La nuit était tombée.
J'étais avec mes beaux-parents, dans la cour, en train d'observer les gardes qui s'entraînaient plus loin. Ryuu, lui, était assis sur les marches du palais, en train de les regarder.
Il n'avait pas l'air très investi dans sa tâche.
La journée avait été relativement calme après l'incident de ce matin.
Un peu de tranquillité n'était pas de refus.-Comment était Ryuu, ce matin ? Questionna soudainement mon beau-père d'une voix très calme.
Il ne regardait même pas vers sa femme. À vrai dire, les deux semblaient occupés à observer leur fils.
-Ce n'est que maintenant que tu demandes ? Répondit Aïko.
C'était vrai.
Ils s'étaient promené, plus tôt ce matin. De plus, je ne les avais pas beaucoup vu le reste de la journée.
Après l'entretien avec l'empereur et l'impératrice, j'avais changé le bandage de Ryuu et il était partis travailler aussitôt. Quant à moi, j'avais légèrement discuté avec Chinatsu et Atsuko.
Yukio laissa échapper un petit soufflement, comme un léger rire.-J'ai pensé bon de ne me te poser la question plus tôt. Avoua-t-il.
Celle-ci haussa les épaules.
-Eh bien tu aurais pu. Je n'étais pas en colère, ni même vexée par ton fils.
-Alors répond-moi. Comment était-il ?
Je tournai la tête vers la jeune femme.
Celle-ci regardait toujours dans la direction de Ryuu.
Elle ne souriait pas, mais n'était pas triste non plus.
Elle était complètement neutre.-Comme d'habitude. Peut-être était-il un peu moins vigilant, mais je pense que c'est dû à ses blessures.
-Il finira par s'en remettre, et d'ici peu de temps. Rassura son mari
Ça me semblait normal que sa défense se soit un peu diminuée. Du peu que j'avais vu, son dos était en très mauvais état.
-Yukio. Reprit Aïko.
-Oui ?
-Penses-tu que nous avons fait le bon choix, pour lui ?
Mon beau-père ne répondit rien.
Je me sentais un peu de trop, or ma présence n'avait pas l'air de les déranger.
La jeune femme semblait être rongée d'inquiétudes pour son fils, elle doutait visiblement des décisions qu'ils avaient dû prendre, des années auparavant.
Enfin, c'est ce que j'en comprenais.-Comment ça ? Reprit l'homme après un petit silence.
-Penses-tu qu'il se plaît en tant que garde ?
Si il se plaisait en tant que garde...
Elle se souciait belle et bien de lui, et à propos d'un sujet assez important.-Bien sûr. Il doit s'estimer très chanceux d'occuper ce poste et d'être aussi haut dans la hiérarchie. Répondit Yukio.
Aïko ne répondit pas directement. Elle laissa une courte pause dans la conversation.
-Il y a des choses qu'il a dit ce matin auxquelles je pense depuis. Avoua-t-elle.
-Et quelles sont-elles ?
-Je crois qu'il souhaiterait être comme quiconque de son âge. C'est pour ça que je te demande : avons-nous fait le bon choix concernant Ryuu ?
Un silence s'ensuivit.
Il était vrai qu'il y avait des choses qu'il avait dit qui pouvait refléter ses envies, comme celle de pouvoir sortir en ville sans se cacher.
Pouvoir regarder devant soi et non au sol.
Ne pas être détesté des autres.
Bientôt, je saurai sûrement ce que cela faisait.
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La nuit où je te tuerai
Ficção AdolescenteLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...