~Fifty-six

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L'amour n'avait pas de sens sans toi, la vie n'avait pas de sens sans nous.

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-"Où est Draco ?"

Henri leva les yeux vers Isabel qui venait d'entrer dans son bar.

-"Pourquoi ? Tu veux le vendre à la police ?" Il leva un sourcil et elle roula des yeux.

-"Quelqu'un est venu pour lui, hier, je voulais simplement savoir s'il allait bien."

Il leva le sourcil qu'il avait froncé et elle tiqua avant de lui donner un coup d'épaule.

-"Réponds-moi."

Il haussa les épaules.

-"Je ne sais pas, je ne l'ai pas vu aujourd'hui."

Elle gonfla sa joue, soupira.

-"Bien, merci."

Elle devait aller chez lui. Que c'était humiliant, après avoir cru tant le haïr.

Henri la regarda partir, puis esquissa un léger sourire.

-"Tu peux sortir de là." Il tapa contre la porte de l'arrière-boutique et Draco sortit, rehaussant sa veste, le fixant en remettant ses cheveux en place d'un air mauvais.

-"Un seul mot, et je te tue. C'est clair ?"

Henri haussa les épaules, faussement innocent, et Draco eut un soupir, relâcha ses épaules.

Que c'était humiliant, après avoir cru se ficher d'elle, de devoir se cacher d'elle. 

-"Il faudra bien que tu prennes une décision." Henri le fixa, attendant qu'il réponde. "Ce que Malcolm t'a dit, tu ne penses pas qu'il le mettra à exécution ?"

-"Et alors ? je ne vais pas sacrifier mon futur retour chez les sorciers pour cette moldue."

Mais même pour lui, tout cela sonnait faux, comme une musique mal accordée.

-"Si tu le dis." Henri roula des yeux et partit s'occuper de ses verres à nettoyer.

Draco sortit, finalement, du bar et retourna chez lui. Il grimaça, attendit de voir si elle était là, attendit dans une allée pour voir si elle sortait de son immeuble. Elle en sortit, après quelques minutes. Il vérifia qu'elle quittait la rue, puis s'engouffra chez lui, la honte aux pieds.

Il sortit ses clefs, commença à faire grincer sa porte d'entrée, entra.

-"J'en étais sûre."

Il se figea, déglutit en reconnaissant la voix.

-"Qu'est-ce que tu trafiques, avec cette moldue ?"

Il ferma sa porte, leva les yeux vers Pansy qui attendait sur son canapé.

-"Elle n'a pas arrêté de toquer, j'ai cru que j'allais devoir la faire partir moi-même."

Il enleva ses chaussures et sa veste, commença à se faire un thé.

-"Draco, ne m'ignore pas."

Il ne l'ignorait pas. Il ignorait sa question, parce qu'il n'en connaissait pas la réponse.

-"Elle à l'air d'être respectable." Commença alors la jeune femme en sirotant le café qu'elle s'était fait. "Elle s'habille plutôt bien, même si elle porte toujours le même haut."

-"Elle est en deuil." finit-il par dire sans la regarder, continuant d'être affairé. "C'est le haut de sa mère, je crois."

Pansy ne dit rien, le fixa, regarda ses mains trembler sur la machine, ses lèvres se pincer.

-"Draco." son ton se fit plus doux, plus tendre, plus piteux. "Tu sais que c'est mal."

Elle avait pitié de lui. Elle le connaissait depuis tellement longtemps qu'elle connaissait le moindre de ses gestes, le moindre de ses crispations. La moindre de ses pensées.

Elle savait ce qu'il se cachait, derrière sa carapace. Elle ne voulait pas qu'il se brise, comme un vase de porcelaine au contact du carrelage.

Elle ne voulait pas voir sa carapace s'effriter, parce qu'il en avait besoin pour résister. 

-"Pour qui me prends-tu, sérieusement ?" Il souffla. "Je suis un Malfoy, Pansy."

-"Non." Elle pencha la tête, attendit qu'il lève enfin les yeux vers elle. "Tu n'en es pas un, justement. Tu es Draco, et c'est ça qui m'inquiète."

-"Laisse-moi me gérer seul. Je n'ai pas besoin de ta fausse pitié."

-"Je me sens responsable de toi." s'offusqua-t-elle.

-"Je ne suis pas un gamin."

Il posa sa tasse sur le plan de travail, à fleur de peau.

-"Tu en es un, Draco." Elle soupira. "Tu ne gères ni tes émotions, ni tes sentiments, ni tes pensées. On ne t'a jamais appris à le faire et maintenant tu risques de sérieusement de blesser."

-"Pourquoi est-ce que tu te sens obligé de me faire la morale comme si j'étais ton enfant ?" Il se retint de crier mais elle vit ses mains se crisper sur sa tasse.

-"Parce que je t'aime, Draco." Elle se leva, le regarda droit dans les yeux. "Je tiens à toi, comme tout le monde chez les sorciers. Penses-tu que tes parents seraient d'accord avec ça ? Avec ce lien que tu entretiens ?"

-"Il n'y a aucun lien."

La tension se calma, dans l'air. C'était stupide, Draco faisait la forte tête avec tout le monde mais ne pouvait rien faire contre elle.

-"Aucun lien." répéta le garçon en se braquant.

Pansy le détailla, sa main passant nerveusement dans ses cheveux, ses yeux se baladant autour de son verre, ses épaules se rétractant. Elle eut un long soupir, se rasseyant.

-"Bien." murmura-t-elle en reprenant sa tasse. "C'est bien."

Peut-être que Draco l'avait oublié, mais son immeuble était, somme toute, mal isolé.

Et Isabel soupira, collée à la porte d'entrée.







𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant