Chapitre 70 : Ouaip, définitivement sœurs

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OMG POOLE POV???

Poole tira sur son col de chemise. Il avait beau ne pas porter de cravate ce jour-là, il avait toujours cette impression d'étouffement dans le dortoir. Aussi employa-t-il sa technique ultime : ne pas s'y trouver.

Poole passa son sac à son épaule en quittant le dortoir. Il y avait fourré ses cahiers de sciences et de mathématiques. Contrairement à la plupart des élèves, il n'avait aucun plan de rentrer chez lui pendant les vacances de Pâques. Ainsi, Poole avait encore quelques mois avant de devoir finir ces cahiers moldus, mais il avait déjà pris du retard. Les petits ignoraient le côté surnaturel de son internat et comptaient toujours sur lui pour les aider au retour des vacances. Il ne pouvait pas les laisser tomber. Ça aurait fait plaisir aux petits de le revoir, mais le trajet —et surtout le coût des billets— n'en valaient pas la peine pour une maigre semaine.

Le garçon dévala les marches jusqu'à la salle commune. Comme à chaque fois qu'il voyait la pièce, il se demanda comment les enfants de la haute avaient pu finir avec la salle commune la plus pourrie des quatre. Pas que Vincent ait déjà mis les pieds dans les autres, mais il était sûr qu'elles n'étaient pas dans les cachots, et donc loin de l'humidité, de ces éclairages verts et de ces crânes ridicules.

En traversant la salle, Vincent jeta un coup d'œil à la table jamais-de-la-vie, comme il l'avait surnommée. C'était la table la plus vieille, bancale et grinçante de toute la salle commune, coincée au fin fond du coin le plus sombre, mais, surtout, c'était la table où se réunissaient les nés moldus. Ils l'avaient invité à rejoindre leur « petit club », mais Vincent avait toujours refusé.

Pas moyen que je sois comme eux, pensa Vincent en voyant leurs yeux déprimés et leurs épaules voûtées. Pas question que je m'apitoie lâchement comme ça sur mon sort.

Pendant un instant, Vincent crut pouvoir s'échapper sans croiser personne, mais ses espoirs s'évaporèrent quand un bras s'abattit lourdement sur ses épaules.

- Poole, Poole, Poole, siffla gaiement Marcus Flint en l'entraînant.

Le cinquième année avait un grand sourire, c'était mauvais signe. Sa poigne autour de son cou laissait aussi comprendre une certaine frustration, surtout avec cet éclat dans ses petits yeux noirs. C'était cette même menace sournoise que Vincent avait appris à reconnaître à ses dépens à l'orphelinat. Là-bas, il avait réussi à s'établir une certaine réputation qui imposait le respect. Parmi les Serpentards, il était un moins que rien, et Flint le savait.

- As-tu vu les sabliers dans la Grande Salle, ce matin? demanda-t-il.

Vincent garda l'expression neutre qu'il avait appris à maintenir depuis sa répartition. Les sabliers, donc les points accumulés, donc la course pour la Coupe des Quatre Maisons. Ils avaient pu reprendre du terrain grâce à leurs matchs de Quidditch remportés, mais certainement pas assez pour obtenir cette victoire écrasante dont se délectaient les Serpentards depuis des années.

Et moi je suis en pleine ligne de mire à cause de ce foutu devoir, comprit Poole.

- Je suis déjà sur le coup, résuma-t-il.

- Ah! sourit Flint avant de lui frotter la tête. Ça c'est mon Poole! Si tu t'y prends bien, je pourrai peut-être te réserver une place dans l'équipe l'année prochaine, tu sais, comme je serai capitaine...

Vincent hocha la tête sans croiser son regard. C'était extrêmement dur de ne rien laisser paraître, et il savait d'avance que ce serait foutu s'il le regardait. Ce gars! Flint savait très bien que la position de Vincent dans la maison des serpents dépendait grandement de sa réussite au Quidditch, et il l'agitait sous son nez. Son talent ne valait rien si Flint le mettait sur la liste noire. Il ne vaudrait plus rien.

Aymee Parker T3  - La Pomme de la DiscordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant