Ce fut le moment où ma raison de rester n'était pas suffisante pour m'empêcher de partir.
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-"Madame."
Isabel leva sa main, la maîtresse l'interrogea.
-"Je suis toute seule pour le travail de groupe."
La maîtresse tourna la tête, chercha un groupe avec qui elle pouvait se mettre.
-"Je veux bien être avec elle." Se désigna une rouquine. "Je suis seule aussi."
Elle se tourna vers Isabel, eut un sourire avec ses dents écartées.
-"Je m'appelle Barbara, mais tu peux m'appeler Barbie." Elle ricana et Isabel eut un rire gênée.
-"Je suis Isabel, mais appelle-moi Mint."
-"Mint ?" Barbara fronça les sourcils. "Non, je préfère t'appeler Isa' c'est plus court."
-"Alors je t'appellerais Barb' parce que Barbie est blonde." Isabel sourit.
Barbara la toisa, quelques secondes.
-"D'accord Isa', ça me va."
Elle tendit sa main, bombant son petit torse pour se grandir et Isabel fixa sa main avant de la serrer, sans savoir que ce serait ce qui, sans doute, les conduirait à une grande amitié.
-"Barb'." Souffla Isabel, les yeux rivés dans ceux de de la jeune femme.
La rouquine eut un sourire, son nez collé au sien, et leva son index pour le poser sur les lèvres de son amie.
-"M-" commença-t-elle à gémir en forçant sur sa gorge. "Merci."
Elle eut un léger sourire, tandis que ses pupilles se grisaient, se vidaient de toute trace de vie.
Et finalement, comme une poupée désarticulée, aux câbles coupés, elle s'effondra sur la jeune femme qui n'eut pas la force de la rattraper, l'esprit encore ailleurs, cherchant le moindre détail qui pourrait infirmer tout ce qu'elle commençait à comprendre.
-"Non."
Elle rattrapa le corps inerte et releva sa tête, tenant ses jours avec ses deux mains fermement serrées.
-"Réveille-toi." Ordonna-t-elle en fixant les deux yeux clos. "Barbara, réveille-toi."
Elle sentit sa voix mourir et se racla la gorge.
-"Attend, attend." Elle renifla. "Attend, attend, attend, non-" elle laissa échapper un gémissement tandis que son visage se déformait en une grimace déchirante. "Non, tu ne dois pas-"
Elle se mordit la langue, souleva son corps, sa taille, la ramena à elle, serra son visage.
-"Reviens, attend-" elle sanglota. "-pourquoi est-ce-que tu-"
Henri se massa les yeux, visiblement contrarié.
-"Ça m'énerve, vraiment. Elle se rend compte que te protéger n'a servit à rien ?" Il tendit sa baguette vers la jeune femme. "Voila, ses efforts se sont envolés."
Mais alors qu'il s'apprêtait à prononcer ces mêmes mots tranchants, Draco fondit sur lui, attrapa sa baguette, roulant dans l'herbe tandis qu'Henri serrait son cou pour se libérer de son emprise.
La bataille reprit. Harry et les autres tentèrent d'en attraper le plus possible, eux qui continuaient leur lutte si désespérément, et seule Isabel demeurait seule, assise dans l'herbe, les yeux embués de larmes, la vision floue, tentant piteusement de ramener celle qui ne pouvait pas revenir.
-"Ce n'est pas-"
Isabel toucha chaque parcelle de sa peau glacée comme en quête de quoi que ce soit pouvant l'aider à retrouver sa couleur d'antan. Elle leva les yeux vers les sorciers qui se battaient.
-"Harry !" Hurla-t-elle désespérée. "Hermione ! Il faut- vous devez la-" mais personne ne l'écoutait. "Blaise !" Cria Isabel plus fort. "Tu dois-"
Sa voix se mourrait et elle n'arrivait pas à la réanimer, elle baissa le regard, essuya ses joues, paniquée, ses mains se baladant dans l'air sans savoir où se poser.
-"Ne pars pas." Supplia-t-elle en laissant finalement ses émotions la submerger, comprenant qu'il n'y avait plus rien à faire d'autre que prier. "Ne pars pas, toi aussi."
Elle laissa échapper un sanglot, puis deux, et les autres s'enchaînèrent, elle attrapa son corps glaciale, le serra contre elle en espérant lui donner un peu de sa chaleur, la berca d'avant en arrière sans savoir si elle tentait de rassurer son amie ou elle-même.
Personne ne se souciait de cette pauvre moldue qui errait seule dans l'herbe sèche.
Personne ne se souciait des moins-que-rien qui malgré tout subsistaient.
Et elle n'avait que ses larmes pour pleurer, elle qui devait supporter les erreurs et les prix des batailles qu'elle n'avait pas demandé.
-"Replis !" Hurla Henri en remontant de la pente dans laquelle ils avaient chutés, Draco à ses trousses.
Comprenant l'ordre, les Mangemorts s'échappèrent en fumée, ceux attrapés par les alliés se faisant ramener au ministère.
-"Papa." Se rappelant soudain qu'il était toujours là, Isabel releva la tête, gardant le corps de Barbara sur ses genoux. "Mon papa !"
Draco remonta, courant derrière Henri.
-"Je l'ai laissé dans l'abri, en sécurité." Dit-il alors en passant devant Isabel.
Il s'arrêta, la regarda longuement, une pointe de pitié dans ses iris.
Henri passa entre les mailles du filet, envoya Ron au loin, désespéré, commença à se transformer en fumée mais un sort d'Hermione le prit au piège, le laissa violemment retomber sur l'herbe.
-"C'est fini."
Les sorciers s'écartèrent, laissèrent la place à Isabel pour que, de sa place, elle puisse le voir reclus, impuissant face à son destin bien trop grand.
Elle serra le corps de Barbara, comme pour lui intimer que sa vengeance était proche.
Henri recula, encore et encore, tandis que Harry s'approchait, baguette en main.
-"Je t'arrête, au nom du ministère de la magie, pour complot, crimes contre l'humanité et appartenance à une secte."
Harry eut une étincelle de victoire dans le regard qui fit Henri sourire.
-"Je ne me rendrai jamais." Henri recula encore. "Du moins pas vivant."
Et finalement, il recula une dernière fois, s'agenouilla, le regard rivé dans celui d'Isabel qui comprit, trop tard, où il était.
Et tandis qu'en un dernier souffle, il s'enflamma, elle se releva d'un même instinct, bousculant Draco, Hermione et ceux qui tentaient de l'attraper, trébuchant finalement, se ramassant le visage dans la boue, levant les yeux impuissants pour apercevoir l'abri brûler, et fatalement, exploser, Henri et son père à l'intérieur.
Son cri fut l'unique chose qui hanta les mémoires de ceux témoins de ce soir-là. Pas les morts, pas les blessures.
Juste le hurlement d'une enfant à qui on avait tout enlevé, tout volé. Le cri déchirant d'une impuissante humaine qui n'arrivait plus à s'arrêter de le rappeler, brûlant les astres, la voie celeste, les nuages qui laissèrent passer des rayons de lumière.
Personne n'osa bouger, n'osa s'avancer, la récupérer.
C'était bien plus que tout ce qu'ils auraient pu faire.
Parce qu'au final, la consoler ne servait qu'à tenter de lui faire oublier que rien au monde ne pouvait les lui ramener.
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𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]
Fiksi PenggemarLa guerre, destructrice, laisse derrière elle un goût amer de vengeance inachevée. Et si pour certains la victoire se fête, d'autres préfèrent se terrer pour ne pas montrer l'humiliation que la défaite leur avait causé. Un petit bar, entre Élise et...