Chapitre 76

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Accueillir les invités nous avait pris presque toute la journée.
Je n'avais cessé d'esquisser des sourires de politesse et des mots respectueux, tandis que j'avais fait face à des remarques irrespectueuses, des compliments d'hommes voulant s'attirer mes faveurs, en plus de leurs baisers incessants sur ma main. J'avais également eu droit à des regards déplacés, haineux, admiratifs quelques fois, chaleureux dans de très rares cas, mais je n'avais pu déceler qui parmis eux avait été réellement honnête.
Et je détestais cela.
Je n'avais pas eu l'impression de parler à des humains.
Et l'on ne m'avait pas regardé comme telle non plus.
Aussi, nombre d'entre eux n'avaient pu conserver leurs questions pour eux. La plupart en avait posé sur Ryuu, d'autres sur moi, et certains sur Hiro. En effet, celui-ci avait eu droit à de multiples interrogations en plus de regards négligeants.
Cependant, et je l'admirai pour cela, il n'avait pas bronché une seule fois et n'avait pas failli à sa tâche.
Nous étions tous les deux restés respectueux, peu importait la personne qui nous adressait la parole, et surtout de quelle manière.
D'une certaine façon, j'étais fière de nous.
Or, à présent, je me sentais sale.
Sale de leurs regards si haineux.
Sale de leurs pensées qui, quelques fois je le devinais, n'avaient rien décrit de décent à mon égard.
Ni même envers Ryuu, ses parents et Hiro.
J'avais ressenti de la jalousie par des femmes.
Du désir par des hommes.
Je n'aimais pas la cour.
Je n'aimais pas cela du tout.
Or, tandis que nous attendions une énième calèche dans la journée, Hiro et moi avions fini par apercevoir Aïko et Yukio sortir du palais.
Tous deux avaient arborés des sourires sur leur visage, surtout ma belle-mère.
Celle-ci tournait sur elle-même, les mains devant sa poitrine, tout en descendant les marches.
Je n'avais su ce qui leur avait valu une telle bonne humeur, or j'avais rapidement compris que cet enthousiasme n'était pas partagé.
Ryuu avait fini par sortir du palais à son tour, les mains dans les poches, la tête rivée vers le sol et le regard vide.
Immédiatement, je m'étais inquiétée.
Pourquoi s'était-il trouvé dans un tel état ?
Hiro, lui, s'était retourné vers l'entrée de la cour afin de ne pas le voir ainsi plus longtemps.
Je le comprenais.
Cela avait été douloureux.
Ma belle-famille et mon mari avaient ensuite fini par s'en aller, en direction de leurs habitations.
J'avais imaginé qu'ils étaient partis se changer, et surtout se soigner, mais je ne les avais pas revu depuis.
Ainsi, mon cœur était lourd.
Je ne savais si Ryuu avait pris le temps de se procurer des soins, dont il avait visiblement besoin.
Après cela, Hiro et moi avions repris les accueils d'invités.
D'ailleurs, j'avais eu le plaisir de revoir Sasaki, qui lui n'avait pas perdu de temps pour me rappeler mon ancienne appartenance à une classe inférieure. Il était ensuite parti vers le palais en murmurant des pensées désagréables envers mon mari.
Nous en avions fini vers la fin d'après-midi, exténués. Nous avions ensuite été tous deux congédiés durant un très bref moment, afin de nous reposer pour le reste de la soirée qui s'annonçait très longue.
Miwa en avait profité pour arranger ma coiffure, qui pourtant n'avait pas bougé, et s'assurer que tout était parfait. Celle-ci avait d'ailleurs pris le temps de m'expliquer en quoi consisterait le reste de la journée.
Un énorme banquet aurait lieu, avec l'ensemble des invités qui étaient présents à la cour.
De ce fait, je serais confrontée à eux, mais la gouvernante m'avait assuré que cette fois, Ryuu serait à mes côtés.
Alors d'un certain sens, j'avais hâte.
Enfin.
Nous ne nous étions pas adressés un mot ce matin, alors enfin j'allais pouvoir lui parler.
De ce fait, je marchais actuellement dans les couloirs, en direction du lieu de réception.
Il faisait à présent nuit, et je pouvais entendre les rires des courtisans au loin au fur et à mesure que j'approchais.
Cependant, je sentis mon cœur accélérer.
Premièrement car je devrais à nouveau supporter des regards et des paroles haineux, en plus de devoir me méfier des invités qui tenteraient de m'approcher de bien trop près.
Et deuxièmement, car-.
Je serai avec lui.
Je me sentis sourire rien que d'y penser, mais je fus brutalement sortie de mes distractions par une main venant se poser sur mon poignet et me tirant en arrière.
Je me tournai alors, d'abord apeurée et craignant que cela soit une personne mal-intentionnée, mais je fus surprise de reconnaître l'impératrice.
Que lui prenait-elle ? Et pourquoi n'était-elle pas déjà au banquet ?
Celle-ci m'entraîna dans les couloirs sans dire un mot, et je ne dis rien non plus.
Elle me conduisit vers un escalier, et nous montâmes toutes deux à l'étage.
Ensuite, elle me guida durant quelques minutes dans le silence le plus complet, jusqu'à arriver devant deux portes coulissantes. Celle-ci les ouvrit et me fit entrer, avant de refermer derrière moi.
Immédiatement, je fus subjuguée par la pièce.
Autour de nous se trouvaient d'innombrables robes magnifiques tenant sur de somptueux cintres, toutes aussi sublimes que onéreuses les unes que les autres.
Des paravents se trouvaient également dans la pièce, mais rapidement je fronçai les sourcils en me tournant vers l'intéressée.
Que faisions-nous là, au juste ?
Nous allions être en retard, et j'avais pu constater ce matin que ne pas être à l'heure était très mal vu.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant