Chapitre 70

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Je n'avais que très peu dormi.
J'avais été incapable de fermer l'œil, ma trahison me tourmentant.
Elle me hantait sans cesse, et mon cœur se serrait de plus en plus au fur et à mesure que le temps s'écoulait.
Je m'en voulais.
Je m'en voulais terriblement, au point que je souhaitais revenir en arrière, à présent.
Je ne voulais pas faire cela.
Je ne voulais pas, mais on ne me laissait pas le choix !
J'avais beau faire, beau dire et beau chercher, je ne pourrais rien contre mon père !
Je ne pourrais rien.
Rien...
Or, cela n'avait pas été la seule raison.
Alors que je venais à peine de réussir à trouver le sommeil, l'on avait toqué à ma porte.
C'est pourquoi je me retrouvai à descendre les escaliers, juste avant l'aube.
Il était très tôt, je ne comprenais pas pourquoi l'on venait me chercher maintenant.
Puis, alors que j'allais poser ma main sur la poignée, je me figeai.
Nous étions le dix-sept.
Et si je n'avais pas tort...
J'ouvris alors la porte, afin d'être sûre de mon hypothèse.
Et elle s'avéra avérée.
Miwa, Chinatsu, Yoko, Atsuko et Saori entrèrent dans la maison, toutes chargées.
Deux d'entre elles transportaient un long sac qu'elles tenaient à l'horizontale, une autre en avait un deuxième plus petit et les dernières avaient des paniers dans les bras.

-Excuse-nous de te réveiller, Ume. Commença la gouvernante tandis que je refermai derrière elles.

Non, ce n'était rien.
Après-tout, ce n'était pas comme si j'avais été en plein milieu d'un sommeil profond.
"Somnoler" était sûrement un terme plus juste.
Atsuko, elle, fit quelques pas dans l'entrée, émerveillée et le regard rivé sur l'étage. Puis, elle lâcha ses paniers en sautillant.

-Woooh ! J'étais jamais venue ici ! Est-ce vraiment ici que vit le général ?! S'exclama-t-elle.

La plus petite avait énormément d'énergie malgré l'heure, or il semblait que ce soit le contraire pour Chinatsu et Saori. Les deux jeunes femmes avaient du mal à garder les yeux ouverts et semblaient résister à la tentation de dormir debout.
Yoko, elle, arborait un air neutre.
Contrairement à ce qu'elle laissait paraître, j'étais à présent sûre qu'aujourd'hui serait un jour très difficile pour elle, notamment grâce aux paroles d'Aïko.

-Calme-toi, veux-tu ? Interrompit Miwa.

L'interessée se tourna vers moi avant de venir prendre ma main d'une mine suppliante.

-Je pourrai visiter quand l'on aura fini ?

Je me contentai d'acquiescer.
J'avais une seule question en tête : qu'étions-nous censées faire, au juste ?
Heureusement, Miwa ne tarda pas à répondre à ma question, puisqu'elle reprit :

-Veux-tu bien nous conduire à ta chambre, Ume ? Nous avons beaucoup de choses à faire, et il ne faut surtout pas que nous soyons en retard.

En retard ?
Pour la cérémonie, j'imaginais.
Je ne faisais que m'interroger par rapport à ce qu'il allait se passer aujourd'hui.
Ce fameux jour était arrivé, et j'y étais encore complètement ignorante.
En revanche, et cette pensée fit palpiter mon cœur, j'allais revoir Ryuu pour sûr.
Or, la réalité de ma trahison vint balayer violemment ma courte bonne humeur.
Enfin, je ne pouvais effacer le passé.
C'était fait.
Je les conduisis alors à l'endroit où la gouvernante m'avait demandé de les mener, mais je remarquai que nous avions perdu Atsuko.
Celle-ci n'avait pas attendu et était partie dans la direction opposée dès lors que nous avions atteint le premier étage.
Cependant, je ne le lui reprochai pas.
Elle semblait être la seule parmis les servantes à ne pas être tendue, et je ne tenais pas à gâcher cette bonne humeur.
Une fois à l'intérieur de la pièce, Miwa et Yoko allèrent déposer le long sac qu'elles portaient sur mon lit avant de l'ouvrir et d'en sortir le contenu.
Puis, je le découvris.
J'en restai sans mots.
Dans leurs mains se trouvait un magnifique kimono noir, orné de nombreuses brodures argentées et fendu en deux au milieu de la partie inférieure.
Je n'allais tout de même pas porter-.
Elles le posèrent sur mon lit, et sortirent de nouveau quelque chose du sac, à ma plus grande stupeur.
Cette fois, je découvris une longue robe blanche très fine, sans manche et s'arrêtant au niveau du buste. Rien qu'à voir le tissu, je pouvais deviner que cette simple pièce valait une vraie fortune.
Puis, de nouveau, elles prirent un tout dernier vêtement.
Là, ce fut seulement une jupe, longue elle aussi, mais encore plus fine que la pièce précédente. Le tissu était presque transparent, l'on pouvait voir à travers, et il voletait facilement.
Cette fois, le sac fut bien vide, mais je n'arrivais pas à imaginer que-.
Je m'approchai pour voir toutes les pièces reposant sur mon lit, ahurie, et les effleurai du bout du doigt.
Je n'osais pas toucher de vêtements aussi onéreux, surtout le kimono qui semblait être le plus cher d'entre tous. Ma famille ne pourrait jamais s'acheter, ne serait-ce que le tissu qui avait servi pour concevoir la jupe.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant