Chapitre 82

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Je courrais.
Je courrais, le plus vite possible.
Mes pieds s'enfonçant dans la neige ne m'empêcheraient d'atteindre ce que je désirais.
Rien, ni personne ne me ralentirait.
Rien ne m'arrêterait.
Nous n'avions que très peu de temps, je l'avais moi-même constaté à la seconde où j'avais-.
Il fallait que j'accélère !
Plus vite !
Il ne pourrait vivre davantage dans un tel état !
Et ce soir, si je ne voulais que ce ne soit son dernier, je me devais de courir aussi vite que je ne l'avais jamais fait.
Aussi vite que mon corps me le permettait, et même au-delà de mes capacités !
C'était pour lui !
Pour lui !
Or, avec ma robe et du fait de ma vitesse mélangée à ma panique, je finis par trébucher dans la neige.
Cependant, je n'avais pas le temps pour cela !
Je me rattrapai avec mes mains et me relevai aussitôt, le cœur battant à la folie et des palpitations faisant vibrer l'entièreté de mon être.
Plus vite !
Pitié, que je cours plus vite !
Je finis par revenir à l'endroit où Ryuu s'était effondré, une vingtaine de minutes plus tôt.
Les gardes, maintenant qu'ils avaient subi une pression de la part de mon mari, se contentèrent de m'observer passer avec un léger mouvement de recul.
Quant à moi, je ne fis pas attention à eux.
J'avais bien plus important en tête.
Je remontai donc les escaliers pour entrer dans le palais, avant de continuer ma course dans les couloirs menant à la salle de réception.
Il fallait que je la trouve.
Je l'avais compris, en voyant son dos.
Je n'y pourrai rien.
Moi, je serai impuissante face à cela.
Cependant, une évidence m'était apparue.
Tout n'était pas perdu.
Il y avait quelqu'un ici qui était en mesure de l'aider.
En mesure d'arranger les choses.
Alors, je me devais de la trouver et de l'amener à mon mari.
C'était la seule chose que je pouvais faire pour lui, actuellement.
Mes pas résonnaient le long des parois, or j'eus la chance de ne croiser personne.
Je ne tenais pas à aggraver la situation en attirant l'attention d'un quelconque courtisan passant par là.
De ce fait, je ralentis en arrivant à proximité de la salle de réception. Je pouvais entendre les notes de musique et les invités s'esclaffer, témoignant de l'absence d'agitation.
Même si notre départ soudain avait été remarqué, cela ne semblait pas encore avoir inquiété qui que ce soit.
Enfin, peu importe.
Je décidai de passer par des couloirs adjacents afin de ne pas être vue.
Me voir revenir sans mon mari attirerait les curiosités de chacun, et je me ferais sûrement aborder. Je ne devais pas être aperçue, ou du moins par très peu de personnes.
Il fallait seulement que j'ai un peu de chance et qu'elle sorte de la grande pièce.
Qu'elle emprunte le couloir dans lequel je me trouvais, et non pas celui de l'autre côté.
Je continuai donc à marcher, mon regard se rivant dans toutes les directions.
J'étais alerte, et surtout je commençais à sentir mon corps trembler sous le coup du choc et de l'adrénaline. Je m'étais habituée à mon cœur affolé, seulement mon anxiété ne retombait pas.
Elle ne disparaîtrait pas tant qu'il ne serait pas sauf.
Tant qu'il ne serait pas hors de danger.
Or, je me figeai en apercevant une servante emprunter le même couloir, à plusieurs mètres de moi. Celle-ci tourna la tête dans ma direction, mais dès que je vis ses lèvres commencer à s'entrouvrir pour prononcer des mots, je levai un doigt pour le positionner devant ma bouche.
Il ne fallait pas que l'on me remarque, si ce n'est celle que je recherchais.
La domestique resta silencieuse, perplexe.
Je fis plusieurs pas vers elle, or la jeune femme se raidit et partit immédiatement dans la direction opposée.
J'avais tendance à omettre que, moi aussi et de part mon mariage, je pouvais attiser la peur.
Peu importe, ce n'était pas le plus important.
Je continuai à avancer prudemment, mais à une allure soutenue afin de perdre le moins de temps possible, espérant la croiser.
Par pitié !
Que le ciel soit avec moi !
Pour lui !
Pour lui !
Puis, alors que je commençais à désespérer, elle apparue devant moi.
Miwa entra à son tour dans le couloir, et ses yeux ne tardèrent pas à se poser sur moi.
Je vis ses orbites s'écarquiller tandis que je ne fus capable d'articuler quoi que ce soit.
Celle-ci accourut dans ma direction, inquiète.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant