Aymee Parker T3 - La Pomme de la Discorde

Chapitre 97 : À qui revient les lauriers

Chiron ne fut même pas surpris de les voir débarquer dans cet état. Il finalisa les bandages de Lucas avant de se pencher sur Clarisse. Il avait voulu commencer par Aymee comme elle était tout ensanglantée, mais elle le rassura en prenant du nectar par petites gorgées. Chiron s'attarda donc sur Aymee en dernier.

Comme Aymee l'avait soupçonné, elle n'avait que de gros bleus violacés et quelques éraflures dues à sa fuite à travers les bois. Le nectar calma également ses tremblements. Ça ne l'empêchait pas de faire peur à voir. Finalement, la prescription de Chiron fut de se doucher avant d'aller faire une bonne sieste.

Après sa douche express (et malgré l'ordre de Chiron), Aymee prit tout de même la peine de faire un tour de pégase au-dessus de la forêt, histoire de voir l'étendue des dégâts. Aymee grimaça alors qu'ils planaient au-dessus des arbres piétinés et défoncés. Il y en avait pour plusieurs centaines de mètres. C'était vraiment un miracle que Lucas et elle ne soient pas morts.

Je devrais demander à Katie et aux autres Déméter de m'aider à reboiser tout ça... se dit-elle avant de faire signe à Guido de faire demi-tour.

Une fois atterris devant l'écurie, Aymee glissa au bas de Guido, qui renâcla. Le pégase accepta gracieusement les pommes qu'elle lui offrit.  Comme elle en avait tout un sac, Aymee en proposa une bouchée à tous les pégases présents. Ils se régalèrent tous, sauf Blackjack. Aymee tendit carrément des carrés de sucres au pégase noir, mais il les œilla à peine. Même Blackjack semblait sentir l'absence de Percy. Aymee caressa son encolure pour lui remonter le moral.

- Je sais, Percy te manque... Je pense que tu devrais sortir un peu plus souvent, surtout maintenant que...

La voix d'Aymee mourut lorsqu'elle grimaça. Pouvait-elle lui parler de Katoptris? De sa vision? Aymee n'en eut pas le courage. En plus, Blackjack paraissait déjà assez triste comme ça. À la place, elle brossa le pégase noir avant de retourner à l'infirmerie pour prendre des nouvelles de Lucas et de Clarisse.

Clarisse était toujours inconsciente, mais Lucas était bien assis, en train de discuter avec Chiron. Le vieux centaure la remarqua en premier.

- Aymee! Je t'avais dit d'aller te coucher!

Aymee se précipita vers Lucas en ignorant Chiron.

- Oh, Lucas! Je suis désolée! Si tu savais! Je n'aurais pas dû te laisser seul si longtemps! À cause de moi—

- Aymee, l'interrompit doucement Chiron avec un geste de la main. Lucas était justement en train de me raconter son point de vue. Et si tu le laissais finir?

Aymee referma la bouche et se fit discrète. Lucas bougonna un instant en évitant de les regarder. Il reprit lentement le fil de son récit.

- Et là, quand on a fini de manger, je suis allé chercher un coin tranquille pour me vider. C'est en revenant que j'ai vu le drakon. J'ai pris mon épée et j'ai couru. Au début, il s'en fichait bien de moi. Mais, quand j'ai enfoncé mon épée dans sa gencive, il s'est mis en colère et m'a griffé.

Aymee cligna lentement des yeux. Très lentement. Elle serra les poings en faisant un effort pour respirer. Son calme ne tenait qu'à un fil. Chiron se pencha vers Lucas, lui-même ayant du mal à en croire ses oreilles.

- Tu dis qu'il t'ignorait?

- Ouais, c'était vraiment énervant! Mais il a bien vu que j'étais fort quand—

- Tu l'as attaqué!? Aymee cria malgré elle. Un drakon!? Volontairement!? Alors que t'aurais pu t'enfuir!? Mais t'es malade! Et si j'étais arrivée trop tard!?

Aymee l'engueula dans un torrent de juron qui ressemblait davantage à Clarisse. Lucas se recroquevilla dans le lit jusqu'à disparaitre sous sa couverture. Chiron dut appeler Argos pour sortir Aymee tellement elle était hors d'elle. Le chef de la sécurité passa ses bras autour d'elle et la porta dehors tandis qu'elle battait des jambes en jurant à tout va. Argos ne lâcha Aymee qu'une fois qu'ils furent loin de l'infirmerie, et il lui fit bien comprendre qu'il ne la laisserait pas y retourner. Aymee courut donc se dépenser dans l'arène. Si elle avait été épuisée une heure plus tôt, ce n'était plus le cas.