Chapitre 67

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Nous étions quelques heures plus tard.
Le dîner s'était terminé très tard, du fait de longues conversations entre mes beaux-parents et l'empereur, qui avaient réussi à se détendre après ce léger moment tendu.
Ryuu n'avait pas prononcé une seule parole durant tout le reste, et n'avait pas non plus touché à son assiette.
De plus, je me demandais toujours ce qu'il cachait, sous ses gants. Surtout après cette soirée.
Peut-être était-ce en rapport avec sa perte d'appétit, puisqu'Aïko avait subitement lâché le sujet après avoir vu sa main.
D'ailleurs, celui-ci n'était qu'à quelques mètres de moi.
Comme la première fois, ses parents avaient tenu à ce que nous restions chez eux pour la nuit, alors nous nous trouvions dans la même chambre.
Sur des futons éloignés loin de l'autre.
Cela faisait déjà plus d'une heure que nous étions là et que je fixais le plafond, incapable de m'endormir.
Comment pouvais-je bien trouver le sommeil après tout ce qu'il s'était passé ? De plus, ma culpabilité me rongeait, et sa présence me déstabilisait.
Je ne savais quoi faire.
Mon esprit pensait à beaucoup de choses à la fois, mais je finis par tourner la tête vers lui, pour la première fois depuis que nous étions seuls dans cette pièce.
Ryuu était dans son futon, en t-shirt bien sûr, les bras derrière la tête, et scrutant lui aussi le plafond.
Nous voilà enfin un point commun idiot.
Je l'observai sans oser dire quoi que ce soit, ne voulant pas ruiner sa paix.
Il était enfin en pause.
Je ne savais pas quand avait eu la dernière, mais elle devait remonter à un moment maintenant.
Pourtant, celui-ci ne tarda pas à se redresser.
Il ne dit rien, et j'en étais plutôt perplexe.
Que faisait-il ?
Celui-ci resta assis, finissant par fermer les yeux, puis les rouvrant quelques secondes après.
Je remarquai son souffle s'accélérer puis ralentir, tandis qu'il posa ses mains, toujours gantées, sur sa tête.
Ensuite, il posa son bras droit sur le mur en refermant légèrement ses doigts sur ses cheveux.
Il était anormalement agité, et cela m'inquiétai.

-Quelque chose ne va pas ? Questionnai-je en me redressant.

Ryuu ne tourna pas la tête vers moi.
Il reposa ses bras devant lui avant d'esquisser son sourire habituel.

-Oui, pourquoi ça n'irait pas ? Répondit-il.

Pensait-il que j'étais si naïve que cela ?
Quelque chose n'allait pas, je le savais et ça se voyait.
Actuellement, ce n'était pas qu'il ne voulait pas dormir : c'était qu'il ne le pouvait pas.
Et je comprenais facilement que cela était dûe à sa santé qui se montrait de plus en plus défaillante.

-Tu ne fais que bouger.

-J'ai juste chaud, t'inquiète pas.

J'haussai un sourcil.
Je n'y croyais pas une seule seconde. Lorsque l'on avait chaud, ce n'était pas ce genre de comportement que l'on adoptait.
Il avait mal.
Rien de plus.
Rien de moins.
Il souffrait mais s'entêtait à ne rien dire.
Et je ne pouvais l'aider si je ne savais ce qu'était le réel problème.
D'ailleurs, celui-ci finit même par se lever.
Je le regardai faire tandis qu'il se dirigea vers la porte de la chambre avant de la faire coulisser et de la refermer derrière lui.
Il ne me fallut que quelques secondes pour décider de me lever à mon tour.
Guidée par ce sentiment permanent, il me força à m'assurer de son état.
Je sortis alors à mon tour, et le vis enfiler une cape autour de ses épaules avant de m'en tendre une.
Je le fixai, perplexe.

-Que fais-tu ? Questionnai-je.

-J'ai besoin de prendre l'air, et tu viens avec moi, non ?

Je restai silencieuse.
Bien sûr que je venais.
Nous nous étions enfin retrouvés et nous avions encore plusieurs heures devant nous.
Je n'allais pas perdre une telle occasion de récupérer des informations à son sujet.
Et de passer du temps avec lui.
Je pris donc le vêtement et l'enfilai.
Mais était-ce nécessaire de nous cacher ? Nous étions à la cour, nous ne risquions rien.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant