Chapitre 57

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La température avait chuté très rapidement, les feuilles tournaient à l'orange avant de lentement s'écraser au sol, les courtisans s'habillaient plus chaudement, tout comme les servantes.
L'automne avait débuté depuis quelques semaines et pourtant, malgré ce temps encore écoulé, je ne l'avais pas vu.
J'avais longuement attendu.
Mes esprits n'avaient fait qu'y penser, jours comme nuits.
Je n'avais pu me concentrer correctement sur ma mission, malgré quelques pensées qui m'avaient désespérément montré mon père. Ainsi, je n'avais récupéré aucune information. J'étais au même point qu'auparavant, et cela m'effrayait.
Je devais aller plus vite !
Je le savais, et malgré tout...
Je ne faisais rien pour que cela s'arrange puisque, après tant d'attente, mon cœur battait enfin d'excitation.
Hiro était finalement venu me chercher afin de me conduire voir Ryuu.
Nous étions alors actuellement en train de marcher en pleine nuit à travers le palais, empruntant des chemins que je n'avais encore jamais vu.
Il y avait trois côtés bénéfiques à cette sortie : le premier, je verrai mon mari. Le deuxième, je saurai où se trouve le dojo. Et la dernière, qui disait entraînement disait également combat. Je le verrai peut-être utiliser son sabre, et à vrai dire, cela m'arrangerait grandement.
J'avais pris énormément de retard depuis son absence.
Il fallait que je me rattrape le plus vite possible mais pour le moment, je ne pensais qu'à le voir.
Pour la première fois, j'empruntai un escalier pour me rendre à l'étage du palais. Je n'y étais encore jamais allée, mais cela pouvait toujours être utile à mémoriser.

-Je n'ai pas le droit de vous emmener auprès du général, alors gardez cela pour vous. Dit Hiro.

J'hochai la tête.
Je m'en étais doutée et de toute manière, je n'avais pas prévu de le dire à qui que ce soit.
Une fois en haut, je me rendis compte que les couloirs étaient complètement vides et que le jeune homme faisait en sorte de faire le moins de bruit possible. Je fis alors de même, me servant de l'entraînement de mon père pour être complément silencieuse.
Serait-il fier de moi, en me voyant appliquer son savoir ainsi ?
Non, à quoi pensais-je donc ?
Je ne devais pas me montrer aussi faible, attendant la validation de son paternel telle une enfant.
Pourtant...
N'était-ce pas ce que je recherchais depuis le début de cette mission, que je n'avais eu le choix d'accepter ?
Mais que j'avais décidé d'accomplir.
Hiro et moi marchâmes encore quelques mètres avant que le soldat ne se retourne vers moi, me faisant signe de ne plus parler.
J'hochai la tête, puis nous entrâmes silencieusement dans une pièce.
Je fus tout d'abord subjuguée par la grandeur de l'endroit.
Le dojo était très grand et en réalité, le sol se trouvait au rez-de-chaussée. Hiro et moi nous trouvions au-dessus, sur une sorte de balcon en bois qui faisait tout le tour.
L'homme se mit rapidement accroupit, donc je l'imitai. Nous nous approchâmes ensuite des barrières en bois nous séparant du vide afin de voir en contrebas.
Puis je le vis enfin.
Mon cœur s'emballa immédiatement, étant à présent à deux doigts de sortir de ma cage thoracique. Je serrai mes poings, frustrée de ne pouvoir être plus proche, mes yeux ne pouvant d'ailleurs plus se détacher de lui.
Ryuu était sur le tatami, en train de s'étirer. Il était en grand écart facial mais cette fois, des supports élevaient chacun de ses pieds d'une dizaine de centimètres du sol.
Ses cheveux lui tombaient devant les yeux tandis qu'il attendait patiemment, les coudes appuyés contre le sol.
Mon mari était ensuite vêtu d'une simple chemise noire qui lui arrivait un peu après le début des cuisses ainsi que d'un pantalon de même couleur, or un détail me sauta aux yeux.
Il portait des gants, assortis eux-aussi.
Je devinai rapidement la raison, et cela me déplu.
J'imaginais que l'empereur, au lieu de l'aider à se soigner, avait simplement tenu à ce que ses blessures ne soient plus visibles, ce qui expliquait également la couleur de ses vêtements.
Le sang ne se voyait pas sur du tissu si sombre.
Je compris alors pourquoi Hiro m'avait avoué que non, il n'allait pas bien.
Mon cœur se serra, et mes envies meurtrières envers l'homme d'état ne firent que croître, mais je restai tout de même absorbée par la vue de Ryuu.
Je voulais voir ses yeux, or ses cheveux en avaient décidé autrement.
Pourtant...Le vide en moi ne se combla pas pour autant.
Oui, je le voyais et cela me plaisait, mais je voulais lui parler, passer du temps avec lui et faire toutes ces choses idiotes auxquelles deux adolescents devraient penser.
Je me ressaisis rapidement, empêchant alors mon sentiment de déprime de reprendre le dessus et je détournai donc le regard après avoir vu du mouvement sur la gauche.
Ryuu n'était pas seul, mais il m'avait tant hypnotisé que je n'avais pas remarqué qu'en réalité, une dizaine de personnes se trouvait également dans le dojo.
Le groupe de soldats, arborant des armures, se tenait loin de mon mari, semblant préparer quelque chose avec des regards apeurés. En effet, la majorité d'entre eux tenait des petites plaques de bois d'une certaine épaisseur dans les mains, tandis que d'autres prenaient beaucoup de soin à protéger davantage un garde en vérifiant son armure et en lui plaçant bien son casque.
Or, quelqu'un d'autre attira mon attention.
Je baissai le regard et haussai les sourcils de surprise en reconnaissant l'impératrice se trouvant là, à quelques mètres de Ryuu, une petite boîte dans les mains.
Malgré la hauteur de laquelle nous les observions, je pus discerner l'inquiétude dans les yeux de la jeune femme qui était en train de regarder mon mari silencieusement.
Pourtant, celle-ci finit par enfin prendre la parole :

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant