Chapitre 69

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Je ne faisais que repenser à l'altercation entre Yoko et Aïko qui ne datait que de quelques jours tandis que je patientais.
Cette histoire de cri me donnait le sentiment que quelque chose d'important s'était produit, d'autant plus d'être un souvenir douloureux.
Peut-être que cela était à l'origine des multiples crises de la jeune servante, or ce n'était qu'une hypothèse.
Une hypothèse dont je vérifierai la véracité tôt ou tard.
De plus, et pour sûr, avoir conscience de cet événement m'apporterait sûrement des informations concernant ma belle-mère.
Étant également ma cible, il fallait que je m'informe à son sujet le plus possible. Or, cette famille avait la capacité d'être particulièrement discrète sur tout ce qui les concernait.
Je n'avais seulement constater une partie des capacités d'Aïko, et cela avait suffit pour démontrer à quel point elle était talentueuse.
Je baissai alors mon regard vers ma bague de fiançailles, que je retirai. J'étais actuellement à Tokyo, il ne fallait pas que l'on puisse me repérer.
Et puis, si cet inconnu s'apercevait de mon union, cela détruirait les efforts que j'avais fait ces derniers mois pour acquérir sa confiance.
Celui-ci m'avait envoyé une lettre, me demandant de le rejoindre une énième fois à cette fontaine.
Je n'avais pas eu le choix, et j'avais pris énormément de risques pour me présenter.
Quitter l'enceinte du palais alors que mes beaux-parents s'y trouvaient ? Cela rendait tout bien plus compliqué.
J'avais donc attendu tard afin d'être persuadée qu'ils dormaient, mais mes sens avaient été en alerte jusqu'à ce que je rejoigne la ville.
Personne ne m'avait vu, et c'était parfait.
Je plongeai mon alliance dans ma poche avec un pincement au cœur que j'ignorai.

-Sommes-nous le dix-sept, demain ? Questionna un homme qui passa devant moi.

Je baissai davantage la tête afin de cacher mon visage sous mon chapeau, de peur de me faire remarquer.

-Il me semble, il va y avoir de l'ambiance au palais.

Et tandis qu'ils s'éloignèrent, leur conversation résonna dans ma tête.
Le dix-sept ?
Et si ce jour impliquait une certaine ambiance, assez pour être discutée, cela voudrait-il dire-.

-Bonsoir, Akinori. Coupa une voix que je reconnus.

Je tournai la tête et la relevai tout juste assez pour ne pas qu'il ne me voit.
L'homme de Tokyo se tenait debout, à côté de moi, toujours habillé en blanc.
La seule différence était que sa barbe était maintenant fraîchement rasée, donnant ainsi une meilleure vue sur son sourire que je n'appréciais toujours pas.
Je m'inclinai alors devant lui, et celui-ci fit de même en plaçant sa main sur son chapeau qui lui couvrait lui aussi le haut du visage.

-Comment vous portez-vous depuis la dernière fois ? Questionna-t-il en se redressant.

Si l'on oubliait le mal que j'avais à avancer dans ma mission, et le fait que Ryuu me manquait affreusement, ce qui ne faisait qu'accroître ma culpabilité et ma haine, alors tout allait bien.
Je me contentai de lui rendre son sourire.

-Très bien, et vous ?

Celui-ci acquiesça en souriant de plus belle.
Puis, il passa son bras autour de mes épaules, me prodiguant des frissons de dégoût.
Je n'aimais pas que l'on me touche, alors qu'avaient-ils tous à le faire ?
Cette seule pensée me remémora le soir où j'avais voulu retenir Ryuu de s'en aller.
Je tenais à ce que personne ne me touche, oui.
Personne.
À une exception près.
Or, je revins très vite à mes esprits dès lors que l'homme se mit à marcher, me guidant donc avec lui.

-Où allons-nous ? Questionnai-je en me retenant d'exprimer mon dégoût.

-Vous verrez. Ce soir va être magnifique. Dit-il.

Contrairement à lui, cela ne me rassura pas le moins du monde.
Que voulait-il par là ?
Où allions-nous ?
Et qu'allions-nous faire ?
Je commençai à appréhender. Malgré tous ces rendez-vous, je ne connaissais pas cet homme.
Je ne savais rien de lui, pas même son nom.
Et cette fois, si quelque chose arrivait, Ryuu ne serait pas là pour me sauver.
Or, je me ressaisis.
J'avais été entraînée, et ce intensément durant des années !
Je n'avais pas à avoir peur.
Je n'avais pas à être défendue.
Tant que mon adversaire n'était pas mon mari, alors tout devrait bien se passer.
Et puis, cet homme était mon allié, non ?
D'ailleurs, celui-ci me guida jusqu'à arriver devant un bar bondé.
Seulement de l'extérieur, je pouvais voir à quel point il était rempli.
Et tout juste avant que l'on ne rentre dedans, j'eus le réflexe de poser ma main sur mon chapeau afin de ne pas le perdre.
Je ne prendrai aucun risque.
Pourtant, je pouvais sentir mes inquiétudes monter en moi.
Je n'aimais pas ce genre d'endroit.
L'inconnu se faufila entre les nombreux hommes, m'entraînant avec lui.
Savoir qu'autant de personne pouvaient découvrir qui j'étais me terrifiait.
Si ils l'apprenaient, comment m'en sortirais-je face à autant d'adversaires ?
Surtout que certains d'entre eux étaient ivres, ce qui ne feraient que multiplier leur nerf.
Heureusement, nous ne restâmes pas longtemps autant entourés. En effet, nous allâmes derrière le bar et le gérant, en nous voyant, tapa le sol avec son pied.
Ainsi, il ouvrit une trappe donnant sur des escaliers sombres et étroits.
Je m'arrêtai alors.
J'avais déjà compris.
Il fallait que je descende, mais le devais-je réellement ?
J'avais conscience que je devais prendre n'importe quel risque pour mener ma mission à bien, et que j'étais en capacité de me défendre, mais tout de même.
Je ne pouvais éliminer ma peur.
C'était humain, après-tout.
Or, l'inconnu me désigna le passage qui venait d'être découvert.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant