Chapitre 45

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Nous étions le lendemain, et il était très tôt.
L'aube venait tout juste de se lever, et le ciel était d'un bleu rougeâtre. Il était magnifique.
Je m'étais recueillie dans une pièce dédiée à la prière, se trouvant vers l'entrée de palais. Je n'étais pas particulièrement croyante, je voulais seulement me reposer dans un endroit calme et où l'ambiance y était tranquille.
Les rayons du soleil qui se levait pénétraient dans la pièce, atterissant sur la petite statuette devant moi.
Avant de sortir de chez Ryuu, j'avais bien sûr pris le soin de maquiller les marques de mes multiples châtiments corporelles que j'avais reçu hier. En effet, un bleu se formait sur ma joue et ma gorge était entourée d'énormes marques rouges vives. Si j'avais osé sortir dans un tel état, l'on aurait cru que le coupable était Ryuu.
Or, il n'y avait été pour rien.
Au contraire, il aurait empêché cela.
Maintenant, sa pensée m'était douloureuse. Je devais me débarrasser de lui, même si je n'y tenais pas.
Je voulais être à ses côtés, mais en serais-je capable, désormais ? Me tenir prés de lui serait insupportable, je ne ferai que penser aux menaces de mon père.
Je ne pus retenir une larme qui roula sur ma joue.
J'étais désespérée.
Triste.
Seule.
Et le pire, c'était que je ressentais déjà un manque, du fait de l'absence de Ryuu.
J'avais l'impression de me trouver en enfer, or je savais que pire m'attendait si je ne faisais pas ce que mon père m'ordonnait tant. Un bruit provenant de ma droite me fit tourner vivement la tête et mon regard croisa celui de l'impératrice, se trouva juste à l'entrée de la pièce.

-Je ne pensais pas que tu étais de si bon matin, Ume. Dit-elle d'une voix douce.

Je ne répondis rien et essuyai rapidement la larme qui s'était faufilée le long de ma joue non maquillée.
La jeune femme vint s'asseoir près de moi. Elle se mit d'abord à prier et pendant ce moment, je me sentis coupable de perturber ce temps sacré. Elle finit par faire comme moi : regarder la statue devant nous.

-J'imagine que tes parents sont partis. Reprit-elle.

J'hochai la tête, ne prenant pas la peine de lui demander comme elle avait eu connaissance de leur présence.
Je n'en avais pas la force.
Ni même l'envie.

-J'aurais été ravie de les rencontrer, mais j'ai particulièrement été occupée. Excuse-moi pour ne pas avoir pu être présente lors de leur arrivée ou de leur départ.

Je me mis à sourire du mieux que je le pus, afin de la remercier, ne serait-ce que pour en avoir eu l'envie.
C'était généreux de sa part, mais mon père ne l'aurait pas accueilli comme il l'aurait du.
Peut-être était-ce mieux, si elle ne les avait pas vu.

-Ne vous en faites pas, ce n'est rien. Murmurai-je.

Chaque mot que je prononçais me brûlait la gorge, or je n'avais d'autres choix que de faire comme si de rien n'était.
Nous restâmes là, dans le silence, pendant un court instant. L'impératrice finit par reprendre :

-Souhaites-tu que je t'informe de l'état de Ryuu ? Questionna-t-elle toujours d'un ton doux.

Je ne savais pas.
Sa pensée m'était douloureuse.
J'en avais envie, mais je devais la refouler. Il fallait que je m'éloigne de lui, ce qui s'opposait à ce que j'avais voulu faire jusqu'à maintenant.
Peut-être fallait-il que je sois loin de lui un moment, durant lequel j'en profiterais pour récolter un maximum d'informations, puis reviendrais vers lui au dernier moment afin de m'en rapprocher.
Et de mettre fin à ses jours.
Pourtant, j'hochai la tête contre mon gré.

-Il semble bien se porter. Je lui ai intimé de prendre le temps de se soigner, hier soir. Comme je ne lui porte pas une grande confiance à ce sujet, j'ai tenu à le voir faire. Je l'ai accompagné, lorsque mon mari lui a accordé une courte pause pour cela, et je ne l'ai pas quitté. Il m'a cependant demandé de ne pas l'aider et a tout fait seul. Il a retiré d'innombrables bouts de verre qui s'étaient logés dans ses pieds et je lui ai expressément demandé de s'occuper de son dos. J'avoue avoir grandement insisté là-dessus, et j'imagine qu'il n'avait pas la tête à protester, alors je peux également t'assurer qu'il a pris soin d'enrouler quelques bandages autour de lui, même si j'aurais voulu qu'il prenne le temps de bien s'en occuper. Je ne l'ai pas encore vu aujourd'hui, mais j'espère avoir pu t'aider le plus possible à ce sujet.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant