle avait beau refuser et le nier, elle avait d'ores et déjà compris.

-"Mais tu es mon ami." tenta-t-elle en sentant sa voix se fondre dans ses larmes lorsqu'elle recula finalement d'un pas.

Il eut un sourire, plissa le nez.

-"Rien n'est aussi crédule qu'un moldu, visiblement."

-"Tu étais toujours là pour moi, tu m'as toujours écouté et soutenu." Elle recula de nouveau, déglutit pour empêcher sa voix de sombrer plus encore.

-"Je vous ai rapproché, toi et Draco, parce que je savais que tu allais être son point faible. Et quoi de mieux pour le faire chanter que d'avoir comme point faible, une moldue qui ne sait pas faire trois pas sans se casser la figure sur le carrelage ?" Il eut un sourire, dévoila ses jolies dents.

-"Tu me demandais des services, tu me donnais des conseils sans rien attendre en retour." Elle s'enfermait dans sa petite bulle de mensonge, encore et encore, refusait.

-"Je te confiais mon chat." Il eut un rire. "Tu n'as jamais trouvé étrange, qu'il ne mange pas les croquettes que tu lui achetais ? Les animagus n'aiment pas les croquettes."

Elle ne comprenait rien mais ça n'avait pas d'importance, elle se fichait de savoir ce que ça voulait dire, elle voulait simplement que ça s'arrête.

-"Ton minois a déjà tout élucidé, Isabel." Souffla Henri. "Il te suffit de te l'avouer."

Oui, elle comprenait. A chaque fois qu'ils étaient là, à préparer une embuscade, à chaque fois qu'il savait où la trouver, comment la chercher, c'était parce qu'elle lui avait confié, à lui, ce barman entre Pigma et Elise. Elle n'avait pas rêve l'avoir aperçu dans le chemin de travers, pas plus qu'elle n'avait rêvé avoir aperçu la haine dans son regard lorsqu'il croyait qu'elle ne le regardait pas. Et ce jour-là, du haut de la tour, lorsqu'elle en avait aperçu un dans le ciel, elle avait bel et bien vu la cicatrice sur sa clavicule gauche.

Elle baissa les yeux vers la clavicule blessé du garçon, sentit son cœur se briser. Ou peut-être, simplement, se brisa-t-elle.

-"Fuis." réussit à articuler Barbara entre ses cordes vocales coupées, et Isabel leva les yeux vers Henri qui souriait, se délectant de ses larmes traitresses.

Elle ne bougea pas. Pas parce qu'elle avait soudain un élan de courage, mais parce que ses jambes refusaient de partir, de fuir, ce qu'elle aurait souhaité faire.

-"Bien, tu as enfin compris que tu ne pouvais rien. Car quoi que tu tentes de faire, Isabel." Henri leva sa baguette vers sa tempe. "Tu n'échapperas pas au destin."

Elle garda son regard rivé dans le sien, parce que c'était la seule chose qu'elle était capable de faire. Espérer que, comme chaque humain, la pitié ne l'empêche de tirer.

Mais sans doute avait-elle oublié qu'il n'était pas humain.

-"Avada Kedavra !"

-"Si je devais résumer ma vie." Henri réfléchit, accoudé au comptoir tandis qu'Isabel attendait, sirotant sa boisson. "Je dirai qu'elle est pleine de surprises."

-"Tu mes les raconteras, un jour ?" Demanda Isabel, curieuse.

Il plongea son regard dans le sien, ses iris s'assombrirent quelques secondes.

-"J'espère pour toi que non." Il sourit. "Mais pour ma part, j'ai hâte de te les dire."

Oui, il y avait des jours où elle ne comprenait pas tout, mais c'était sans doute des affaires de sorciers, et elle n'essayait pas de questionner tout ce que disaient les sorciers.

-"Sache juste-" reprit Henri en attrapant son verre vide. "Que si un jour, tu as besoin de parler à quelqu'un à propos de Draco, de vous, ou de quoi que ce soit." Il sourit. "Je suis là."

Elle plissa le nez.

-"Si j'avais pu choisir, j'aurai préfère être amoureuse de toi, crois-moi." répliqua-t-elle et il rit.

-"Alors heureusement que tu ne peux pas choisir, car je préfère te voir avec Draco. Ça facilite les choses à tout le monde." Il lui fit un clin d'œil et repartit en arrière-boutique, la laissant sortit du bar tandis que lui tentait de faire cesser ses frissons de dégoût.







𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant