Nous nous étions assis à une table non loin du yatai, mais assez éloignée tout de même.
J'étais en train de manger l'une des brochettes que Ryuu venait d'acheter.
Le goût était incroyablement bon.
Je n'avais jamais mangé de telles choses auparavant.
J'étais ravie.
Un jour, je ferai goûter cette brochette à Yuna, elle adorerait.
Mon mari avait appuyé sa tête contre sa main, il était accoudé à la table et avait pris soin de bien cacher son visage avec sa capuche.
Dans son autre main se trouvait la deuxième brochette.
Il ne l'avait même pas touché.
Allait-il la gâcher ?
Était-il aussi riche et irrespectueux que ça ?-N'avez-vous pas faim ? Questionnai-je.
-C'est pas pour moi que je l'ai acheté. Répondit-il.
Je fronçai les sourcils.
À qui comptait-il l'offrir ?-J'attends juste que t'aies fini la première pour te la donner. Expliqua le jeune homme.
Je secouai la tête, gênée.
Ce n'était pas correct.
Je ne pouvais pas accepter.-C'est très aimable de votre part, mais je ne peux pas vous laisser faire. Je n'ai pas mérité la première, alors je mérite encore moins cette deuxième. Dis-je.
Si je voulais obtenir quelque chose, je devais le mériter.
C'était ce que mes parents m'avaient appris.
Et j'avais toujours été élevée avec cette mentalité, alors je ne pouvais pas accepter.
Ryuu tourna la tête vers moi, je pouvais deviner qu'il froncait les sourcils.-De quoi tu parles ? Je ne te demande pas de mériter quoique ce soit. Rétorqua-t-il.
-Pourquoi me faire ces cadeaux ?
Ses parents lui avaient visiblement inculqué d'autres valeurs.
Nous n'avions pas reçu la même éducation.
J'avais été élevée pour devenir une samouraï, après-tout. Ça changeait de nombreuses choses.-La première c'est pour m'excuser de ce matin. Reprit-il.
Je montrai du regard celle qu'il tenait dans sa main.
-Et celle-ci ?
-C'est pour quand je suis partis du sanctuaire irrespectueusement.
Alors il s'était rendu compte que je lui en voulais pour ça...
Il n'était peut-être pas si inconscient qu'il n'en avait l'air, même si il restait encore irresponsable à mes yeux.
Je trouvais quand même bienvenue cette attention.
Il voulait bel et bien se racheter.-Eh bien...je ne sais pas quoi en dire. Avouai-je.
-J'aimerais qu'on s'entende bien, et ce que j'ai fait ça n'a rien arrangé alors...c'est pour m'excuser.
Devais-je vraiment refuser ?
À chaque fois que je pensais à accepter, je voyais mon père me réprimander.
Je voyais son regard sévère dirigé contre moi.
C'était dur.
Trop dur.-Je préfère que vous la gardiez pour vous. Je vous pardonne. Décidai-je.
Ça importait peu si je le pardonnais ou non, son sang coulerait bientôt sur mes mains.
Je tournai la tête vers un groupe de personnes attablées non loin de nous. Ils parlaient assez fort, comme si le saké commençait déjà à les envoûter.
Deux enfants se couraient après, un petit garçon et une fillette. Leurs parents faisaient sûrement partis de la table.
Mais était-ce raisonnable de boire de l'alcool devant des enfants ?
Je n'avais jamais vu mes parents faire ce genre de choses.-Vous êtes allé dormir, après que vous m'ayez ramené au travail, ce midi. Devinai-je subitement.
Cette pensée m'était venue d'un coup, mais je m'étais bien dit qu'il était partit tôt.
Il s'était même endormi quand il avait été avec moi.
Et là, il ne semblait pas fatigué du tout.
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La nuit où je te tuerai
Roman pour AdolescentsLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...