Draco n'avait rien trouvé.
Il avait eut beau chercher dans tout l'appartement -qui n'était pas très grand- tandis qu'Isabel s'était endormie, il n'avait rien trouvé.
Pas la moindre piste quant à la raison de cette obsession que les mangemorts semblaient avoir pour elle.
Il avait hésité à rester dormir, pour la surveiller et peut-être surprendre des mangemorts qui viendraient chez elle, mais y avait renoncé, ne se trouvant pas assez désespéré pour dormir chez une moldue - ce qui était ironique en pensant qu'il avait déjà couché avec elle.
Isabel s'était réveillée, le lendemain matin, grimaçant en s'étirant. Puis, étonnée, s'était rendue compte qu'elle se trouvait dans son lit.
Elle en sortit, les pieds nus sur le carrelage froid, et entra dans le salon, les volets et fenêtres grandes ouvertes, ses rideaux voguant sur le vent frais.
Elle tourna la tête vers la cuisine parfaitement propre, l'évier vide.
Elle semblait perdue, comme dans un rêve. Isabel se pinça la joue mais grimaça, la douleur étant bien là.
-"Ouvre, moldue."
Elle se tourna vers la porte d'entrée, confuse, et alla l'ouvrir.
Draco la toisa de haut en bas, soufflant.
-"Tu es encore plus pathétique qu'hier soir." Il sortit un croissant de son sac et le lui mit violemment dans la bouche avant de la pousser pour entrer. "Dépêche-toi de t'habiller, on sors."
-"Je ne veux pas."
Isabel mâcha lentement son croissant, n'en ressentant ni le gout, ni la chaleur, ni la texture.
-"Tu n'as pas le choix."
Isabel pensait qu'il faisait ça pour l'aider, Draco savait que c'était pour l'utiliser.
Comme appât. S'il ne trouvait pas la raison qui les poussaient à la tuer, il les ferait venir jusqu'à lui pour le leur demander. Et il avait besoin d'elle pour cela.
-"Où est-ce que tu veux m'emmener ?" Elle leva un sourcil, ne comptant pas aller s'habiller.
-"Quelque part."
Isabel n'eut pas la force d'en rire et s'assit sur le canapé, terminant son croissant avec difficulté tant elle n'en ressentait rien, vidée.
Draco la regarda en biais, voyant qu'elle ne s'apprêtait pas, et se leva avant de l'attraper par les aisselles pour la porter sur son épaule en sac à pomme-de-terres.
-"Lâche-moi." Elle eut un soupir, la tête en bas.
-"Ne m'énerve pas et garde ta bouche fermée, on va quelque part, habillée ou pas."
Il commença à sortir de son appartement et elle lui donna un coup dans le dos.
-"Très bien, lâche-moi, je vais m'habiller."
Il obéit et la lâcha, Isabel retombant lourdement sur le sol la tête la première.
Elle leva les yeux vers lui sans rien dire, comme un pantin dénué de vie, et alla se changer dans sa chambre, enfiler une salopette au-dessus de sa brassière, des chaussures datant de plusieurs années, cherchant sa brosse avant de se démêler les cheveux avec ses doigts, vaguement, négligemment.
Elle ressortit, Draco ne voyant pas la différence avec avant se tut néanmoins, voyant là une chance de la faire sortir sans avoir à l'attraper - elle n'était malgré tout pas légère et préférait ne pas avoir trop de contact avec des gens de son espèce.
-"Allons-y." Il sortit de l'appartement et elle fit de même, descendant les escaliers la première. Draco regarda la porte encore entrouverte, les clefs de l'autre coté, et eut un soupir avant de l'ouvrir pour les attraper et de la refermer à clef cette fois, les gardant dans sa poche avec les siennes.
Oui, les sentiments moldus étaient complétement différents de ceux des sorciers, eux qui paraissaient toujours si fragiles et se voulaient pourtant si forts avaient ce moment d'absence, lorsqu'ils se rendaient compte de la futilité et de la fugacité d'une vie.
Eux n'étaient pas comme ça : eux avaient appris à vivre avec la dangerosité qu'impliquaient leurs dons, eux avaient vécu dans un sentiment imminent de Mort jusqu'à ce que, quelques années auparavant, elle ne vienne les chercher. Beaucoup d'entre eux avaient péris ; les autres avaient survécu. C'était ainsi, c'était la vie. Draco ne repensait pas à Elisa, à Duncan, à Bellatrix. Draco ne repensait pas à ceux qui étaient morts.
Isabel ne faisait que penser à eux, jour et nuit, et Draco pouvait le deviner sans même utiliser de Legilimancie.
-"Je passe devant."
Draco la poussa pour s'avancer dans la rue et elle le suivit, les mains dans les poches non pas par habitude comme lui mais par défense, comme si cacher ses mains l'aideraient à cacher sa peine.
Draco évita la rue près du bar, prit un détour, pour ne pas qu'elle se souvienne, qu'elle se rappelle. Peut-être, au fond de lui, se sentait-il coupable d'une mort qu'il aurait pu éviter s'il y avait pensé à temps.
Il tourna à gauche, attrapa la manche d'Isabel qui allait traverser sans remarquer que le feu était rouge, finit par la tirer par le bras comme un chiot en laisse dans Londres, ne sachant où aller bien qu'il ait maintes fois affirmé le contraire.
-"Là, assieds-toi."
Il la fit s'asseoir sur un banc, près d'un parc quelconque, et Isabel ne comprit pas, restant sagement sur le banc, perdue sans chercher à se retrouver.
Draco partit, toqua à la porte des toilettes quatre fois puis deux fois de façons rapides, et une trappe s'ouvrit dans celle-ci.
-"J'ai la moldue du nom d'Isabel." Murmura-t-il sans dévoiler son visage.
La sorcière de l'autre coté leva un sourcil.
-"Isabel quoi ?" demanda-t-elle et elle crut un instant qu'il était parti, ne l'entendant plus.
-"Leigh." répondit finalement Draco après avoir hésité.
La sorcière hocha la tête.
-"Je vais voir combien elle vaut et je te le dis." Elle referma la trappe et Draco eut un soupir, adossé à la porte en attendant la chasseuse de prix.
Si quelqu'un pouvait le renseigner quant au prix de cette moldue sur le marché noir sorcier, c'était bien elle.
Un moldu ne valait pas plus qu'un elfe de maison, en temps normal, c'est-à-dire presque rien.
Il vérifia qu'elle était toujours là, au loin sur le banc. Elle balançait ses jambes, trop petite pour toucher le sol, les mains dans les poches, le dos vouté, la tête plongée dans son cou comme pour se protéger de tout et tout protéger d'elle.
Il entendit le cliquetis familier de la trappe et se rehaussa, droit.
-"Je t'en donne 800 000 dollars." murmura-t-elle d'une voix soudaine plus pressante.
Et Draco releva instantanément les yeux vers le banc, désormais vide.
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𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]
FanfictionLa guerre, destructrice, laisse derrière elle un goût amer de vengeance inachevée. Et si pour certains la victoire se fête, d'autres préfèrent se terrer pour ne pas montrer l'humiliation que la défaite leur avait causé. Un petit bar, entre Élise et...