Nous avions fait le plus vite possible pour rentrer au palais, cependant il était encore trop tôt pour crier victoire.
Nous venions tout juste de revenir dans les cuisines par lesquelles nous étions sortis.
En effet, nous avions emprunté une sortie uniquement connue de quelques membres du personnel, dédiée à de rares réapprovisionnements.
Seulement, depuis le début des tensions politiques, cette voie avait été interdite, la faisant disparaître des consciences.
Par chance, personne ne se trouvait encore dans la pièce.
De ce fait, Miwa retira immédiatement sa cape, et nous l'imitâmes.
Puis, elle se tourna vers nous.-Bien. Je ne peux rester plus longtemps avec vous, nous ne devons prendre ce risque.
Ses yeux se posèrent alors sur Ryuu, et une lueur maternelle se mit à étinceller dans ses iris.
La femme esquissa un léger sourire, partagée entre la nostalgie et la peine.-Je ne sais si j'aurai à nouveau l'occasion de te parler, mais je serai toujours là pour toi. J'espère que tu ne l'oublieras pas.
Elle dériva ensuite son attention sur moi.
-Je te donnerai les traitements le plus vite possible. Prends bien soin de lui, je t'en conjure.
Et je n'eus simplement le temps que de hocher la tête, puisque celle-ci ne perdit pas une seconde pour quitter la pièce, redoutant d'être aperçue aux côtés de mon mari.
Nous ne perdîmes pas de temps non plus.
Quelle excuse fournirions-nous afin de justifier notre présence dans les cuisines ?
Ce n'était pas un lieu où nous devrions être.
De ce fait, nous sortîmes par un couloir opposé à celui que Miwa avait emprunté.
Le palais était encore désert, bien que quelques gardes se tenaient à leur poste.
À présent, nous n'avions qu'à nous rendre chez nous, comme si rien n'était arrivé. Ces soldats ne diraient sûrement rien, de peur de se confronter à Ryuu.
Nous restâmes silencieux lors de notre marche, afin d'éviter au mieux de faire ressentir notre présence.
Mon cœur battait anxieusement, s'imaginant des scénarios où mon mari se faisait de nouveau éloigner de moi.
Ça, je ne le voulais pas.
Non, absolument pas.
De ce fait, je glissai ma main sur la manche de mon mari afin de la saisir tout en accélérant.
J'avais conscience qu'aller trop vite n'était pas recommandé dans l'état où il se trouvait, mais je ne voulais prendre un tel risque.
De plus, en attrapant sa chemise, je réalisai que nous n'en étions plus à ce stade.
Non.
Hier soir, j'avais entrelacé mes doigts aux siens, les serrant encore et encore, ne voulant plus les lâcher.
Seulement, bien que plaisant, cela avait été une erreur.
Je ne pouvais consciemment recommencer.
Sa manche me contenterait.
Du moins, je l'espérais.
Or, tandis que nous étions sur le point d'emprunter les escaliers pour sortir du palais, un garde, arrivant de la direction opposée, nous arrêta en se postant face à nous.
Celui-ci s'inclina alors tandis que je lâchai immédiatement Ryuu, angoissée.-Général et dame Hara, je vous cherchais. Sa majesté l'empereur demande à s'entretenir avec vous. Veuillez me suivre, je vous prie.
Mes poings se serrèrent tandis que j'eus l'impression de sentir mon être s'effondrer.
Non.
Pitié, non.
Je ne voulais être séparée de lui une nouvelle fois, alors que nous venions tout juste de nous retrouver entièrement.
Il était clair que l'empereur mentionnerait notre subite absence durant la cérémonie, et peut-être même évoquerait-il notre valse.
Et dans le pires des cas, s'était-il rendu compte de notre sortie, ce matin ?
Non.
Je ne voulais l'envisager.
Cependant, à présent, nous n'avions plus le choix.
Ainsi, nous fîmes demi-tour, suivant le soldat à travers un nouveau dédale de couloirs que je reconnus immédiatement, tout simplement car nous l'avions déjà emprunté.
Nous allions à la salle du trône.
Or, tandis que nous avancions, je surpris Ryuu sortir ses gants en cuir qu'il avait soigneusement gardé dans ses poches avant de les remettre, couvrant ses blessures maintenant suturées.
Il avait raison.
Comment justifier ces traitements ?
Il valait mieux faire comme si de rien n'était.
Comme si rien n'avait changé.
Rien ne s'était produit.
Le trajet jusqu'à notre destination fut terriblement silencieux. Il n'y avait aucun bruit dans le palais, si ce n'était celui de nos pas qui résonnaient contre les parois.
Mais finalement, nous arrivâmes devant ces deux grandes portes qui ne m'indiquaient rien de bon.
Et malgré tout, malgré les prochaines minutes qui ne s'annonçaient pas en notre faveur, Ryuu les ouvrit sans attendre de se faire annoncer, comme à son habitude.
Ainsi, je le suivis à l'intérieur, gênée de faire irruption d'une telle manière.
J'aperçus donc l'empereur, installé sur son trône d'un air nonchalant, accompagné de l'impératrice à ses côtés.
Sa présence me rassura un tant soit peu, puisque j'avais conscience qu'elle était de notre côté.
D'ailleurs, celle-ci nous esquissa un léger sourire affectueux avant d'aller s'installer sur son trône, un peu plus en arrière.
Puis, alors que les portes se refermèrent dans un grand bruit, l'homme nous toisa de son regard méprisant.
Il resta d'abord silencieux pendant quelques minutes, ce qui eut le don de m'enrager, or finalement, il se décida à nous adresser la parole :
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La nuit où je te tuerai
Teen FictionLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...