Ryuu et moi étions en train de courir dans une nouvelle ruelle. Nos assaillants nous suivaient de près, guidés par la rage et le désir de vengeance.
Seul Yugo avait su faire la part des choses, et je lui en étais entièrement reconnaissante.
Pourtant, même si notre sécurité était en jeu, mes pieds commençaient sérieusement à m'handicaper. Je sentais les parties élevées s'enfoncer encore et encore plus dans ma chair, ce qui faisait un mal effroyable.
Si Ryuu n'était pas à côté de moi, à me forcer à courir à pleine vitesse, cela ferait un moment que j'aurais ralenti.
Quelle idée avais-je eu de mettre de telles chaussures ?! J'aurais dû penser à l'éventualité que nous nous ferions prendre en chasse !
Je ne ferai plus une telle erreur.
Mon mari descendit rapidement sa main sur ma taille, m'indiquant donc que nous allions tourner.
Pourtant...
Il n'y avait aucun chemin, de n'importe quel côté !
Celui-ci tourna brusquement à droite et j'écarquillai les yeux alors que je frôlai le mur, mais je réalisai qu'une porte en bois se trouvait juste en face de mon mari. Ryuu donna un violent coup de pied dedans et me fit entrer dans le bâtiment avant de s'y engouffrer à son tour.
Je me rendis compte que nous étions derrière le bar d'un restaurant à ramen. Les cuisiniers s'étaient subitement écartés, nous regardant avec des yeux exorbités, tandis que les clients avaient des mines effrayés. Leurs regards faisaient des allers-retours entre mon visage et celui de Ryuu, qui était dos à eux, en train de bloquer la porte.
Je remis rapidement ma capuche devant mes yeux et fixai le sol, me rappelant qu'il ne fallait pas que l'on me voit, même si c'était un peu tard.
Je sentis la main de mon mari se poser sur mon poignet avec une délicatesse remarquable comparée à la situation dans laquelle nous étions.
Il m'entraîna de nouveau avec lui et nous sortîmes du bar à ramen par l'entrée principale. Une fois dehors, nous étions revenus sur une grande avenue, ce qui me rassurai dans un sens.
Au moins, nous n'allions pas nous retrouver coincés entre trois murs, mais à présent que le visage de Ryuu était à découvert, les passants s'écartèrent, retenant des cris d'effroi.
Nous qui voulions passer inaperçus, c'était un échec.
Celui-ci n'y porta aucune attention et posa fermement sa main au niveau de ma taille, juste avant de donner un coup de pied dans mes sandales. Celles-ci furent projetées plus loin sans même que je ne tombe.
J'écarquillai les yeux.
Pourquoi avait-il fait ça ?!
Je ne tenais pas à courir pieds nus, je ne voulais pas risquer une infection ou que des choses se logent à l'intérieur des plaies !
Alors que j'allais rétorquer, je le vis enlever ses sandales pour que je les mette.
C'était lui qui allait courir pieds nus et non moi.
Cette solution ne me plaisait pas non plus. Je ne voulais pas qu'il ne se blesse, déjà qu'il avait beaucoup de blessures sur son corps. Or, ce n'était pas le moment d'imposer mes convictions. Je les enfilai rapidement malgré la différence de taille et juste après, nous entendîmes la porte de l'arrière du bar du restaurant à ramen s'ouvrir violemment.
Nos assaillants étaient là, ils fallaient partir.
Ryuu remit sa main au niveau de ma tête afin de maintenir ma capuche devant mes yeux et je me retrouvai de nouveau coller contre son bras. Ce détail passa complètement inaperçu dans mon esprit, puisqu'il nous fallait fuir.
Mon mari se remit à courir à pleine vitesse, m'entraînant avec lui.
Maintenant que les passants pouvaient voir le visage de Ryuu, le chemin devant nous se dégageait très rapidement, dans des cris d'effroi. Or, cela nous aidait grandement, nous pouvions continuer à fuir sans difficulté.
Je ne savais pas vers où nous étions en train de nous diriger, je ne voyais que le sol. Je ne savais pas si nous étions en direction du palais, ou bien si nous étions contraint de fuir à l'opposé.-C'est le général Hara ! Cria une femme.
-Crève en enfer ! S'emporta une autre.
Ryuu ne porta aucune importance sur l'insulte qui venait d'être lancée, mais moi, cela créa une boule de rage dans mon estomac.
Avais-je bien entendu ?
Était-ce à lui qu'elle parlait vraiment ?
Elle devrait surveiller ses mots.
Non.
Elle avait parfaitement raison.
Elle avait raison...
Or, la grande majorité des habitants de Tokyo n'était pas si audacieux, ils se contentaient de s'écarter, incapable de prononcer un seul mot à cause de la peur.
Ryuu remit sa main au niveau de ma taille.
Je compris de nouveau ce que cela voulut dire.
Juste après, mon époux tourna brusquement sur sa gauche, nous faisant entrer dans une boutique. Cette fois, je ne levai pas les yeux. De toute façon, Ryuu ne prit pas le temps de s'arrêter et se dirigea vers l'arrière-boutique, tandis que des cris se faisaient entendre derrière nous.
Mon mari reprit une porte qui nous fit déboucher dans une ruelle.
Oh non...
Pas encore...
C'était bien plus angoissant, mais ce détail ne sembla pas atteindre Ryuu qui me remit sa main sur ma tête et continua à courir.
Je ne savais pas quand et comment nous nous en sortirions, mais toute ma confiance reposait sur lui. Je tournai la tête vers lui pour le voir et même si ce n'était pas le moment pour cela, je le regardai.
Était-ce réellement possible d'être aussi parfait ?..
Même si il était mon ennemi, je ne pouvais lui enlever ce visage qu'il avait.
Ce visage que je trouvais-.
À tomber.
Mais à quoi étais-je en train de penser ?! Nous étions poursuivis, ne sachant pas où aller, et moi, je pensais à ce genre de choses ?!
Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ?!
Je déviai mon regard vers le sol, honteuse. Rapidement, je remarquai que la ruelle où nous nous trouvions était plus sale que les dernières.
Je repensai aux pieds de mon mari. Je me mis à culpabiliser, je ne voulais pas qu'il se blesse davantage seulement car j'avais mis les mauvaises chaussures...
Nous nous arrétâmes subitement devant un petit muret qui était plus haut que nous et qui nous barrait la route.
Je frissonnai en entendant les pas de nos assaillants se mettre à résonner derrière nous et se rapprocher dangereusement.
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La nuit où je te tuerai
Novela JuvenilLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...