~Eleven

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-"Attend c'est pas fini."

Isabel éclata de rire et fit taire Barbara et Henri qui s'était accoudé depuis l'autre côté du comptoir pour écouter son histoire.

Draco les toisa, la machoire contractée.

Comment elle, une Moldue sans titre et sans argent, qui travaillait comme infirmière dans un hôpital délabré, pouvait être aussi heureuse qu'il ne l'était lorsqu'il était enfant, entouré par ses domestiques et ses cadeaux de Noël ? Ça le dépassait et il jalousait ce bonheur que lui ne possédait pas alors qu'elle lui revenait de droit.

Qu'avait elle de si spéciale, cette Moldue, pour que son monde lui tourne autour comme si elle en était le soleil ? Pour son monde à lui, elle n'était qu'un petit astéroïde qui gachait ses soirées.

-"Alors elle vient me voir, toute bronzée, et me dit Mint chérie, je t'ai apporté un cadeau de France." Elle mima sa mère avec sa gesture et entendit un ricanement mesquin et à peine étouffé.

Intriguée, elle poussa légèrement Barbara pour voir celui qui se moquait.

-"Mint ?" Blaise essuya ses yeux secs. "Tes parents t'appellent Mint ?"

-"Ça s'appelle un surnom, crétin." Elle roula des yeux et tenta de reprendre sa conversation mais elle fut une nouvelle fois coupé par Blaise qui demanda à Henri de lui servir un "diabolo mint" qu'Isabel n'apprécia guère.

-"Tu peux la fermer, deux minutes, crétin ?" Elle leva un sourcil. "J'essaie de parler. Va voir ailleurs si j'y suis."

-"Ne t'enflamme pas, Mint, je veux juste ma boisson, si tu pouvais laisser le serveur servir."

Elle serra son verre dans sa main, se retenant de se lever pour lui en coller une.

-"Ferme-la Blaise." Draco roula des yeux et lui donna une tape sur le crâne. "Laisse-la tranquille."

Son ami se tourna lui, outré qu'il ne le défende pas, et Draco fixa son café vide.

-"Mint allait raconter quelque chose d'intéressant, pour une fois." Rajouta-t-il, les yeux malicieux, et elle ouvrit grand la bouche sans en sortir un son.

-"Ça alors." Dit-elle soudain sur la lancée. "C'est qu'il sait parler."

Il la regarda en biais et ne répondit pas, esquissant un léger sourire amer en coin.

Si elle n'était pas une Moldue, il se lèverait sûrement pour la placarder au plafond comme il avait tant aimé le faire pour les Gryffondor qui osait lui parler, à l'époque.

Elle ressemblait quelque peu à Harry Potter, si on en oubliait le fait que lui au moins avec une once de sang noble et, surtout, avait fait quelque chose de sa vie et ne trainait pas dans des bars miteux.

Cela dit, c'était ironique de la blâmer pour ce que lui-même faisait : rien.

-"Raconte-nous, blondinet." Elle se leva et eut un léger sourire mesquin, courbant son corps pour s'accouder au comptoir en le fixant. "Que penses-tu de ce que m'a offert ma mère ?"

-"Je n'ai pas écouté, ça ne m'intéresse en aucun cas." Il haussa les épaules, signifiant la fin de la discussion.

-"Un porte-clef en forme de tour Eiffel. Peut-on faire plus cliché ?"

Il étouffa un léger rire moqueur sous une quinte de toux.

Elle semblait aussi pauvre que les Weasley, ce qui n'était pas peu dire.

Le voyant ricaner, elle mit sa main sur ses clavicules d'un air outrée et rit à son tour, repensant au ridicule de la chose.

Mais alors qu'il s'apprêtait finalement à dire quelque chose - pour se moquer, sans doute - la porte s'ouvrit à la volée et Henri mit immédiatement sa main sur les yeux de Barbara, comprenant ce qu'il se passait.

-"Monsieur Draco Malfoy, vous êtes en état d'arrestation."

Draco se leva, ainsi que Blaise, et Isabel fronça les sourcils en regardant les hommes s'approcher.

Elle en attrapa un par la manche.

-"Vous n'êtes pas de la police." Remarqua-t-elle en regardant les uniformes. "De quel droit vous l'arrêtez ?"

L'homme regarda ses compères et toisa la jeune femme.

-"C'est une Moldue." Dit-il alors et il regarda Barbara qui se débattait pour qu'Henri la lâche.

Ce dernier hocha la tête, semblant comprendre, et sortit sa baguette pour endormir la jeune femme qu'il prit alors dans ses bras.

L'un des hommes leva la sienne vers Isabel qui recula d'un pas, les sourcils froncés.

-"C'est quoi, ces bouts de bois ?" Elle regarda le bout de la baguette qui s'illumina et sauta par dessus le comptoir pour partir.

Malheureusement l'un des hommes, plus rapide, lui lança un sort et elle s'effondra sur le sol, sa tête cognant contre un coin du mur.

-"Isabel !" Henri déposa Barbara sur le comptoir et partit vérifier qu'elle n'avait rien.

Draco tenta de se défaire des mains d'un des sorciers, regardant la jeune femme nonchalamment affalée sur le sol.

De quel droit osait-il traiter des moldus avec tant de dédain, alors qu'ils s'étaient battus pour que les Mangemorts tels que lui ne leurs fassent pas de mal ? L'ironie de la chose lui fit grincer des dents.

Henri leva la tête vers Blaise et l'hocha lentement, signe qu'elle n'avait rien.

-"Veuillez coopérer."

Draco se laissa alors faire, regardant Blaise qu'ils laissaient tranquille.

-"Je reviens vite." Ironisa le garçon avant de transplaner avec les hommes. "Efface leurs mémoires."

Il disparut soudain, et le silence revint dans le bar miteux, ou les deux sorciers se fixèrent sans savoir quoi dire, déglutissant vainement.

                             *****

-"Potter et Granger." Draco eut un rire. "J'aurai du m'en douter."

-"Je t'avais prévenu, Draco." Hermione eut un regard tendre. "Tu ne m'as pas écouté."

Kingsley se racla la gorge, signe qu'il était temps de le laisser parler, assis dans sa chaise de juge, toisant de sa splendeur Draco à sa place d'accusé.

Ce dernier avait un goût amer de déjà-vu et ne souhaitait pas le revivre une deuxième et, l'espérait-il, dernière fois.

-"Je vous ai appelé pour un problème tout autre qu'un délit que vous n'avez pas commit."

-"Je m'en doutais." Grimaça le garçon en regardant sa montre. "Je suis attendu."

-"Vous ne l'êtes pas." Sourit Kingsley et Draco claqua sa langue contre son palais.

-"Dépêchez."

-"Je vous ai appelé à propos des affaires inquiétantes concernant vos compères." Il marqua une pause. "Les Mangemorts."

Harry sentit sa marque le brûler alors même qu'elle n'était plus là, et Draco posa instinctivement sa main sur son avant-bras, sentant sa démangeaison au travers de sa veste en velours.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant