~Sixty-seven

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Je savais que les mondes ne pouvaient se croiser sans s'enliser. Et pourtant, crois-moi, j'ai essayé.

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C'était un beau jour de juin.

Draco ne savait pas quel jour ils étaient, simplement qu'il devait aller réquisitionner encore des sorciers éparpillés dans le Royaume-Uni pour préparer ce que les autres mangemorts nommaient la Grande Revanche.

Il était épuisé. Les jours défilaient, il n'avait même plus la force d'écouter sa conscience, son esprit. Il ne faisait qu'obéir, comme le faisait son père autrefois. Au fond, rien n'avait changé. Il n'avait pas changé.

-"Tu en veux un autre ?"

Il leva les yeux vers Henri et sa tasse de café vide. Il hocha la tête, son ami le servit de nouveau.

-"Où est-ce que tu vas, si tôt le matin ?"

Draco se racla la gorge.

-"Chez mes parents."

Oui, il devait mentir, c'était bien là le problème. Mentir, toujours, comme un boucle infernale.

Il n'arrivait pas à s'en sortir, à s'en échapper, restait le menteur de Serpentard, cette maison lui collait à la peau tout comme sa marque qui le démangeait encore, enfin, comme si tout recommençait. La seule chose qui l'avait forcé à le faire était elle, sa damnation sans qu'il ne sache comment, pourquoi, la simple évocation de son nom semblait provoquer en lui quelque chose qu'il ne contrôlait pas, qu'il ne voulait pas et pourtant qui était bien là.

-"Henri."

Il entendit la voix singulière de Barbara qui entrait dans le bar, alors que le soleil se levait à l'horizon.

Il leva la tête, le garçon du comptoir, attendit qu'elle parle tandis que Draco gardait la tête baissée. Elle ne semblait pas l'avoir remarqué, pressée qu'elle était.

-"Tu peux demander à ton ami si Isa' est chez lui ?" Elle semblait inquiète. "Je sui passée ce matin mais elle n'était pas chez elle."

Henri s'apprêta à répliquer mais Draco fut le plus rapide. Il leva la tête, attrapa son bras pour lui signaler qu'il était là.

-"Elle n'est pas chez moi." répondit-il sur le même ton.

Alors que Barbara allait dire quelque chose, le téléphone fixe du bar sonna.

La jeune femme répondit, poussa un soupir avant de tendre le téléphone à Draco qui le saisit.

-"Tu es là si tôt le matin ?" la voix à l'autre bout du fil souffla. "J'ai appelé chez toi mais tu n'as pas répondu."

Draco se massa l'arête du nez.

-"Tu es dehors à une heure pareille, idiote ?" demanda-t-il. "Qu'est-ce que tu fiches ?"

Elle ne répondit pas immédiatement. Il crut l'entendre sourire, au bout du fil, tandis que es oiseaux chantaient près d'elle.

-"Tu vas travailler, aujourd'hui ?"

Abasourdi par le changement de sujet soudain, Draco n'en laissa rien paraitre.

-"Oui."

-"Bien."

Il sembla qu'elle voulait dire autre chose, mais s'asbtint au dernier moment, laissant le silence remplir la conversation. Il ne restait pas beaucoup de temps avant que le téléphone ne se mette à grésiller, ses pouvoirs de sorciers interférant avec les ondes de l'appareil.

Étrangement, entendre sa voix avait quelque peu apaiser sa journée.

-"Je serais de retour vers dix-sept heures." dit-il négligemment.

Grésillements.

-"Je ne serais pas là."

Il voulut dire autre chose. Demander pourquoi, peut-être.

Mais alors le bruit familier de l'appareil retentit, froid comme l'hiver qu'ils venaient de passer.

L'appel était terminé.

Isabel écarta son téléphone sans fil pour le regarder biper en continu, jusqu'à ce que finalement elle raccroche à son tour, faisant taire l'engin. Elle eut un long soupir, sentit son cœur s'effriter, las. Peut-être était-il énervé, peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait raccroché.

Ça ne faisait rien, de toute façon, elle détestait cette journée.

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-"Joyeux anniversaire, Draco."

Le dit Draco se tourna vers Harry qui lui souriait.

Il s'était changé, après son travail de mangemort, pour assister à la réunion obligatoire du ministère de la magie quant au problème des dits mangemorts.

-"Je suis désolé que tu ais à travailler en ce jour." continua le garçon. "Mais malheureusement Ron et George ont trouvé quelque chose, en fouillant une cachette de mangemorts."

Draco déglutit, attendit.

-"Comment va Angelina ?" demanda-t-il en souhaitant changer de sujet alors qu'il s'en fichait royalement.

George sourit, crispé, étonné.

-"Bien, elle est chez elle. Elle a arrêté les missions pour un temps, je pense que c'est pour le mieux."

Il se racla la gorge, commença sa présentation. Heureusement pour le jeune blondinet, rien de ce qu'ils disaient, les deux stupides rouquins, n'était sur lui. Mieux encore, ils n'étaient pas si stupides que ça car ils avaient réussi à faire avancer leur enquête, trouvant un bon nombre d'hypothèses quant aux prochains coups du groupe dangereux. Hypothèses valides mais que Draco ne pouvait confirmer pour des raisons évidentes.

La réunion se termina plus tard que prévu. Draco commença à se lever, à rehausser sa veste légère.

-"J'ai rencontré ton amie." fit Hermione près de lui.

Il n'y prêta pas attention, attendant qu'elle continue.

-"La moldue."

Elle vit ses épaules se tendre et eut un léger sourire.

-"Elle n'a plus de problèmes de mangemorts depuis un temps, on dirait." Elle pencha la tête lorsqu'il leva les yeux vers elle. "Auraient-ils eut ce qu'ils voulaient ?"

Il ne répondit pas, tenta d'esquiver le sujet mais vit bien qu'elle attendait une réponse.

-"Ils se sont rendus compte qu'elle n'avait pas ce qu'ils voulaient."

Elle hocha la tête, se taisant.

-"J'espère qu'ils ne le trouveront pas."

Il releva les yeux et elle plongea les siens dans ses iris cendrés.

-"Ce qu'ils voulaient." termina-t-elle.

Le silence se fit maitre. Il se redressa, la toisa, eut un ricanement.

-"Je suis là pour ça, Granger."

Elle eut un sourire satisfait, continua de le regarder avant que Ron n'attrape son bras. Elle se détacha finalement de lui, et partit de la salle.

Transplaner n'était plus aussi épuisant qu'avant, mais tous ces voyages entre les mangemorts et les gentils lui donnaient mal au crane.

Il enfonça la clef dans la serrure et entra finalement chez lui, fatigué. Il retira ses chaussures, sa veste qu'il posa sur le porte-manteau, se tourna vers le salon et s'arrêta, fixa la personne assise sur son canapé, recroquevillée dans le coin de celui-ci.

-"Tu es en retard." dit Isabel d'une voix lourde de sens.




𝕯𝖎𝖆𝖇𝖔𝖑𝖔 𝖒𝖊𝖓𝖙𝖍𝖊 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant