Je ressentais une peur constante, une angoisse d'être repérée par un quelconque habitant de Tokyo.
Nous étions le lendemain, et évidemment, ma famille venant d'un petit village de campagne nippone, ils avaient voulu visiter la capitale.
Ryuu avait d'abord refusé pour des raisons évidentes. Malheureusement, nous ne pouvions nous montrer en public, ne serait-ce seulement de prendre le risque. Maintenant que mon visage avait été dévoilé et que beaucoup l'avait mémorisé, j'étais forcée de me cacher à mon tour.
Or, après une longue discussion avec mon père, durant laquelle il s'était montré infiniment persuasif, Ryuu avait été forcé de céder, mais cela ne l'arrangeait pas. Je pouvais deviner que la situation nous concernant le dérangeait énormément, mais aussi qu'il n'avait pas le droit de quitter le palais impérial, du simple fait qu'il n'était pas en pause et été censé reprendre ses fonctions auprès de l'empereur.
Mon mari avait alors décidé d'envoyer un soldat informer l'empereur de sa nouvelle absence, au péril d'être "sanctionné".
En réalité, je ne savais pas ce qu'il risquait, il était intouchable. Mais tout de même, j'imaginais que l'empereur en serait excédé et reprendrait en considération le fait de nous laisser du temps entre Ryuu et moi, ce qui ne m'arrangeait pas non plus.
Or, pour mes parents, je ferai tout.
Je voulais qu'ils soient fiers de moi et même si c'était loin d'être le cas, je voulais m'assurer qu'ils apprécient un minimum leur séjour à la cour.
C'était de cette manière que nous nous sommes retrouvés dans cette situation, à marcher dans les rues de Tokyo. Évidemment, mon mari et moi portions des capes, qui étaient beiges et moins transparentes cette fois, et regardions le sol en continue.
Cela m'attristait.
Je voulais également profiter de la grande ville. Il faisait jour, j'imaginais donc que l'ambiance était bien différente de celle de nuit. De plus, je pouvais voir aux yeux brillants de Yuna que c'était bien dommage de ne pouvoir rien voir. Ma cadette sautillait, regardait tout autour d'elle, s'arrêtait très souvent sans que mes parents, se trouvant devant nous, ne le remarquent,... même ma mère semblait être happée par la grandeur et la modernité de la ville, contrairement à mon père qui y était complètement indifférent. Mais était-ce réellement surprenant, de sa part ? Qu'est-ce qui pouvait bien le satisfaire à part la concrétisation de son rêve ?
Enfin bon.
Maintenant que le peuple connaissait mon visage, je marchais avec la boule au ventre. J'avais horriblement peur d'être remarquée, que ce soit moi ou même Ryuu.
Je n'arrivais pas à imaginer leur réaction si ils nous voyaient, je repensais encore à l'homme qui avait voulu m'agresser, lorsque j'avais été présentée.
Ryuu me sortit de mes pensées en m'attrapant doucement le poignet et en me ramenant vers lui, ce geste me procurant des frissons dans l'entièreté de mon corps.
Je voulais qu'il me lâche...-Reste près de moi. Dit-il à voix basse.
Je ne répondis rien.
J'étais sur mes gardes, alors je n'imaginais même pas ce qu'il devait ressentir actuellement.
Il assurait ma protection, celle de toute ma famille mais aussi la sienne.
Yuna vint s'accrocher à ma cape, émerveillée.-Il y a plein de monde ! S'exclama-t-elle, penses-tu qu'ils sont tous riches ?
Je ne savais pas, mais j'imaginais que la majorité d'entre eux avaient, en effet, beaucoup de moyens.
Malheureusement, je ne pouvais lui répondre.
En plus du droit de me promener librement, l'on m'avait aussi retiré le droit de parole.
Pour ma sécurité, bien sûr et je pouvais le comprendre, mais c'était tout de même dérangeant.
J'avais l'impression de passer à côté de beaucoup de choses, et cela me frustrais beaucoup.
Pourtant, même si je ne voyais que le sol, je pouvais discerner qu'il y a avait de plus en plus de monde autour de nous.
Nous entrions dans une avenue bondée, à notre plus grand désarroi.
Pour preuve, un homme passa juste à côté de moi et il fut assez proche pour me bousculer un peu et faire légèrement glisser ma capuche en arrière. Mon cœur s'accéléra dans la panique d'être vue et je baissai davantage la tête.
Ryuu, s'étant rendu compte de ce qu'il venait de se passer, passa son bras derrière moi jusqu'à poser sa main sur ma capuche et la laisser sur ma tête.
De ce fait, je n'avais d'autres choix que d'être contre son bras.
Cette proximité me déplaisait beaucoup, mais je me sentais bien plus en sécurité maintenant qu'il me maintenait contre lui.
Or, la situation ne s'arrangea pas.
Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais nous étions de plus en plus entourés par des passants.
Entre ma peur et mon désarroi, j'eus le temps de poser ma main sur l'épaule de Yuna pour qu'elle lève la tête vers moi.
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La nuit où je te tuerai
Teen FictionLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...