Chapitre 65

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Comment ?
Nous allions voir Ryuu ?
Là ?
Maintenant ?
Non.
Non !
Je n'avais pas eu le temps de me remettre d'hier !
Je n'avais pas eu le temps d'oublier !
Encore maintenant, quand ces images traversaient mes esprits, mon corps y réagissait !
Je ne pouvais nier que oui, il me manquait, mais malgré ça je ne voulais pas le voir.
Je ne voulais pas !
Je ne pouvais pas.
Pas maintenant.
Je ne demandais que quelques jours au moins, le temps de remettre mes idées en place.
Je culpabilisais énormément et de plus en plus, rien qu'en pensant à cela.
Mais malheureusement, cette mission, ce rôle m'obligeait à être parfaite.
La belle-fille parfaite.
Cela serait suspect de ma part de refuser de voir mon propre mari, alors que nous étions censés nous aimer.
Alors, même si ce serait dur, j'allais devoir le faire.
Surmonter sa vue, qui ne m'était pas si désagréable qu'il le faudrait.
Hormis cela, un autre détail attirait mon attention : comment mes beaux-parents savaient-ils où leur fils se trouvait sans que personne ne le leur ai dit ?
Ils venaient tout juste d'arriver, seuls Hiro et moi les avions accueilli et pourtant, à la vue de leur démarche assurée, il était clair qu'ils savaient exactement où ils se dirigeaient.
Ils n'émettaient aucun doute quant à la direction qu'ils prenaient. Au contraire, ils étaient sûrs d'eux.
Et d'ailleurs, je ne tardai pas à reconnaître le chemin que nous étions en train de suivre.
Je l'avais moi-même déjà emprunté et mémorisé il y a maintenant plusieurs mois.
Je ne comprenais pas.
Pourquoi allions-nous là-bas ?
Espéraient-ils vraiment y trouver Ryuu ?
Oui, cela ferait sens : là où se trouvait l'empereur se trouvait mon mari.
Mais tout de même, si nous nous penchions sur la chose : si ils étaient réellement dans cette pièce, alors qu'est-ce qui les avaient retenu d'accueillir Yukio et Aïko ?
Cela n'avait pas de sens.
Enfin, je décidai de ne rien dire et de simplement écouter ma belle-mère discuter tandis que nous nous rapprochions de l'endroit.
La jeune femme semblait ravie et excitée d'être à la cour, du simple fait que son fils-.
Et moi ?
Y étions également.
Et évidemment, comme la plupart du temps, mon beau-père restait silencieux, bien qu'il écoutait toute la conversation.
Or, bientôt, nous finîmes par arriver vers l'une des portes les plus gardées du palais.
En effet, de nombreux gardes se trouvaient devant la chambre de l'empereur. Pourtant, dès qu'ils nous virent approcher, tous se mirent à reculer, essayant tant bien que mal de contenir leur peur qui se voyait malgré tout chez certains.
Mes beaux-parents ne firent aucunement attention et se dirigèrent vers la porte sans aucune hésitation.
Leur comportement me rendait réellement perplexe.
Allaient-ils réellement entrer sans se faire annoncer ?
Peut-être que l'empereur était occupé !
Je ne tenais pas à entrer d'une telle manière, mais je ne pouvais leur reprocher quoique ce soit.
Mon esprit me répétait sans cesse d'être parfaite.
Je me contentai alors d'hocher la tête face aux gardes afin de les saluer, tandis que Yukio ouvrit la porte.
Nous entrâmes alors, et j'étais à présent sûre que ce n'était pas le bon moment pour parler à l'homme d'état.
En effet, celui-ci venait de se couper dans sa phrase, mais nous avions eu le temps d'entendre un ton horriblement sévère dirigé vers l'impératrice qui avait les larmes aux yeux.
Mon cœur se brisa en la voyant ainsi.
J'imaginais que leur dispute était au sujet d'hier, du fait que la femme avait eu son rôle dans tout cela.
Or, les deux tournèrent la tête vers nous tandis que les soldats refermèrent derrière nous.

-Interrompons-nous quelque chose ? Questionna Aïko.

L'empereur secoua la tête en esquissant un merveilleux sourire faussement naturel.

-Non, bien sûr que non ! S'exclama-t-il.

Ma belle-mère, sans lâcher mon bras, se pencha pour regarder à droite, puis à gauche de la suite, afin de chercher quelque chose.
Ou quelqu'un.
Son mari, lui, se mit à sourire en voyant l'impératrice.

-Vous êtes bien sensible, madame. Dit-il.

Le ton qu'il avait employé me semblait légèrement moqueur.
Cependant, je n'en étais pas sûre.
Mes beaux-parents étaient adorables, alors je ne voyais pas pourquoi Yukio ferait une quelconque reproche, surtout envers quelqu'un de supérieur.
Celle-ci ne répondit pas.
Ses mains, qui étaient l'une dans l'autre, tremblaient, même si elle essayait de le dissimuler.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant