Rien n'a jamais été l'histoire d'une coïncidence.
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-"Draco ?"
Le garçon se releva, assis dans son fauteuil, sur ses deux pieds, fixa la jeune femme qui venait de sortir de la chambre, confuse, se grattant les yeux dans sa chemise trop grande.
Elle croisa son regard, écarquilla le sien.
-"Draco ?" Demanda-t-elle cette fois réellement étonnée.
-"Isabel." Souffla-t-il comme de peur de rêver.
Elle avança d'un pas mais il contourna le canapé et se rua sur elle, l'entoura tendrement de ses bras de peur de la briser, son bras passant entre ses cheveux, l'autre dans le bas de son dos, son souffle sur son crâne.
Enfermée comme un oiseau dans une cage de dentelle, elle se laissa faire, ne comprit pas.
Comment était-elle arrivée là ?
-"Je ne comprends pas." Murmura Isabel qui pourtant commençait à comprendre, les yeux tremblants.
Draco se recula, laissa ses mains sur ses épaules.
Il commença à lui dire, épargnant les détails sur sa propre venue, se contentant de lui remémorer ce qu'elle avait vécu.
Il la rattrapa lorsqu'elle s'effondra, en larmes, sur le parquet, son corps entier pris de spasmes qu'elle n'arrivait pas à contrôler, se refusant l'idée d'avoir encore perdu quelqu'un. Il resta assis sur le sol, l'entourant, la protégeant de ses propres pensées acides, la laissant sangloter, hurler, pleurer de tout son soûl, ses soubresauts le faisant bouger en même temps sur le rythme de son deuil.
Il n'allait plus la lâcher.
*****
-"Je n'y suis pas allée."
Barbara fronça les sourcils, ne comprit pas pourquoi Isabel n'était pas allée à l'enterrement de son cousin.
Isabel aperçut son regard et eut un soupir amer.
-"Tu ne comprendrais pas." Murmura-t-elle.
Comment pouvait-elle ? Elle ne voulait pas voir le visage effondré de sa tante tout en sachant que c'était entièrement de sa faute.
Maintenant qu'elle en savait plus, il était évident que c'était les Mangemorts qui avaient orchestrés l'attentat de la seconde tour. La première avait été touché par un avion, mais la deuxième tour ? L'avion ne l'avait pas détruite, elle le savait, elle était là. La première secousse était celle de l'avion, dans la matinée : c'était la deuxième qui avait fait s'effondrer le bâtiment, et cette deuxième secousse n'était pas due à l'avion.
Elle ne savait pas comment, ni pourquoi, mais elle savait que c'était eux.
-"C'est quand même incroyable, que tu t'en sorte presque indemne." Barbara la regarda, assise dans son canapé.
-"Je suis sortie tôt." Isabel esquissa un sourire qu'elle haïssait.
-"Ton pauvre cousin aurait dû te suivre." Barbara soupira, se massa les yeux et Isabel sentit sa gorge s'assécher.
Ou peut-être aurait-elle du suivre son cousin.
Barbara, finalement, partit, et Draco apparut le soir-même, sans rien dire.
Isabel ne lui parla pas, resta recroquevillée dans un coin de son canapé, à fixer le vide, à chercher ce qu'elle ne pouvait plus trouver.
-"Tu veux du pudding ?"
Draco attendit qu'elle réponde puis, voyant qu'elle ne le faisait pas, commença à préparer.
-"Quand est-ce que tu repars chez toi ?"
Il releva les yeux vers elle mais elle ne le regardait pas, n'avait pas bougé, il même cru un instant avoir mal entendu.
-"Je ne repars pas. Je reste à Londres."
Elle fit semblant de rien mais il vut le mince spasme de son visage.
-"Tu restes chez les moldus ?" Demanda-t-elle innocemment.
-"J'ai une raison de rester." Il sortit des casseroles et ustensiles, rompant le silence et la conversation.
Isabel ne dit rien, ne parla pas.
-"Et toi ? Tu restes ici ?" Demanda le garçon en lui tournant le dos pour ouvrir le réfrigérateur.
Elle ne répondit pas immédiatement, et il attendit, le coeur silencieux.
-"Je ne sais pas si ma raison pour rester vaut les autres qui me poussent à partir." Souffla-t-elle et il ne dit rien, écoutant le silence bruyant qui s'était installé.
-"Tu verras bien." Finit-il par dire et il lui posa un plat de lasagne qu'elle admira, un instant, sans rien dire, avant de glisser pour sortir du canapé et attraper les couverts qu'il lui tendait.
Il s'assit en tailleur en face d'elle, la regarda manger lentement d'abord puis de grandes bouchées, eut un sourire en s'adossant aux pieds du fauteuil derrière lui.
Elle avait ces choses qui l'empêchait de détourner le regard, cette façon de vivre, de respirer, de briller même dans la nuit la plus noire.
-"Ne dis rien."
Il fronça les sourcils, la regarda relever les yeux.
-"Je sais ce que tu essaies de faire. Tu veux te racheter pour quelque chose que tu t'apprêtes à faire." Continua la jeune femme d'une voix sans ton.
Il pencha son corps en avant, essuya ses lèvres sales, laissa trainer ses doigts le long de celles-ci sans y oser laisser trainer ses lèvres sur les siennes de peur les déchirer tant il ne semblait pas pouvoir la toucher sans la briser.
-"Pourquoi est-ce que tu penses que je fais ça pour quelque chose ?" Murmura-t-il en penchant la tête, fixant ses lèvres sans jamais s'en séparer. "Je fais ça pour toi."
-"Parce que je te connais." Dit-elle alors et ses lèvres bougèrent sous ses doigts qu'il retira. "Je connais chacun de tes gestes, chacun de tes silences."
Il se recula, finalement, fixa le plafond, le coude sur le genou, la main dans ses cheveux.
Oui, elle le connaissait déjà trop bien.
-"Potter a confirmé des traces de magie dans les décombres des tours jumelles." Finit-il par dire. "Il y avait bien des Mangemorts, ce jour-là."
Elle le savait. Elle le savait et pourtant l'entendre dire lui fit mal.
-"Pourquoi est-ce qu'il voulait encore me tuer ?" Soupira la jeune femme.
-"Ce n'est pas forcément contre toi qu'ils en avaient. Les terroristes visaient les tours, peut-être ont-ils décidé de les aider."
Elle ne dit rien mais il sut exactement ce qu'elle en pensait à sa main serrée sur sa fourchette.
Ils savaient tous deux que ce n'était pas simplement une coïncidence.
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𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]
FanfictionLa guerre, destructrice, laisse derrière elle un goût amer de vengeance inachevée. Et si pour certains la victoire se fête, d'autres préfèrent se terrer pour ne pas montrer l'humiliation que la défaite leur avait causé. Un petit bar, entre Élise et...