~Twenty-nine

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-"Vous êtes dès à présent en état d'arrestation pour complot avec les adeptes Mangemorts."

Un policier leva sa baguette pour attacher le sorcier qui se débattit, clamant son innocence.

Draco le fixa sans une once de regret, à deux pas de lui, les yeux dans les yeux.

-"Merci de votre travail, Monsieur Malfoy." Un des policiers s'inclina légèrement et Draco hocha vaguement la tête.

-"Quand a lieu le procès d'Astoria Greengrass ?" Demanda-t-il faussement nonchalant.

Le sorcier se racla la gorge.

-"Je n'en sais rien, mais les procès commenceront d'ici la semaine prochaine."

-"Bien."

Draco les laissa partir, s'en allant à son tour de la ruelle étroite qu'il détestait tant, les mains dans ses poches, laissant son souffle glaciale réchauffer l'air ambiant.

-"Un café."

Il entra dans le bar et s'assit confortablement à sa place habituelle, n'ayant pas envie de retourner chez lui.

-"Tu racontes des bêtises, Isa'." Barbara eut un soupir, assise au fond de la salle avec Isabel à demi allongée sur la banquette.

Draco fut étonné de la voir si vite sur pied mais ne dit rien, se contentant d'attraper sa tasse pour en humer le parfum envoûtant, sa journée éprouvante l'ayant épuisé.

-"Je suis certaine que tous ces meurtres sont reliés. Théo, la gérante du petit magasin avenue Fox, tous les autres. Moi."

Isabel eut une grimace et se rassit plus confortablement, pointant du doigt ses dossiers éparpillés sur la table.

-"Il y a quelque chose d'étrange, dans tout ça. On dirait presque qu'ils sont morts d'un coup." Elle semblait chercher ses mots, perdue dans sa folie. "Comme par magie. Tu comprends ?"

La tête d'Henri se releva au même instant que celle de Draco, à l'opposée de la pièce pleine, et le silence se fit dans le bar.

Les habitués, normalement bruyants, se fixèrent sans un mot, l'air de se demander quoi faire.

-"Tu racontes n'importe quoi." Barbara eut un soupir, las, et attrapa toutes les feuilles pour les ranger n'importe comment dans les dossiers et les poser sur la banquette. "La mort de Théo était simplement trop violente pour toi, je comprends. Mais ne t'invente pas des raisons imaginaires pour expliquer ce que tu ne peux pas."

-"Je ne peux pas encore." Réfuta Isabel en attrapant ses dossiers. "Tu verras. Je te prouverai que quelque chose ne va pas."

Elle se leva, rangeant ses dossiers dans son sac, grimaçant en appuyant sur sa tête qui la lançait.

-"Reviens t'asseoir." Demanda Barbara en soupirant. "Isa' je t'en prie, on en reparlera plus tard."

-"Laisse tomber." Isabel reprit contenance et lui sourit. "Je vais rentrer me reposer."

Elle s'avanca entre les tables silencieuses et entendit presque les mouches voler, ouvrant la porte pour la claquer derrière elle.

Barbara croisa le regard d'Henri qui lui intima d'aller la rattraper et elle se leva, prenant ses affaires pour finalement partir à sa poursuite.

Le bar resta silencieux, quelques instants.

-"Je vais m'en occuper." Promit Henri en leur souriant. "Elle ne peut de toute façon pas deviner la vérité."

Les meurtres perpétrés des moldus. Tout le monde le savait, personne n'en parlait. Parce que ça ne servait à rien, et que ça leur rappelait de trop mauvais souvenirs. Ils avaient tous abandonnés leurs masques de fer pour revêtir une parfaite image de citoyen sorcier modèle. C'était leur passé et ils ne voulaient pas en reparler.

Draco reposa sa tasse, l'ayant terminé. Il se leva, déposa les pièces sur le comptoir.

Et partit.

                              *****

-"Maman."

-"Mint."

Ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas entendu, ce surnom.

Elle eut un sourire, s'asseyant à son chevet dans sa grande chambre aux rideaux entrouverts.

Elle attrapa sa main froide, la glissant dans les siennes pour tenter vainement de la réchauffer.

-"Comment tu vas ?" Demanda la jeune fille d'une voix douce.

Sa mère esquissa un sourire sur ses lèvres gercées.

-"Mieux depuis que tu es là." Promit-elle. "Et toi, Mint ?"

Elle sentit sa main froide tenter de serrer les siennes.

Isabel jeta un coup d'oeil à la porte fermée derrière laquelle se tenait certainement son père, debout dans l'ombre.

Il ne l'avait pas prévenu, pour l'hospitalisation d'Isabel, parce qu'il ne voulait pas qu'elle s'inquiète.

-"Tout va bien." Isabel eut un sourire et se rapprocha légèrement, assise sur le bord du lit. "Tu ne devrais pas te surmener comme ça, tu sais que tu attrapes vite de mauvaises maladies."

Sa mère hocha la tête lentement, comme entendant les mêmes remontrances depuis des décennies.

-"Je suis désolée. Je vais aller mieux. J'arrêterai de trop travailler."

Comme une petite fille promettant à sa mère d'être sage, la femme eut un sourire en voyant sa fille tapoter sa tête, contente d'elle.

-"Bien. Je vais aller te chercher de la soupe."

Isabel lâcha sa main, ressentant les siennes se réchauffer au contact de l'air tandis que la sienne se refroidit instantanément. Elle se leva du lit, qui grinça, et marcha jusqu'à la porte avant de la refermer derrière elle.

Elle s'arrêta un instant, fixant son père qui alla chercher de la soupe à la cuisine, et finit par abandonner son chevet pour retourner dans ce qui fut jadis sa chambre, avant qu'elle ne quitte la maison.

Elle se tint la tête, grimaçant de douleur.

-"Attention !"

Les voix se mélangeaient dans sa tête et elle avait du mal à les distinguer.

-"Avada Kedavra."

Ces mots n'avaient pas de sens et s'entremêlaient en une cacophonie sifflante qui l'insupportait. Que disait-il réellement, ce meurtrier qui les fixait ?

Elle s'affaissa sur le sol, adossée vaguement à son lit parfaitement fait, la tête entre ses mains.

-"C'est elle."

Non, pas elle. Pitié, pas elle.

Tout sauf elle.

Laissez-la tranquille, elle voulait simplement rentrer chez elle.

-"Tue l'autre."

Non, ne le tuez pas.
Pourquoi elle, pourquoi lui ? Pourquoi pas d'autres ?

Parce que c'était ainsi. Parce que ça avait été d'autres, avant, et que c'était eux, maintenant. Tout comme c'en serait d'autres, après.

Elle eut une grimace, gémissant, ses yeux se tordant sous ses paupières.

Leurs morts. Elle devait savoir comment ils étaient morts.

Savoir pourquoi elle n'était pas morte, elle.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant