Chapitre 37

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J'observai les fleurs bleues se trouvant dans le jardin de la maison des servantes. Celles-ci se balançant au gré du vent, tandis que le soleil commençait lentement à se coucher.
Je trouvais leur couleur plutôt jolie, je comprenais pourquoi elles avaient attiré Ryuu.
Je tournai la tête vers la barrière, se trouvant quelques mètres plus loin.
Quelque chose s'était produit, ici.
Il y a dix ans.
Maintenant que j'en avais conscience, j'avais l'impression de porter plus d'attention à ce qui m'entourait. Je n'y pensais pas, mais des vies s'étaient écoulées ici. De ce fait, toutes sortes d'événements étaient arrivés.
Toutes sortes d'émotions se sont faites ressentir.
Des plus heureuses, comme des plus tristes.
Comme le sort tragique de Fuyo. Cette scène s'était aussi produite à une trentaine de mètres de là où je me tenais.
Yoko vint s'asseoir à côté de moi. Nous étions sur la terrasse, tandis que quelques servantes commençaient à rentrer pour se reposer.

-Ça a été une longue journée. Dit mon amie en observant les fleurs bleues à son tour.

Certes, mais j'avais pu récolter des informations.
J'en étais très satisfaite, même si je m'en voulais encore d'avoir forcé Miwa à revivre de douloureux souvenirs.
Et je préférai éviter de me remémorer la discussion que j'avais eu avec les courtisanes. Je ne voulais pas perdre mon temps avec cela.

-J'imagine que tu as fini. Répondis-je.

Celle-ci hocha la tête.

-Oui.

Nous restâmes silencieuses.
Je tournai le regard vers la jeune femme. Yoko avait le regard vide, plongée dans ses pensées.
Elle avait un air triste.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Voulus-je savoir.

-Un nouveau prétendant. Encore. Avoua-t-elle en baissant la tête.

À ce que je pouvais constater, ce n'était pas dans les projets de ses parents de la laisser tranquille à ce sujet-là.
Je ne savais pas comment je pouvais l'aider, mais elle méritait d'être soutenue.

-Je ne sais pas encore combien de temps j'ai devant moi avant qu'ils ne me forcent à épouser un homme dont je ne veux pas. Reprit-elle.

Il était vrai que pour le moment, ils ne faisaient que lui présenter divers prétendants, mais ils pourraient très bien ne pas lui laisser le choix.

-Qu'est-ce qui te dérange, dans l'idée de te marier ? Questionnai-je.

J'aimerais beaucoup l'aider, mais je ne pourrais rien si je n'avais aucun détail.
Je ne lui demandais pas de me dire la raison précise, mais au moins de m'éclairer un peu à ce sujet.
Yoko prit un petit temps avant de me répondre, comme si elle avait bien réfléchi à sa réponse :

-C'est au-dessus de mes forces.

J'avais l'impression de percevoir de la douleur dans ses mots.
Ça lui faisait de la peine.

-Je t'admire, tu sais. Continua la jeune femme.

Je fronçai les sourcils.
Qu'avais-je fait ?
Et puis, ce genre de compliments commençait à me mettre mal à l'aise. Je n'avais rien fait de particulier.

-J'aimerais pouvoir faire comme toi et épouser celui que l'on m'ordonne. Mais je ne peux pas.

Si je l'avais fait, c'était pour un objectif bien plus sombre que celui d'être simplement mariée.
Ce n'était pas la première fois que l'on me faisait cette remarque.
Avais-je du courage ?
Étais-je forte ?
Non.
J'étais seulement obéissante envers mes parents.
Rien de plus.
Je me sentais coupable de paraître comme une aussi bonne personne. Cette image ne coïncidait pas avec la réalité.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant