-"Alors ?"
Blaise esquissa un sourire, affalé sur le comptoir.
-"C'était comment, hier soir ?"
Henri roula des yeux et lui servit sa tequila.
-"Très bien, elle était adorable."
Draco soupira, voulant simplement boire son café en silence.
-"Et tu lui as dit, pour ton petit secret, ou pas ?" Il désigna sa baguette qui trainait sur son tablier de serveur.
Henri mit son doigt sur ses lèvres et lui fit un clin d'oeil.
-"Gardons ça secret."
Blaise ricana et lui rendit son clin d'oeil.
-"Un serveur a plus la côte qu'un gars tel que toi." Il lança un regard à Draco qui ne daigna pas répondre.
-"Il est fiancé." Argua Henri et Blaise leva les mains en l'air.
-"Navré, j'oubliais qu'il avait déjà trouvé son âme sœur. N'est-ce pas ?"
-"T'es ici pour quoi, au juste, Blaise ?"
Il y eut un silence et Draco se tourna vers lui, reposant sa tasse vide.
-"Qu'est-ce que tu essaies de faire ?"
Il n'attendait pas particulièrement de réponse, c'était simplement un reproche.
Blaise le regarda, longuement, avant de soupirer.
-"J'essaie de t'aider, mec." Il prit sa paille et la fit tourner dans son verre. "Parce que t'es mon meilleur ami et que j'ai pas envie que tu restes comme ça, une âme en peine sur un brancard."
Il baissa les yeux vers la main de Draco qui venait de soudain se tendre, ses veines ressortant tandis qu'il serrait son café.
-"Je te fais pitié." Conclut alors le garçon sans le regarder.
Henri détourna le regard, s'occupant de nettoyer les verres sales avec sa baguette sous le comptoir.
-"Draco-"
-"T'en fais pas, je vois." Son ton amer ne laissait paraître aucun doute quant à la façon dont il digérait la vérité.
-"Je te prends pas en pitié." Blaise tenta de se rattraper. "Mais tu veux rester tout seul comme pour te punir alors qu'on était tous là, Draco. À la bataille."
Il déglutit, regardant son café vide.
-"Mais tu ne l'as pas, toi."
Blaise fronça les sourcils.
-"Quoi ?"
Draco lâcha soudain sa tasse et releva sa manche, dévoilant son avant-bras avec un empressement presque pathétique.
-"Tu n'en es pas un, Blaise !" Hurla-t-il sans savoir s'il était énervé contre le garçon ou contre lui-même.
Henri regarda la marque, presque effacée, sur l'avant-bras du garçon.
La marque des ténèbres.
Une goutte de sueur perla sur le front du garçon aux cheveux blond, et il remit sa manche avant de soupirer et de détourner le regard, laissant Blaise coi.
-"Joli, le tatouage."
Il releva les yeux vers Isabel qui s'installait.
-"Tu l'as fait quand ? On dirait qu'il part."
Il se figea, se rendant compte qu'elle l'avait vu.
-"Mêle-toi de tes affaires."
Moldue, aurait-il voulu ajouter, mais Henri le fixait déjà assez mal et il ne voulait pas se faire renvoyer du bar qu'il affectionnait tant.
À une heure pareille, il était vide, justement.
Normalement. Il n'y avait que lui, Henri qui lui servait son café, et les rats qui se baladaient entre les tables, au fond de la salle.
-"Vous avez rien à faire, pour venir ici en plein après-midi." Ricana-t-elle en s'asseyant.
Draco la toisa.
-"Je pourrais dire la même chose de toi."
-"Je ne fais que passer pendant ma pause, je viens voir Henri." Elle lui fit son sourire le plus condescendant et Henri s'approcha d'elle.
Elle le prit par la cravate et lui murmura quelque chose à l'oreille.
Immédiatement, un léger sourire s'étira sur les lèvres du garçon, et il hocha la tête lorsqu'elle le lâcha.
-"Parfait."
Elle eut un sourire et lui fit un clin d'oeil.
-"Ramène tes amis, si tu veux."
-"Compte sur moi."
Elle s'apprêta à repartir mais regarda Draco qui toisait son ami.
-"J'aime beaucoup le serpent." Avoua-t-elle en souriant légèrement. "Je me serais fait la même chose, si j'avais le droit de le faire."
Elle referma la porte et sortit dans la rue, reprenant le chemin vers l'hôpital.
Il y eut un lourd silence, dans le bar.
-"Vous deux." Henri leur fit un léger signe de tête. "Demain soir, vous venez avec moi."
Blaise demanda de quoi il parlait, et Draco refusa immédiatement lorsqu'Henri leur parla d'une soirée dans la maison des parents d'Isabel.
Chez des moldus, il ne pouvait pas tomber plus bas.
-"Réfléchis, crétin." Blaise lui donna une tape sur le crâne. "Si le ministère te voit trainer un peu avec des moldus, il en conclura que tu as fini ta punition et que tu es digne de revenir parmi nous !"
Il écarta grand les bras comme s'il venait, pas son raisonnement, de le sortir de prison.
Mais Draco ne daigna pas lui répondre et paya son café avant de se diriger vers la sortie.
Il en était hors de question. Qu'il reste dans cet appartement miséreux jusqu'à son mariage, tant qu'il ne s'abaissait pas à parler et sympathiser avec des moldus. Surtout dans le genre stupide de celle qui n'arrêtait pas de gâcher ses journées. Provoquer des bagarres, de rendez-vous à son serveur, les inviter chez elle, elle n'avait fait que l'énerver depuis qu'elle avait franchi le seul de ce bar quelques semaines auparavant.
*****
-"T'es venu avec le pote du blond -" elle eut une pause. "Sans le blond ?"
Henri se gratta l'arrière du crâne, debout sur le seuil de la porte de la grande maison.
-"Ouais, il n'aime pas trop les fêtes."
Elle toisa l'homme à la peau noire qui préparait son sourire dans un coin du jardin et prenait des pastilles à la menthe.
Elle roula des yeux, invitant Henri à entrer, et descendit les marches pour s'approcher du garçon.
-"C'est quoi, ton prénom ?"
Il se tourna vers Isabel et lui fit un clin d'oeil.
-"Blaise Zabini, pour vous servir."
Elle eut un sourire suffisant et prit son col avant de l'attirer vers elle, ses lèvres à quelques centimètres des siennes.
-"Si tu m'insultes une nouvelle fois, que ce soit de moldue ou autre, je te renvoie en petits morceaux à ton petit copain au tatouage. C'est compris ?"
Il pouvait sentir sa respiration saccadée même au travers de ses vêtements, et eut un hochement de tête.
Elle le relâcha alors, reposant son sourire sur ses lèvres humides.
-"Tu peux entrer, je t'en prie."
Elle désigna la porte d'entrée et il ne se fit pas prier.
VOUS LISEZ
𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]
FanficLa guerre, destructrice, laisse derrière elle un goût amer de vengeance inachevée. Et si pour certains la victoire se fête, d'autres préfèrent se terrer pour ne pas montrer l'humiliation que la défaite leur avait causé. Un petit bar, entre Élise et...