~Nineteen

429 42 156
                                    

Draco reposa la lettre, se pinçant l'arête du nez.

"J'ai trouvé quelqu'un qui saura peut-être t'aider. Je te donne son adresse, envoie-lui un hibou."

Il chercha du papier et une plume, trouvant finalement ce qu'il désirait et commença à écrire sa lettre, cherchant les mots appropriés pour ne pas trop en révéler au cas où son hibou se ferait intercepté.

                             *****

Isabel embrassa ses parents et quitta la demeure familiale, retournant dans son appartement londonien qui lui avait tant manqué depuis plusieurs jours, ayant dû rester au chevet de sa mère durant sa convalescence.

Elle prit sa voiture et enclencha le moteur avant d'appuyer sur la pédale, ouvrant toutes les fenêtres pour sentir l'air frais s'engouffrer dans chaque parcelle de sa peau et entre ses mèches de cheveux.

-"Isa !"

Isabel eut un sourire, s'arrêtant sur le bord du trottoir en ouvrant la portière passager.

-"Monte." Elle désigna le siège vide et Barbara s'y engouffra, posant son sac sur la banquette arrière.

-"Je pensais que tu ne rentrais pas avant plusieurs jours."

-"Ma mère va mieux, je ne vais pas rester éternellement dans ce trou à rat."

Barbara roula des yeux et ne dit rien. Le trajet se déroula en silence, seulement rompu par la musique sur la radio, sur laquelle Isabel faisait bouger ses épaules en rythme en souriant bêtement comme une grande enfant.

Finalement elle arriva devant son immeuble et gara sa voiture quelques rues plus loin, enlevant la clef pour arrêter le moteur. La radio se tut, le silence se fit.

-"Tu veux venir boire un coup ?"

Barbara se tourna vers Isabel, attendant sa réponse.

-"Henri est de service." Ajouta-t-elle comme si ça changeait quelque chose.

Isabel ne dit rien, regardant la pluie frapper les vitres fermés, tentant de déterminer quelle goutte gagnerait la course.

-"Je vais y aller, je suppose." Souffla la rouquine en ne recevant aucune réponse.

Elle ouvrit sa portière, se leva et la claqua derrière elle, faisant trembler la voiture. Fixant sa vitre, Isabel la vit la regarder longuement sans savoir qu'elle l'apercevait dans le reflet de sa vitre, son langoureux regard nostalgique lui donnant la nausée. Puis finalement elle partit, sous la pluie, le parapluie ouvert protégeant ses cheveux fraîchement coiffés.

Elle la vit, dans le rétroviseur, le fermer et entrer dans le petit bar mal éclairé d'une rue malfamée.

Puis elle ouvrit sa portière à elle et sortit, la refermant lentement, sentant les gouttes d'eau qui avaient choisi de ne pas se courser sur sa vitre rouler sur son front jusqu'à l'arête de son nez pour aller s'écraser sur ses lèvres bleutées.

Elle rangea ses clefs dans son sac et traversa la rue déserte, s'éloignant de la petite voiture sombre, claquant ses chaussures dans les flaques croupissantes dans lesquelles les chats errants venaient chercher un peu de réconfort.

Elle revint sur le trottoir, sentant soudain son dos se tremper alors qu'une voiture venait de l'éclabousser, ses cheveux collant à son visage pâle sous la lumière berçante de la lune assoupie.

Son regard baissé sur ses chaussures trempés n'eut pas le courage de lever les yeux vers les lumières chaleureuses accrochées pour préparer Noël, décorant les petits magasins et redonnant vie à la rue étroite et sale.

Elle passa devant le bar, ne daignant tourner la tête pour voir Barbara rougir en enroulant une mèche autour de son doigt tandis qu'Henri lui faisait un cocktail spécial rien que pour elle.

La porte s'ouvrit alors à la volée, et elle n'eut le temps que d'entendre le bruit singulier de la cloche se mettre à tintinnabuler avant qu'elle ne se fasse bousculer par quelqu'un, violemment.

Elle vit soudain le monde lentement se dérober sous elle et s'écraser dans le ciel. Ou peut-être était-ce elle, qui s'écrasait.

-"Attention."

L'image se stoppa, et les couleurs reprirent leur vivacité d'antan, le ciel retournant au ciel, la terre à la terre.

Elle se tourna vers la poigne qui tenait son bras, relevant finalement les yeux de ses chaussures trempées pour les poser sur la chevelure blonde du garçon qui venait de la rattraper.

Il n'y eut pas de mot, pas de sons, pas de parole.

Il la fixa, se forçant à ne pas baisser le regard sur son ventre, et en oublia de lâcher son bras.

-"T'es pas trop secouée ?" Il grimaça. "J'espère que tu vas pas gerber."

Elle roula des yeux et il la lâcha alors, mais - maladroite qu'elle était- elle se prit le pied dans l'autre et chuta de nouveau, cette fois rattrapée de justesse par un autre homme, dont la chevelure rousse n'avait d'égale que les deux émeraudes qui brillaient là où devaient se trouver ses pupilles.

-"Tiens donc." Il eut un léger sourire et la releva, posant sa main sur sa taille. "Enchanté, mademoiselle."

Il jeta un regard mesquin à son acolyte blond qui détourna le regard, claquant sa langue contre son palais.

-"Vous vous connaissez ?" Demanda-t-il, curieux.

Isabel fronça les sourcils, ne comprenant pas la tournure des évènements. Elle avança d'un pas pour qu'il la lâche et se tourna face à lui, sentant l'épaule de Draco près de la sienne.

-"Il s'amuse à rester collé à ma vie." Elle eut un sourire faussé. "C'est un fugitif, vous savez ? Il s'est échappé de prison depuis peu."

Le rouquin eut un rire à peine caché et se tourna vers Draco.

-"Tiens donc, vous m'en direz tant."

-"Dégage de là, Weasley. Estime-toi heureux que je t'ai accordé de mon temps."

-"J'en suis honoré." Il s'inclina et s'approcha d'un pas avant de murmurer à l'oreille d'Isabel. "Ne te fie pas à son joli minois, il n'aime personne excepté lui-même."

-"Ça tombe bien." Lui répondit Isabel sur le même ton. "Je ne comptais pas être aimé."

Il eut un sourire et inclina la tête en sa direction, lui souhaitant bonne nuit avant de disparaitre dans la nuit.

Devant l'éclairage du bar, Isabel fronça alors les sourcils en levant les yeux vers le ciel.

Il avait cessé de pleuvoir.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant