Chapitre 87

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J'avais sous-estimé cette cérémonie.
Du moins, j'avais particulièrement sous-estimé ses effets.
Une semaine s'était écoulée, et tous agissait comme si cet événement s'était déroulé hier.
J'aimais omettre la colère de l'empereur encore bouillonnante à ce sujet, or celui-ci continuait à privatiser mon mari malgré tout.
La seule chose "positive" que cette journée aura apporté, c'était le traitement de Ryuu que Miwa m'avait donné, il y a de cela quelques jours à peine.
Et d'ailleurs, je n'avais eu l'occasion de lui parler.
Non, elle m'avait seulement remis discrètement ce que son mari avait préparé pour mon époux, puis elle était partie sans attendre.
Or, ce n'était pas seulement elle, mais l'ensemble des servantes.
Chacune me lançait d'horribles regards de travers sans dire un mot, me toisant d'un air haineux et méprisant.
L'une d'elle avait même eu l'audace de cracher à mes pieds en passant à côté de moi, afin de me faire comprendre son aversion envers ma personne.
Si jusqu'à maintenant leur haine envers moi n'avait été attisée que par les actes de Ryuu, alors il était clair qu'à présent c'étaient mes propres actions qui avaient suscité leur rancœur.
Seulement, en réalité, je n'avais rien fait de mal.
Du moins, pas encore.
Depuis mon arrivée à la cour, j'avais désespérément construit un environnement dans lequel je pouvais m'apaiser de la lourdeur du meurtre que je préméditais.
Un lieu où j'étais entourée, bien que temporairement, d'amies et de personnes auprès desquelles je pouvais oublier les désirs de mon père.
Et cet endroit, qui était le pavillon des servantes, ne voulait plus de moi.
Enfin, c'était ce que m'avait fait comprendre Atsuko qui, le jour suivant la cérémonie, était venue m'avertir.
Celle-ci n'émettait aucune rancune envers moi. Au contraire, elle me regardait et me considérait comme avant.
À ses yeux, j'étais encore son amie et aux miens, je la voyais de la même manière.
Ainsi, la jeune fille m'avait conseillé de ne pas revenir au pavillon avant un petit moment, dûes à certaines tensions y régnant.
À contrecœur, je l'avais écouté.
J'en avais assez fait.
Mise à part elle, Chinatsu s'était peu à peu remise à me parler normalement.
Elle qui s'était éloignée à l'approche de la cérémonie avait effacé cette distance, maintenant qu'elle était derrière nous.
Son amitié m'avait rassuré. Je ne voulais perdre des amies qui m'étaient chères.
Or, quant à Yoko, je ne l'avais pas vu.
Ni à la cérémonie, ni même après, je ne l'avais pas croisé une seule fois, ce qui m'inquiétais.
Allait-elle bien ?
Pourquoi ne se montrait-elle pas ?
Ses crises s'étaient-elles empirées ?
D'après Miwa, la jeune femme allait de plus en plus mal, et je ne pouvais m'empêcher d'émettre des craintes à son sujet.
Et malgré tout, malgré le fait que mon père me demanderait d'y être insensible, que cela ne pourrait que me perturber dans mon travail, j'avais le besoin de m'informer.
De plus, je ne voulais plus me sentir rejetée par celles que je considérais énormément, et celles qui m'avaient offert un lieu où m'évader, ne serait-ce que l'instant de quelques minutes.
Ainsi, aujourd'hui, ce soir, au dépit de l'avertissement d'Atsuko, je me tenais là, devant cette porte, pour la première fois anxieuse à l'idée d'y entrer.
Cependant, si je ne voulais perdre ce que j'avais bâti, il me fallait faire face à celles qui, à présent, me haïssaient ouvertement.
Et surtout, affronter leurs paroles à mon sujet.
Seulement, j'étais à la cour depuis six mois, et même si parfois cela restait très dur à supporter, je m'étais un tant soit peu endurcie.
Cela m'atteignait encore, oui, mais moins.
J'avais bien plus de facilité à passer outre, désormais.
Alors, c'est avec le cœur battant que je frappai à la porte.
Et je n'eus à attendre longtemps.
Celle-ci s'ouvrit, une dizaine de secondes plus tard, et je découvris, par je ne sais quel miracle, Atsuko.
La jeune fille ne pût renfrogner une mine surprise en m'apercevant.

-Ume, que fais-tu là ? Questionna-t-elle à voix basse.

Le fait qu'elle s'efforçait à dissimuler ma présence me pinça le cœur.
N'étais-je réellement plus la bienvenue ?

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant