~Seventy-five

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J'ai cru, jusqu'au bout, ce que je savait. Mais désormais je ne sais plus.

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-"Ça ne change rien."

Isabel croisa les bras sur sa poitrine, détourna le regard.

-"Je te promet." rajouta Blaise. "Je te demande simplement d'aller le voir. Il t'expliquera tout."

-"Pourquoi est-ce que tu ne veux pas le faire ?" Elle fronça les sourcils. "Explique-moi pourquoi je n'aurai pas du dénoncer un mangemort."

-"Parce que je n'en sais rien, Minty." il eut un sourire presque de pitié et elle s'enfonça plus encore dans sa chaise.

-"J'ai fait ce que je pensais juste. L'aurais-tu laissé faire si tu avais été dans mon cas ?" Elle releva les yeux vers les siens. "Je ne sais peut-être pas grand chose de votre monde, Blaise, mais je sais quand quelqu'un s'est trompé de chemin."

-"Draco n'est pas-"

Il ne sut comment formuler sa phrase, ses sentiments, son instinct. Son voile qui cachait sans doute la vérité qu'il ne voulait admettre.

-"Draco n'est pas comme ça."

-"Il en était déjà un." Elle haussa les épaules. "Ça lui était facile de recommencer."

Il contracta la mâchoire, sentit qu'il n'en tirerait rien de plus. 

-"Nous avons l'autorisation, Pansy et moi, d'aller lui rendre visite à Askaban avant son procès." Il tenta une dernière fois en se levant de la chaise. "Si tu souhaites nous accompagner, nous serons devant la cabine téléphonique de Great Scotland Yard demain à la première heure. Le code, c'est 62442."

Il s'apprêta à sortir, passa sa main sur son crane et finalement se tourna vers la jeune femme qui fixait le vide.

-"Dieu seul sait ce qu'il adviendra de lui après son jugement, Minty. Les sorciers, contrairement à vous, ne crois pas ce qu'ils voient. Ils croient ce qu'ils savent."

Et il partit, sa veste en main tandis qu'elle sentait son estomac se tordre de douleur dans son ventre.  Si elle ne devait croire que ce qu'elle savait, et non pas ce qu'elle voyait, alors elle aurait sans doute fait les choses bien autrement. Mais c'était ainsi  ; elle restait, malgré tout, une moldue.

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-"Nous n'en avons rien tiré." soupira Harry en se massant les tempes.

-"S'il ne vous a rien dit, c'est qu'il ne sait rien." Pansy fronça les sourcils mais Blaise la calma d'une main sur l'épaule.

-"Justement. S'il ne sait vraiment rien, Pansy, crois-tu qu'il resterait silencieux ? Il n'a pas prononcé un seul mot de tout l'interrogatoire, même quand je lui ai promis d'essayer d'alléger sa peine."

Blaise ne dit rien, regarda Harry ouvrir lentement la porte de la cabine téléphonique et les inviter à entrer avec lui.

-"Qu'est-ce que tu fais ?" Pansy regarda Blaise qui ne rentrait pas. "C'est toi qui nous a demandé de passer par ce chemin au lieu de prendre les cheminées. Qu'est-ce que tu attend ?"

Il y eut un silence, rompu par les vrombissements des voitures qui passaient, avant que finalement Blaise ne détache son regard de l'horizon et ne soupire en entrant dans l'étroit endroit.

-"Allons-y." murmura-t-il sans rien dire de plus.

Et tandis que la cabine descendait vers les tréfonds noirâtres des sorciers, Isabel accourut devant celle-ci, essoufflée de s'être dépêchée après avoir cogité toute la nuit.

Elle eut un soupir, regarda la cabine et ses alentours vides. Elle attendit, patiemment, quelques minutes, pensant qu'ils n'étaient pas encore arrivés. Elle jeta quelques coups d'œil au vieux modèle de cabine qui était lamentable, comme si l'on avait fait exprès de la laisser pourrir dans les rues de Londres. Elle hésita, entra, ne sachant que faire comme une pauvre idiote. Elle regarda le téléphone, puis les chiffres à coté. Devait-elle rentrer chez elle ? Elle prit le téléphone en main, peu certaine, puis tapa les numéros que lui avait indiqué Blaise la veille. Le téléphone bipa, rien ne se passa.

Elle eut un soupir, se sentant stupide, reposa le téléphone à sa place et s'apprêta à sortir avant de s'arrêter.

Après tout, puisqu'elle était là désormais, autant tout essayer. Elle rentra de nouveau, tapa le code sans toucher au téléphone, attendit, se sentit encore plus idiote lorsque soudain la cabine se mit à vrombir. Elle s'accrocha fermement à n'importe quoi, comme si c'était l'apocalypse, se laissa glisser sur le sol en se souvenant des consignes de sécurité d'un tremblement de terre, puis le silence se fit.

-"le ministère de la Magie vous souhaite la bienvenue." déclara une voix dans ses oreilles.

Elle ne bougea pas, le visage presque collé au métal du sol, avant que finalement elle ne se relève et ne se racle la gorge. Elle sortit de la cabine, s'arrêta un instant, fixa tout autour d'elle comme si elle se pensait morte et attendue au paradis ou en enfer.

-"Minty."

Elle se retourna, les étoiles plein les yeux, vers Blaise qui la regardait de loin, près d'une immense statue.

Pansy et Harry se retournèrent au même moment et tandis que le regard de l'un s'adoucissait, celui de l'autre se durcit.

-"Tu sais que c'est interdit, d'emmener des mol-" commença à pestiférer Pansy mais Blaise l'arrêta d'un regard avant de tendre sa main vers Isabel au loin, attendant qu'elle les rejoigne.

Elle n'arrivait pas à le croire.

C'était une vaste salle à l'architecture et à la décoration opulente. Sur les murs, elle apercevait des lambris en bois sombre et vernis, et dans lesquels les énormes cheminées aux manteaux d'or étaient aménagées en rangées. Elle baissa les yeux vers le parquet sombre, ciré à la perfection.

Puis les releva vers Blaise, qui se tenait près d'une œuvre immensément imposante se dressant fièrement au milieu du hall. Elle ne pouvait pas manquer le plafond ; incrusté de symboles dorés qui se déplaçaient sans cesse comme des danseurs au centre de leur pièce, elle pouvait presque les sentir se mouvoir avec la grâce d'un ballet musical.

Elle était bel et bien dans un autre monde. C'était à la limite du respect que d'oser se tenir là, chez eux avec ses vêtements bien trop futiles et ses veines bien trop vides de magie.

Mais, elle se tourna de nouveau vers le garçon à la peau noire qui ne lâchait pas son sourire, et sentit son cœur se serrer plus encore tandis qu'elle s'avançait vers lui.

Elle ne savait pas si elle avait fait le bon choix, mais c'était sans aucun doute le plus douloureux.





𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant