𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]

~Prologue

Se lever du lit.
Avancer vers les fenêtres.
En ouvrir les volets.
Faire son lit.
Aller à la cuisine.
Prendre un bol de céréales et du lait.
S'asseoir sur la table à manger.
Nettoyer le bol et le remettre dans le tiroir.
S'habiller.
Se coiffer.
Se brosser les dents.
Et s'allonger sur le canapé.

Ce fut une des rares journées où, étonnement, il n'avait pas envie de faire cette dernière tâche.
Après s'être brossé les dents, il était sorti faire les courses, le soleil rayonnant dans le ciel sans nuage.

C'était un beau jour.
Il était allé au marché du coin s'acheter de quoi manger pour la semaine, jetant un coup d'oeil aux paquets de dragées qu'il avait tant envie d'acheter - il se retint.
Il salua de la main le vendeur de fruits qu'il croisait souvent dans le bar du coin, et reçut même des carottes gratuites d'une gentille vendeuse qui avait aimé son visage.

C'était des journées comme celle-là qui lui donnait envie de sortir plus souvent dans cette grande ville de Londres.

-"Dégage de là, mangemort."

La nuit noire.
Le voile sombre de la déception honteuse qui s'abattait sur la ville.

Ses cageots tombèrent au sol en une cacophonie bruyante dans un marché soudain silencieux.

Sa cicatrice le démangea, elle qui s'était si bien caché durant le mois qui venait de passer.

La réalité, dure comme le sol qu'il venait de se manger.

Le jeune sorcier ricana, le toisant de toute sa splendeur, les carottes roulants par terre jusque sous les étables.

-"Reste à ta place." Il lui cracha sur la veste avant de repartir comme si de rien n'était, attrapant sa copine qui l'attendait un peu plus loin en riant aux éclats.

Le silence total.

Il regarda autour de lui les passants qui détournaient le regard.

Sa mère avait raison. Il aurait sans doute dû acheter un appartement dans un coin de Londres moldu, et non pas un rempli de sorciers.

Les regards moqueurs, ou ceux honteux des gens qui n'osaient l'aider.

Il se releva de lui-même, essuyant sa veste d'un revers de main rageur et pourtant contraint de se taire par la Vérité que lui-même redoutait.

Il attrapa ce qui restait de ses courses dans un silence qui fit trembler ses membres, et garda les yeux levés en seul signe de fierté, serrant ses cageots de pomme dans ses mains veineuses.

Dignité.
Respect.
Fierté.
Pouvoir.

Ses épaules s'abaissèrent et il se faufila lentement entre les étales pour tenter de partir de ce marché qui ne cessait de le toiser, le dos recourbé, le regard fuyant.

C'était des journées comme celle-là qui lui donnait envie de rester plus souvent dans son petit appartement de Londres.

                           *****

-"Je t'ai envoyé par courrier les différents postes auxquels tu peux postuler, j'ai même eu Harry au téléphone qui m'a dit qu'une place s'était libéré au ministère."

Draco écrasa son mégot sur le rebord de sa fenêtre, accoudé debout face aux rues de Londres qui s'étendaient en contrebas.

-"Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'aide de la part de Potter."

Il posa le téléphone filaire pour aller chercher une nouvelle cigarette dans la poche de sa veste, posée à côté sur le canapé.

-"Blaise m'a dit qu'il y avait un poste à la banque." Dit alors sa mère au téléphone.