Miwa et moi entrâmes dans la maison des servantes.
L'habitation était calme, du fait que les personne y vivant étaient sûrement en train de se reposer. J'imaginais qu'elles étaient très épuisées. De plus, leurs tâches augmentaient au fur et à mesure que nous approchions de mois plutôt festifs, annonçant les fêtes.
Nous nous déchaussâmes dans l'entrée et je suivis la gouvernante jusqu'à la salle à manger.
Celle-ci sembla surprise en s'apercevant que la pièce était vide. Je vis, sur la table au milieu, quatre tasses posées, indiquant que Chinatsu et Hiro devraient être présents.
Cependant, Miwa alla tout de même s'installer, alors je fis de même. Je m'assis à sa gauche et la femme me servit du thé.
Je la remerciai et nous attendâmes le couple.
J'imaginai qu'ils s'étaient mis à l'écart pour avoir un moment à eux, d'autant plus que ces moments étaient précieux et rares.
Je ne pouvais même pas envisager la douleur que devait ressentir Chinatsu. Elle aimait et entretenait une relation avec un homme de haut rang qu'elle ne voyait que très peu.
Ce devait être si dur.
Et dans un certain sens...j'avais l'impression de la comprendre.
Pourtant je n'étais pas dans cette situation.
Ils étaient un vrai couple, tandis que le mien avec Ryuu n'était que purement factice.
Mais...j'étais ici pour savoir si il allait bien, était-ce ainsi que l'on agissait pour un ami ?
S'inquiétait-on autant pour un ami ?
Ressentions ce genre de sentiment pour un ami ?..
Je sortis de mes pensées en m'apercevant que Miwa avait le regard rivé sur ma bague. Celle-ci, après avoir remarqué que je l'avais vu, soupira :-Excuse-moi, je...
Sa gorge se noua.
Elle était émue, elle ne pût continuer sa phrase.
Elle considérait Ryuu comme son propre fils, alors je devinais que cette alliance signifiait beaucoup à ses yeux.
Il avait grandi, oui.
Il était marié.-J'aimais beaucoup le taquiner là-dessus, lorsqu'il était petit. Avoua la gouvernante.
Je ne pus me retenir de sourire.
J'aurais voulu voir son visage, à ce moment-là.
Les expressions qu'il avait dû faire.
Il était sûrement adorable, bien qu'il l'était encore aujourd'hui.
Non !
Non, non !
Je ne devais pas penser ce genre de choses, cela était devenu une habitude que je devais faire disparaître au plus vite si je voulais avoir une chance de mettre fin à ses jours !-Quand je le faisais, il rougissait et secouait la tête en répétant que cela n'arriverait jamais. Continua la femme en souriant.
Son regard était perdu dans le vide tandis qu'un sourire embellissait son visage. Ce devait être un des souvenirs de Ryuu qu'elle chérissait.
Et à vrai dire, il rougissait encore. Je ne l'avais vu que très peu de fois, peut-être deux, mais à chaque fois que cela s'était produit, mon corps...
Y avait réagi ?..
J'avais le sentiment d'avoir ressenti quelque chose de particulier lorsqu'il avait été ainsi, et d'avoir même...
Apprécié ?..
Non, peu importe.
Et puis, pour ce qui était du fait que cela n'arriverait jamais, il n'avait pas eu tout à fait tort. Il m'avait avoué que personne n'aurait normalement pu l'épouser et que notre mariage résultait d'une raison inconnue.
Une raison que je découvrirai, bien sûr, mais pour l'instant elle restait mystérieuse, à mes yeux et à ceux de mon mari.-Ça me rend nostalgique de voir qu'il est bien marié, à présent. Et amoureux, qui plus est... dit-elle.
"Amoureux"
Je n'imaginais même pas comment il agirait si il l'était réellement.
J'avais déjà l'impression qu'il était plus qu'adorable envers moi, une femme qu'il ne connaissait pas il y a encore trois mois, alors comment était-il en ressentant de l'amour ?
Je sentis mon cœur palpiter à cette pensée, et je me raidis instantanément.
Je ne voulais pas le savoir.
Heureusement, cette discussion prit fin dès lors qu'une porte se mit à coulisser pour laisser entrer Hiro suivit de Chinatsu.
Or, mon soulagement ne dura pas.
Les yeux de mon amie étaient humides tandis que ses joues étaient rouges, signe qu'elle venait tout juste d'arrêter de pleurer.
Cette vue me brisa le cœur. Ne devait-elle pas être heureuse du fait de la présence de son amant ?
Miwa, elle, ne perdit pas de temps pour se lever et se diriger vers sa fille de cœur, inquiète.
VOUS LISEZ
La nuit où je te tuerai
Genç KurguLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...