Chapitre 63

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Sept ans plus tôt, même période.

Les courtisans riaient de façon maniérée, se préoccupant davantage de leur apparence que du sujet de conversation.
Les musiciens jouaient de leurs instruments, faisant attention à chaque note et chaque sonorité pour créer une ambiance parfaite pour l'empereur.
Ce dernier partageait une danse avec l'impératrice, entourés par d'autres couples souriant et dansant eux aussi.
En résumé, la fête battait son plein et tout allait pour le mieux.
Hiro se trouvait sur le côté, en armure, le katana à la ceinture et les mains derrière le dos.
Pendant que d'autres s'amusaient, le jeune adolescent angoissait légèrement.
En effet, c'était l'une des premières fois qu'il était chargé de participer à la garde d'une soirée, et même si il n'était pas seul à l'effectuer, cela le rendait anxieux.
Le général, son supérieur, le surveillait et relèverait absolument tout de son comportement.
Il devait agir parfaitement.
Il se devait de devenir garde afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
De plus, il en avait également envie.
Être garde...cet avenir lui donnait des étoiles dans les yeux et des frissons d'excitation.
Du haut de ses quinze ans, il comprenait très bien que cette soirée pourrait influer sur le choix du général sur le fait de le garder ou non.
Hiro en rêvait, c'était son but et il y arriverait.
Or, en parlant d'avenir et d'espoir, il y en avait un qui n'en avait pas.
Le jeune soldat tourna la tête pour le voir.
Celui-ci se trouvait plus loin, en kimono noir et en sandales, les mains devant lui et se tenant entre ses deux parents.
Certaines mèches noirs de ses cheveux retombaient quelques fois devant ses yeux bleus, le forçant à brièvement les replacer en arrière avec l'une de ses mains avant de la remettre à sa place.
Son visage était complètement neutre tandis qu'il devait lever la tête pour voir le courtisan se trouvant devant lui, ce dernier étant en train de le saluer.
Ryuu n'avait aucun rêve.
Aucun espoir concernant son avenir.
Aucune envie spécifique émanant de lui.
Pourtant, lorsque l'on avait neuf ans comme lui, nous étions censés avoir des rêves plein la tête.
Nos pensées étaient censées fuser tandis que notre créativité débordait.
Mais lui...
C'était comme si...
Ce n'était qu'une hypothèse d'Hiro, et il n'en était pas sûr...
Mais c'était comme si dès le départ, l'on lui avait interdit tout espoir et toutes envies.
Comme si il n'avait aucun libre arbitre.
D'autant plus qu'il le connaissait : son ami était quelqu'un de profondément gentil et doux, alors le fait qu'il n'est aucune envie concernant son futur...
Cela inquiétait Hiro.
Il le voyait comme son petit frère, alors il ne comprenait pas.
Il voulait son bien.
Du plus profond de son cœur, il voulait que Ryuu soit heureux, mais pourtant cela semblait compliqué lorsque cela le concernait.
Premièrement à cause de ses parents.
Ils n'étaient pas n'importe qui, et le fait que Ryuu soit leur fils pouvait assurer que, dans un certain sens, il ne pourrait jamais accéder au bonheur.
Si ce n'est un qui soit sain.
Un bonheur trouvé par la douleur lui était bien plus accessible, mais ce n'était pas ce qu'il méritait.
Deuxièmement à cause de qui il était, tout simplement.
Être un Hara, ce n'était pas synonyme d'une vie facile.
Ni même d'une personne aimable, un tant soit peu empathique.
Porter un tel nom, c'était aussi porter et assumer la réputation qui y était accrochée.
Et cela ne pouvait attirer le bonheur.
Néanmoins, même si Ryuu n'en avait pas, Hiro avait des espoirs pour lui.
Si il restait ainsi, gentil, sincère, empathique, doux et attentionné, alors peut-être pourrait-il embellir ce nom.
Peut-être pourrait-il accéder à un bel avenir.
Le jeune soldat y croyait dur comme fer.
C'était vrai ! Ryuu n'avait rien de ses parents !
Sur le caractère, il ne leur ressemblait en rien !
Il était pur.
Véritablement adorable en tout point.
Or rapidement, Hiro fut tiré de ses pensées par une main qui se glissa dans ses cheveux.
Celui-ci leva la tête pour croiser le regard du général qui lui souriait.
Le jeune soldat, prit d'un léger instant de peur et de panique, se redressa parfaitement et fit mine de regarder face à lui.
Il fallait qu'il soit parfait ce soir !
Pourtant, il entendit l'homme émettre un petit rire.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant