~Seventy-seven

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Oui, j'ai tout fait pour toi. Et j'aurai fait plus encore, crois-moi.

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Isabel enfonça son chapeau sur son crâne, les cheveux attachés en un chignon serré, et s'avança en direction de la ruelle mal éclairée.

Les passants la fixèrent sans vraiment s'intéresser à elle, ne sachant pas qui elle était et ne souhaitant pas le connaitre.

Elle eut un soupir fébrile, leva les yeux vers l'écriteau près de la ruelle. Se demanda si c'était le choix à faire.

Puis finalement entra dans le chemin de traverse.

Immédiatement, l'atmosphère fut différente. Elle qui était passée par le mur de brique rouge pour entrer chez les sorciers venaient de se rendre compte qu'elle aurait peut-être mieux fait de rester chez elle.

Les murs et recoins étaient remplis de saletés, mal lavés, les rats se cachaient sous les dalles à sa venue comme de peur de se faire attraper. Les passants, qui se faisaient bien rare, semblaient vouloir faire de même, rasaient les rues la tête baissée comme honteux d'exister, peureux de le montrer.

Elle continua sur sa lancée, tourna dans une impasse sans le vouloir, commença à faire demi-tour.

-"Tu ne devrais pas être là."

Isabel sentit son échine s'hérisser. Elle s'arrêta, dos à l'homme, déglutit avec difficulté, ressentant les sueurs froides dans son dos se glacer plus encore tandis que la température d'été chutait.

-"C'est dangereux, ici, pour les gens comme toi."

Elle entendit ses pas se rapprocher et elle se tourna, lui faisant finalement face, les yeux droits dans les siens tandis qu'elle sentait ses paupières la bruler, lui intimant de les laisser se fermer, de ne pas lui faire face.

-"La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était dans des conditions peu commodes, j'en conviens." L'homme eut un sourire, retira sa capuche mais elle l'avait d'ores et déjà reconnu, à la voix, au son de ses pas, au parfum de ses vices.

-"Vous avez tenté de me tuer." dit-elle alors en rassemblant son courage.

Il eut un sourire qui la fit frémir.

-"Effectivement, c'est bien moi." Il fit la moue. "Mais, ne t'en fais pas, tu ne crains plus rien."

-"Pourquoi je vous ferai confiance ?" Elle recula d'un pas.

Il eut un sourire, s'inclina légèrement avec ironie.

-"Disons que je suis sous contrat." murmura-t-il comme un secret qui s'infiltra dans ses pores. "Je suis Malcolm, par ailleurs."

-"C'est justement vous que je voulais voir." Elle se racla la gorge. "Aidez-moi à sortir Draco de prison."

Il leva un sourcil, intéressé.

-"Ce n'est pas à cause de toi qu'il y est, petite chose ?"

 Elle ne répondit pas et il eut un rire avant de s'approcher. Elle tenta de reculer mais alors il attrapa son poignet, la poussa contre un mur, son genou entre ses jambes, son torse contre sa poitrine, une main enfermant la sienne pour l'empêcher de partir tandis que ses yeux se baladaient le long de son corps enveloppés de vêtements lâches.

-"C'était bine présomptueux de la part d'une saleté de moldue, de venir jusqu'ici." lui susurra-t-il à l'oreille, faisant frémir ses poils. "Que penses-tu pouvoir faire pour lui, exactement ?"

Elle gémit, ses souvenirs semblant resurgir, leur proximité lui donnait envie de vomir et elle semblait sur le point de s'évanouir tant le traumatisme restait vif.

-"Je ne comprend pas ce que tu comptes faire, mais ça ne m'a pas l'air d'être une bonne idée."

Blaise soupira, adossé au bureau d'Harry au ministère tandis qu'une Isabel déterminée leur parlait de son plan.

-"Vous n'avez pas besoin de comprendre. Je vous demande simplement d'interroger une dernière fois Draco devant votre juge, avec votre veritarum ou que sais-je, d'ici demain après-midi. Faites-moi confiance."

-"Véritaserum." corrigea Harry. " Et ça ne marche pas comme ça, Isabel." nota le garçon, néanmoins piqué au vif. "Tu dois d'abord nous expliquer ce que tu comptes faire."

Elle eut un sourire tremblant, serra le poing pour se donner du courage.

-"Je t'en prie." souffla-t-elle. "Fait-moi confiance." 

-"Ce que je pense faire ?" répondit-elle soudain et il sentit son aura changer tandis qu'elle se mit à sourire, les lèvres tremblantes. "Je pense t'humilier. Et tu sais ce qui est le plus humiliant, pour les gens comme toi ?"

Il sentit une vive douleur, soudain, comme si toute sa vie ne s'était plus résumée qu'à cet instant misérable.

Il la lâcha, baissa le regard vide vers l'arme blanche qu'elle venait de planter dans son cœur. Il recula, hébété, ne se sentant plus bouger.

-"C'est de perdre face aux gens comme moi." finit-elle en abaissant sa main ensanglantée qui tremblait plus vite encore que ses larmes salées ne roulaient sur ses joues froides.

-"Sale-"

Il n'eut plus la force de parler, soudain, comme si l'entièreté de son être n'arrivait plus à s'accorder. Ses jambes le lâchèrent, piteusement, il s'effondra sur les dalles de l'impasse morose tandis qu'elle le toisait de haut, se faisant violence pour ne pas fondre misérablement en larmes comme une enfant.

-"Merci." dit-elle alors en s'accroupissant légèrement pour arriver à sa hauteur. "Merci de m'aider à le sauver."

Il gémit, sur le sol, lamentablement tandis qu'il gisait dans son propre sang.

-"Je ne sais pas de quel contrat tu parles, tocard, mais ce que je sais c'est qu'il l'empêche de vous trahir, et qu'à cause de ça il ne peut pas s'innocenter. Aucun des deux ne peut ivre tant que l'autre survit." Elle pencha légèrement la tête. "Alors pour que lui vive, toi tu ne peux pas."

Et lorsque, finalement, pitoyablement, il rendit son dernier souffle, ce grand sorcier mort sans la moindre chose de prouver ses dons dont elle n'était pas doté, elle se releva, essuya ses joues, tenta de cacher ses mains tremblantes dans ses poches, enfonça son chapeau sur sa tête et finalement sortit de l'impasse.

Elle dévala les rues jusqu'aux briques rouges qui lui cédèrent le passage. Et ce ne fut que lorsqu'elle revint dans le monde des moldus, dans la petite rue sombre d'où elle était arrivée, qu'elle s'arrêta. Elle inspira, expira, regarda le soleil qui avait finit par embrasser l'horizon après sa rude journée. Puis elle retira ses mains gelées et rougeâtres, les regarda, semblant finalement se rendre compte de ce qu'il venait de se passer.

Elle se mordit la lèvre inférieure, sentit des spasmes incontrolables tout le long de son corps, et finalement comme un enfant comprenant sa faute, elle glissa contre le mur jusqu'au sol crasseux, les mains en l'air comme pour ne pas souiller le reste de son âme, ses râles de supplice se déversant sur les poubelles qui écoutaient ses péchés mêlés au supplice de la vengeance achevée.







𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant