Chapitre 46

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Le bruit de mes pas résonnait entre les solides murs de pierre. La seule source de lumière provenait des torches brûlantes accrochées aux parois. Le couloir s'étendait devant moi, je n'en voyais même pas le fond.
C'était étonnamment calme.
Pas un seul garde ne se trouvait là, seuls deux soldats surveillaient l'entrée des cachots, qui se trouvaient être sous le palais. J'avais été étonnée qu'ils ne me demandent pas la raison de ma venue, mais soit, c'était bien mieux ainsi.
Je passai devant plusieurs cellules vides dont les barreaux avaient commencé à rouiller, à la recherche d'un seul prisonnier. Mes pas et ma présence étaient uniquement guidés par ma haine et mon désir de vengeance. Je ne devrais sûrement pas être fière de mes motivations, et je ne l'étais pas, mais cela m'importait peu.
Même si il allait être puni, j'avais besoin de défouler ma frustration. Mon père désapprouverait sûrement, il donnerait raison à cet homme. Je pouvais revoir le regard de mon paternel me foudroyer mais cette pensée, cette fois, ne me fit aucun effet.
J'étais guidée par autre chose.
Quelque chose me motivait, et même si je ne pouvais pas mettre le doigt dessus, cette chose me poussait à avancer.
Je finis par m'arrêter en entendant un bruit, comme si quelqu'un grattait un cailloux contre le sol de pierre. Je tournai la tête vers la cellule de gauche que je n'avais pas encore atteinte, et la vue de son détenu suffit à m'enflammer.
Ma colère prit de nouveau le dessus, mais je restai immobile. Pour l'instant, je ne pouvais pas l'atteindre. Il se trouvait au fond de sa cellule et les barreaux m'empêchaient malheureusement de l'atteindre.
Mais je ne quitterai pas cet endroit lugubre sans être satisfaite.
L'homme leva la tête vers moi et lâcha le cailloux qu'il grattait contre le sol d'un air las. Un sourire s'épanouit sur son visage, donnant pour effet de m'enrager encore plus.
L'assaillant de mon mari émit un petit rire et me regarda de haut en bas.

-Je n'aurais jamais pensé qu'une dame telle que vous tienne à me rendre visite. Dit-il d'un air moqueur.

Je ne répondis rien.
Je le fixais simplement, l'envie de lui faire regretter son geste me tiraillant les doigts.
Du coin de l'œil, je vis les prisonniers des cellules suivantes se rapprocher des barreaux afin de voir ce qu'il se passait.
Nombre d'entre eux restèrent bouche-bée en me voyant.
Était-ce cela, l'effet que je produisais, à présent ?

-Venez-vous me demander de confirmer que votre mari est infidèle ? Je préfère vous le dire, je ne suis pas expert en ce qui concerne les relations conjugales. Continua celui que je haissais.

Je restai toujours silencieuse, mais je pris énormément sur moi pour me rapprocher de sa cellule. Celui-ci me suivit du regard, de même pour les autres hommes qui étaient très certainement les trois autres qui nous avaient poursuivis.
L'homme prit la peine de se lever dans un long soupir mais resta adosser au mur du fond, dans une posture nonchalante.
Il faudrait qu'il se rapproche.
Il fallait que mes mains puissent l'atteindre.

-Je suis dans le regret de vous apprendre que vos doutes sont fondés : votre époux vous trompe. Mais entre nous, est-ce étonnant ? De sa part, il ne fallait pas s'attendre à grand chose.

Comment tromper quelqu'un avec qui nous n'étions même pas ?
Mais ce n'était pas le sujet.
Je n'avais pas aimé la manière dont il avait osé parler de Ryuu, cela n'avait fait qu'attiser le feu de colère qui brûlait en moi.
J'essayai de contenir ma rage afin de paraître inoffensive et articuler mes quelques premières paroles :

-Quel est votre nom ?

Oui, j'aurais pu dire des centaines d'autres choses, mais je tenais à savoir le prénom que portait l'agresseur de mon mari.
Sinon, comment pourrais-je nommer sa pauvre tombe ? Même si, personnellement, je préférais que son corps gise dans une fausse commune.
Celui-ci fronça les sourcils, surpris de ma question. Ses semblables ne parlaient toujours pas, ils n'osaient pas.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant