Aïko et moi venions de rentrer au palais tandis que le ciel s'était couvert. Il faisait sombre, à présent.
Dès que nous passâmes les portes de la cour, je vis Ryuu au loin. Devant lui était agenouillé l'homme qui avait dirigé la révolte. Celui-ci avait des cordes autour des poignets et des pieds. Mon mari, lui, parlait avec un autre garde.
Il n'avait aucune blessure.
Aucune alors qu'il avait été seul contre beaucoup d'adversaires.
Comment avait-il fait ?
Ma belle-mère et moi nous rapprochâmes de lui et une fois à quelques mètres de distance, Aïko me donna son panier.
Pourquoi ?
Ryuu finit par se tourner vers nous tandis que le garde devant lui emmena le protestant.-Comment s'est passé votre sortie ? Voulut-il savoir.
Aïko ne répondit pas.
Elle regardait vers le sol sans rien dire.
C'était vrai, elle devait lui avouer pour l'incident.
Elle allait devoir lui faire face.
Mais il n'y avait rien à craindre, elle était sa mère, après-tout.-Bien. Répondis-je à sa place.
-Tu m'en vois ravi. Dit-il avant de regarder la jeune femme.
Je me rendis compte que les soldats autour observaient aussi. Ils étaient tout de même à une certaine distance.
Ma belle-mère n'avait toujours pas levé la tête vers son fils, comme si elle voulait éviter de lui avouer.
Ryuu fronça les sourcils avant d'enlever sa cape. Je ne vis pas son dos, en revanche je vis Atsuko s'arrêter pour regarder au loin.
Je voulais qu'elle s'en aille.
Je ne le sentais vraiment pas.
Un silence planait tout autour de nous, qui était seulement coupé par le bruit du vent.
Aïko serra ses poings avant de prendre son courage à deux mains :-Un homme sait. Pour Ume.
Je vis les pupilles de Ryuu se dilater d'un seul coup tandis qu'il se figea.
Il avait l'air choqué de ce qu'il venait d'entendre.-Je te demande pardon ? Dit-il.
-Un homme sait qui est Ume. Répéta ma belle-mère en levant enfin la tête vers son fils.
Le jeune homme ne dit rien.
Il la regardait droit dans les yeux tandis que ses pupilles avaient presque recouvertes toute la couleur bleu de ses iris. Il lâcha la cape qu'il tenait tandis que l'ambiance était infiniment plus lourde, à présent.-Tu rigoles ? Reprit-il.
-J'aimerais, mais non. Avoua sa mère.
Ryuu tourna la tête vers moi, comme si il espérait que je lui dise que c'était faux.
Malheureusement, je ne pouvais lui montrer ce qu'il désirait.
Je ne fis rien.
De plus, je voyais Atsuko me regarder, elle aussi, surprise de ce qu'elle venait d'apprendre.-Comment ? Questionna mon mari.
J'avais l'impression qu'il retenait sa colère, mais sa voix avait tressaillit.
Il était enragé, pourtant il ne laissait rien paraître.-Je me suis montrée à un marchand parce que je n'en pouvais plus d'entendre toutes ces choses sur toi. J'ai fait une erreur. Expliqua Aïko.
-"Une erreur" ? Répéta le jeune homme, cette simple erreur a mis considérablement Ume en danger !
-Je le sais bien et je m'en veux ! Mais comprends moi ! Comprends que je n'arrive plus à supporter toutes ces choses que j'entends à ton sujet !
Ryuu fixait sa mère tandis qu'elle soutenait son regard. Il lui en voulait terriblement, ça se voyait même si il se contenait. D'ailleurs, les gardes autour de nous avaient fait un pas en arrière après avoir entendu les aveux d'Aïko.
-Je suis désolée. Reprit-elle.
-Ce que tu entends sur moi, je l'entends aussi. Continua mon mari, je sais tout ce qui se dit à mon égard, mais je n'arrive pas à concevoir le fait que tu aies osé faire ça. Je voulais protéger Ume, je voulais la préserver du peuple, je voulais qu'elle puisse profiter de sa liberté, qu'elle puisse continuer à sortir sans se cacher, je voulais qu'elle puisse vivre sans subir son mariage ! Et toi...toi, tu dévoiles son identité comme si ça ne tenait qu'à toi ?! Cette décision me revenait ! Et je ne voulais pas la montrer si elle n'était pas d'accord et pas avant un bon moment ! S'énerva-t-il.
VOUS LISEZ
La nuit où je te tuerai
Novela JuvenilLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...