Chapitre 91

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Montre à cet homme que je ne valais pas autant à tes yeux !
Que je ne valais rien !
Je me mise alors à me pencher vers lui, tout en déposant ma seconde main sur son épaule.
Si il ne voulait prendre ce traitement, alors je l'y forcerai.
Pour que ces deux vies n'aient pas risqué leur valeur en vain.
Et également, j'espérais qu'il me repousse.
Lui qui n'aimait être touché, et moi qui tenais à prouver que je ne comptais pas autant, qu'il m'en empêche !
Empêche-moi de te faire ingérer cela.
Car moi, je comptais aller au bout de mon idée, pour Miwa et Ryoichi.
Mais si les autres n'avaient le droit de l'approcher, alors pourquoi, moi, le pouvais-je ?!
Pourquoi ?!
Or, Ryuu sembla rapidement comprendre mes intentions, puisqu'il se mit à se pencher en arrière.
Ce n'était pas assez.
Rejette-moi.

-Ume, attends. Dit-il en lançant un rapide regard à cette fiole.

Qu'il aille mieux.
Ça avait été l'unique but.
Et je n'avais pas trahi mon père pour rien.
Ainsi, j'essayai de l'atteindre d'un mouvement rapide, seulement celui-ci m'attrapa le poignet et leva son genou pour m'empêcher d'approcher davantage.
Oui, repousse-moi.
Je ne représentais pas autant pour toi.
Malgré tout, je ne cesserai pas.
Avale-le toi-même si tu tiens tellement à ce que je ne m'approche davantage.

-Attendre ? Et que devrais-je attendre ? Rétorquai-je, devrais-je m'imposer seulement lorsque tu ne seras plus en mesure de marcher ?

Je me rapprochai encore plus, malgré son genou qui rentrait progressivement dans mon ventre.
J'étais prise d'un élan incontrôlé.
J'avais deux objectifs.
De ce fait, j'essayai de diriger ma main vers lui, mais celui-ci s'opposa légèrement à ma force.
Il était capable de me repousser.
Sur le plan physique, il me battait à plate couture.
Alors qu'il le fasse !
Qui étais-je à ses yeux pour qu'il se contienne autant ?!
Prouve-lui qu'il a tort !

-Tant de risques ont été pris pour toi. La moindre des choses que tu puisses faire, c'est d'accepter que l'on t'aide. Continuai-je.

Or, tandis que je m'approchais davantage, celui-ci finit par s'emparer de mes deux mains. Je pris alors soin de serrer fortement cette fiole si précieuse.
Si je ne pouvais m'assurer qu'il la prendrait pour en avaler son contenu, et non pas pour la garder à l'écart, alors je ne lui céderai pas.
Ryuu mit enfin de la force pour me repousser, nous permettant de nous redresser tous les deux.
Oui, je t'en supplie, empêche-moi de faire cela.
D'aller plus loin.
Je ne le voulais pas, tout autant que toi.
Je n'étais rien à tes yeux, n'est-ce pas ?
Seulement, il n'en fit pas plus.
Il se contenta d'exercer assez de force pour rester droit, mais rien de plus.
Non !
Non, ça ne suffisait pas !

-Tu souhaites continuer ainsi ? Voulus-je savoir, bouillonnante de colère.

-Qu'est-ce qui te prend ? Questionna-t-il en retour.

À l'entente de cette question, je me redressai pleinement sur mes genoux et exerçai davantage de force contre ses mains.

-C'est moi qui devrais te le demander ! M'exclamai-je.

Ce n'était pas moi qui me laissais m'affaiblir.
Peut-être que mon comportement dépassait mon rôle, mais dans un sens, il le remplissait parfaitement.
Pour une épouse inquiète, n'étais-je pas parfaite ?
De ce fait, je parvins à libérer mes deux mains pour en placer une dans ses cheveux, tandis que l'autre parvint à se frayer un passage vers ses lèvres.
Seulement, tout juste avant que je n'atteigne mon objectif, les pupilles de Ryuu s'écarquillèrent subitement et celui-ci réagit tout juste avant que je ne l'atteigne.
Il dégagea mon bras d'un geste de main et retira celle que j'avais posé dans ses cheveux en saisissant mon poignet. Puis, il le tira en arrière avec tout juste assez de force pour me faire perdre mon équilibre.
De ce fait, je tombai en avant, mais celui-ci m'arrêta en face de lui.
Nous nous regardâmes alors, mais je pris avantage de cette soudaine proximité.
Je m'approchai encore, sachant pertinemment qu'il ne laisserait ces derniers centimètres se combler.
Car je ne comptais pas à ses yeux.
Wayne avait tort.
Il se devait d'avoir tort !
Et, à mon plus grand bonheur, celui-ci se pencha de nouveau en arrière.
Je mis alors tout mon poids sur ses deux mains, le forçant à reculer suffisamment pour que je parvienne à me placer au-dessus de lui.
Je ne le touchais pas, mais j'avais amplement l'avantage.
Et cela ne me plaisait pas.
Ce n'était pas cela que je voulais !

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant