~Eighty

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C'est drôle, je me dis souvent que tu es assez fort pour me retenir et assez intelligent pour me laisser filer.

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C'était son anniversaire.

Il le savait, Barbara l'avait dit à Henri qui l'avait dit à Draco.

Il ne lui avait pas encore souhaité, parce que lorsqu'il s'était réveillé le matin même elle était déjà partie.

Il ne savait pas comment cela marchait ; l'amour. Ne savait pas comment faire, comment parler, comment penser.

Il ne faisait rien d'autre que les cents pas comme un idiot.

Le mois de septembre 2000 était particulièrement tendre, malgré que les arbres avaient déjà dépéris et attendaient patiemment leurs renaissances.

Draco restait dans son grand appartement comme un lion en cage, ne sachant que faire pour s'occuper l'esprit.

Il n'aimait pas les fêtes, les mondanités. Peut-être n'aimait-elle pas non plus.

Elle rentrait le soir, épuisée, alors que lui s'apprêtait déjà à aller se coucher, et il savait que c'était parce qu'elle avait du mal à ne pas penser à ce qu'elle avait commis qu'elle faisait des heures supplémentaires à l'hôpital.

Il soupira, fixa du coin de l'œil le téléphone fixe qui trainait près de sa fenêtre. S4avanca, le saisit, composa le numéro qu'il connaissait déjà.

Le téléphone bipa, dans le silence de la pièce. Et, finalement, quelqu'un décrocha.

-"Ici l'hôpital Sainte Marie, que puis-je faire pour vous ?"

Draco sentit ses épaules s'affaisser et il soupira longuement, le cœur allégé après l'avoir entendu à l'autre bout du fil.

-"Fait en sorte d'être chez moi avant la tombée de la nuit." dit-il alors et il entendit des grésillements, signe que sa magie interférait avec la ligne.

Isabel, à l'autre bout du fil, eut un soupir.

-"Draco." dit-elle alors et il crut entendre son soulagement. "Je voulais faire des heures supplémentaires, aujourd'hui aussi."

-"Avant la tombée de la nuit." répéta le garçon. "Ne m'oblige pas à venir te chercher."

Il voulut dire autre chose, ouvrit la bouche, s'apprêta à parler mais alors le silence se fit, rompu par le signal sonore distinctif de l'appel qui venait subitement de s'arrêter.

Lentement, le regard dans le vide, il abaissa sa main jusqu'à la boite et y reposa le téléphone qui sonna, heureux de se reposer.

Draco sembla reprendre ses esprits, ferma les yeux et se les massa lentement, fatigué.

Elle serait là, il le savait. Elle venait chaque fois qu'il l'appelait.

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Isabel rangea ses affaires, salua ses collègues qui restaient avant de sortir de l'hôpital.

L'hiver approchait, la nuit allait bientôt tombée. Elle descendit les longues marches, se retrouva sur le trottoir, hésita à courir pour ne pas être en retard. Jeta un regard en biais à la ruelle qui raccourcirait son trajet. Elle ressentit immédiatement des frissons parcourir son corps, et elle prit la grande rue avant que son âme ne se mette à trembler.

𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant