~Thirty-two

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-"Un diabolo menthe et un café."

Draco entendit la voix crissante d'Isabel, qui venait de s'asseoir derrière le comptoir.

Il faisait encore jour, au dehors, mais la pluie rendait la fin de journée maussade, et même les immeubles semblaient mornes, las de servir d'abri.

-"Tu prends du café ?" Henri parut étonné, lui tendant sa commande.

-"C'est pour Barb', elle va arriver."

Elle eut un sourire lorsque le visage d'Henri s'éclaira quelque peu soudain.

Draco se concentra sur ses papiers, massant ses tempes en fixant les noms barrés.

La cloche tintinnabula, à l'entrée du bar, signe que quelqu'un entrait.

-"Draco."

La voix fit lever la tête du garçon et Angelina s'assit près de lui, la baguette dans la main. D'un mouvement rapide de l'œil il désigna Isabel qui sirotait sa boisson et, semblant comprendre, Angelina la rangea rapidement.

-"Qu'est-ce que tu fichais, hier soir ?" Murmura-t-il mais il eut l'impression d'hurler tant il était contrarié. "Tu n'étais pas au point de rendez-vous, des ma-"

Il se tut et tourna légèrement la tête vers Isabel qui discutait avec Henri, le café refroidissant.

-"Je sais. J'ai été retenu par l'un d'entre eux qui me posaient des questions sur George, j'ai du improviser. Les mangemorts que tu as vu devaient la suivre, elle." Elle désigna Isabel d'un coup de tête. "Celle qu'ils n'ont pu éliminer. C'est frustrant, pour eux, de perdre contre des moldus."

-"Ils n'ont pas tenté de la tuer." Draco eut un soupir. "Enfin bref, ce n'est pas important. Tu voulais me voir pour me dire quelque chose, non ?"

Elle hocha la tête, reprenant ses esprits.

-"Il semblerait qu'ils en aient après ceux qui les ont trahis, durant la bataille. Je ne connais pas encore leurs noms, mais certains risquent gros, dont toi."

-"Je n'ai pas peur."

-"Tu devrais. Reste chez toi, évite de trop sortir."

-"Ça revient au même, non ? De toute façon, ils me retrouveront s'ils le veulent vraiment."

Il plissa les yeux, visiblement suspect.

-"C'est tout ce que tu voulais me dire ?" Elle hocha la tête et il se tut, contractant la mâchoire."Bien."

Il se leva, paya son café, et ouvrit la porte pour sortir, Angelina souhaitant rester un peu pour se reposer tranquillement.

-"Qui était-ce, la femme avec qui tu étais ?"

Draco se tourna vers Isabel qui l'avait suivi, refermant la porte du bar.

Il la fixa, elle qui finissait par s'approcher de lui, sur le trottoir.

-"En quoi ça t'intéresse ?" Il leva un sourcil et commença à repartir.

-"Ça m'intéresse parce que toi, tu m'intéresses."

Il s'arrêta un seconde fois, la pluie recommençant finalement à tomber, légère bruine venant parfumer les rues sales.

-"N'en dit pas plus, ça me dégoute." Elle put imaginer sa grimace, dos à elle, et eut un sourire.

-"Je n'ai pas le droit ? Après tout, nous partageons beaucoup de choses."

-"Je ne partage rien avec une moldue, encore moins avec une moldue telle que toi. Évite de m'associer à toi simplement parce que j'ai fait preuve de pitié une ou deux fois."

-"C'était de la pitié, lorsque tes lèvres passaient sur ma peau et tes mains enserraient les miennes ?"

Sa voix sembla résonner dans tout Londres alors, et Draco se tourna soudain vers elle, ses yeux grands ouverts comme si elle venait de blasphémer.

-"Qu'est-ce que tu racontes ?" Murmura-t-il au bord de gouffre, les mains crispées.

-"Tu pensais que je ne le savais pas ?" Elle haussa les épaules. "Que tu t'étais rapproché de moi, peu après, simplement parce que tu me pensais enceinte de toi ? Sache que j'ai une excellente mémoire, et que j'ai eu beau ne pas m'en souvenir un temps, tout est fini par me revenir."

Elle eut un sourire, la pluie collant ses cheveux à son visage de porcelaine.

-"J'ai aimé te voir si maladroit, ne sachant ni que dire ni que faire pour rattraper honteusement cette nuit que tu regrettais. Je ne t'ai rien dit parce que ça m'amusait, de te voir comme ça."

Il eut une grimace, se sentant piteux soudain. Alors elle savait. Depuis le début, elle se souvenait.

-"Mais, tu sais, les moldues comme moi, quoi que cela signifie, s'attachent vite aux gens, surtout quand on a peu de personnes à qui s'attacher. C'est comme ça, c'est la vie. Est-ce mal, de m'attacher à un stupide malfrat comme toi, qui passe ses journées à boire du café noir et à emmener des filles dans sa chambre quand sa fiancée n'est pas la ?"  Elle haussa les épaules. "Peut-être. Mais, comme ça, tu le sais." Elle eut un sourire. "Et merci, pour hier soir. Rentre bien, le malfrat."

Il y eut un silence, rompu par le bruit des gouttelettes sur leurs visages et des voitures roulant sur la route.

-"Rentre bien, Draco." Se corrigea-t-elle alors et elle fit demi-tour sans un mot, enlaçant Barbara qui venait d'arriver, rentrant dans le bar pour se sécher.

Et tandis qu'elle riait aux éclats avec Henri, Draco calma sa chair de poule, aux bras, et se frissons de dégout sur la nuque.

Devait-il utiliser sa magie pour l'effacer de la mémoire d'Isabel ? Non, il allait avoir des ennuis. Alors changer de bar ?

Et pourquoi c'était à lui, de changer ? C'était un sorcier de Sang-Pur, elle une moldue de bas étage. Il n'avait qu'à faire comme si elle n'existait pas, passer outre son existence. C'était une moldue, elle finirait par se lasser. Comment osait-elle l'apprécier ? Il trouvait cela réellement répugnant. Il continua son chemin, troublé. Devait-il la donner aux mangemorts, pour qu'ils la tuent à sa place ? Oui, ça semblait être une bonne idée.

Et dire qu'il avait couché avec une moldue, rien qu'y repenser lui donnait la chair de poule.

Non, vraiment, c'était presque maladif : Draco haïssait les moldus dans son genre. 


 


𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant