~Fifty-two

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Tes yeux m'apportaient une étouffante sensation de chaleur, et je ne savais pas si c'était parce que tu risquais de me bruler les ailes ou si c'était parce que tu réchauffais mon cœur froid dans les nuits les plus sombres.

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-"Bon anniversaire."

Son père eut un tendre sourire brisé, la regarda souffler ses bougies sur son gâteau sec.

-"Tiens, je t'ai acheté quelque chose."

Il attrapa quelque chose, dans la pièce éclairée du matin, Isabel encore en pyjama.
Il lui tendit le cadeau, dont elle déchira le papier.

Elle ne sut que dire, ne dit rien, regarda le présent les étoiles dans les yeux.

-"Ta mère les aimait." Chuchota son père en sentant sa gorge se serrer.

Elle sortit de sa boite d'antan un collier de perle et une paire de boucles d'oreille en saphir qui se mélangeait à la couleur de ses yeux.

-"Je préfère que tu les gardes, je ne veux pas les abîmer." Elle les lui tendit mais il refusa.

-"Ils iront mieux sur toi que dans leur boîte poussiéreuse."

Elle se mordit la lèvre inférieure, hocha la tête.

-"Merci." Chuchota la jeune femme.

Elle les rangea, précieusement, dans leur boîte, et commença à leur couper des parts de gâteaux.

Ils mangèrent, en silence, Isabel jetant des regards à son père, son père fixant son assiette comme si c'était la chose la plus passionnante qu'il n'ait jamais été donné de voir.

Elle rangea, nettoya la table, partit s'habiller. Descendit les grands escaliers, s'arrêta presque devant la chambre de sa mère, se tourna vers la porte entrouverte.

Puis passa devant sans rien faire, le cœur serré.

-"Tu ne veux pas rester une nuit de plus ?"

Son père s'approcha de la porte d'entrée où elle se tenait.

-"Je dois retourner travailler, demain." Elle eut un sourire malingre. "Je repasserai le mois prochain."

Elle avait l'impression, dans cette grande bâtisse, dans cette maison d'enfance, n'être qu'une toute petite chose.

Elle voulait se fondre dans les bras de son père, lui avouer tout ce qu'elle traversait, la peur qui la prenait aux tripes. La peur de mourir.

Il l'aurait rassuré, l'aurait enlacé, lui aurait promis que rien ne pouvait se passer tant qu'elle resterait dans cette maison, jardin d'enfance, jardin d'antan.

Mais elle n'était pas une enfant, et lui n'avait plus la force de la rassuré dans ses yeux si étrangers, si loin déjà de ce qu'il avait été.

-"Je t'attendrai." Il hocha vivement la tête et lui ouvrit la porte, la laissa sortir.

Lorsqu'elle s'assit dans sa voiture, qu'elle le salua de la main, qu'elle mit en route le moteur et que sa voiture quitta la demeure, elle sentit un vent, froid, glacial, envahir son cœur.

Elle était sortie de son jardin.

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-"Je suis rentrée."

Elle ne savait pas si elle parlait à son congélateur, sa plaque de cuisson ou sa plante sèche mais referma néanmoins la porte de son appartement, après avoir garé sa voiture en bas de l'immeuble.

Elle alla d'abord mettre ses courses au réfrigérateur et commença à arroser ses pauvres plantes, avant de commencer à s'avancer vers la porte pour enlever ses chaussures.

Elle s'arrêta soudain, tandis qu'elle commençait à les enlever.

Il lui semblait que son fauteuil avait bougé, depuis qu'elle était partie. Un de ses pieds frôlait le tapis alors qu'elle le plaçait toujours en arrière pour ne pas qu'ils abîment son tapis. Et tandis qu'elle y pensait, il était vrai que les coussins de son canapé étaient enfoncés, comme si on s'était assis dessus.

Elle voulu appeler le prénom de Barbara au cas où elle était venu lui faire une surprise, mais se rendit compte que Barbara ne pouvait pas être là puisqu'elle était en weekend avec Henri.

Quelque chose se tordit, dans son estomac.

Et si c'était lui ?

Et si c'était Draco.

Elle attrapa ce qu'elle pouvait, l'anxiété commençant à monter, serra sa lampe dans sa main.

-"Ça ne te servira à rien."

Elle tourna la tête autour d'elle, cherchant la provenance de la voix mais elle n'était que souffle, immatérielle. Personne n'était là.

-"Au-dessus, moldue."

Elle ne leva pas les yeux. N'eut pas la force de le faire, parce que cette voix était pire que tout autre.

Cette voix lui était inconnue.

Prise d'un élan soudain de survie, elle ramassa sa chaussure qu'elle enfila à moitié, laissa tomber la lampe et ouvrit la porte à la volée, ne pensant pas à la refermer, dévalant les escaliers sans même comprendre ce qu'elle faisait.

Elle courut, dans la rue, seule un soir d'automne, alors que la rentrée scolaire venait de reprendre, que les élèves rentraient chez eux, fatigués des cours qui venaient de reprendre. Elle sentit le vent du Nord se lever lentement, la pousser en arrière comme pour l'attirer vers l'immondice qui la suivait.

C'était différent. Différent de ce que quiconque aurait pu ressentir en se faisant poursuivre par quelqu'un. Parce que, justement, ce n'était pas quelqu'un qui la poursuivait. C'était quelque chose. Alors est-ce que courir était réellement utile ? Ne pouvait-il la tuer d'un simple revers de la main, d'un simple lever de doigt ? Ses jambes lui faisaient mal, elle sentait sa cage thoracique se resserrer, son souffle s'accélérer, elle aurait voulu crier au secours mais ça n'aurait servi à rien ; qui pouvait se mesurer à lui ? Elle n'osa se retourner, de peur de voir son visage, la forme de son corps, ses yeux luisants dans la nuit. Son visage trop près du sien.

Elle tourna, sembla comme attiré vers une rue qu'elle ne connaissait même pas.

-"Ne fuis pas." entendit-elle murmurer au loin mais pourtant son souffle caressa son échine qui se redressa.

Elle redoubla la cadence, poussa un jeune garçon qui tenait son sac à dos, épuisé d'une dure journée.

Et finalement s'arrêta, sentant son cœur se bloquer.

Elle s'avança, frôla le mur face à elle en quête d'une sortie, d'un passage.

-"Trouvée."

Elle se tourna, dos au mur, fixa la silhouette qui s'avançait, sentant ses mains trembler près de son corps.

L'impasse où elle s'était menée semblait se restreindre, comme si l'entièreté du monde n'attendait plus que le moment où il utiliserait sa magie pour la tuer d'un coup sec, comme lorsqu'on enlève une écharde de son pied : rapidement, unilatéralement. Définitivement.

La silhouette s'arrêta, à quelques mètres d'elle. Elle avait du mal à déglutir, sa gorge était sèche et pourtant humide. Elle se sentait vide et pourtant si pleine.

Le 10 septembre de l'année 1998, dans une impasse des rues de Londres, tandis que le soleil avait depuis peu cédé sa place à la lune, qui brillait haut dans le ciel comme berçant ses enfants de sa tendre lumière, Isabel Leigh ressentit, pour la toute première fois, le sentiment étouffant, vorace, qu'elle n'allait pas s'en sortir.

Elle allait mourir.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant