Chapitre 73

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Hiro s'avança, un katana venant tout juste de lui être remis à la main.
Tous les regards étaient braqués sur lui tandis que je n'en revenais pas.
Je ne m'étais pas attendue à le voir prendre part à ce duel. De plus, il n'avait qu'une arme en sa possession.
Il n'avait aucune armure, contrairement aux précédents soldats.
Pourtant, si Ryuu devait affronter les soldats les plus compétents du palais, alors il était normal qu'Hiro y participe.
Or, je me rappelai qu'ils ne s'étaient battus entre eux qu'une seule et unique fois.
Et peut-être me trompai-je, mais il y avait dû y avoir quatre cérémonies avant celle-ci.
Quelque chose ne faisait pas sens.
Plus d'un duel aurait dû avoir lieu entre eux.
Qu'est-ce qui avait fait qu'un seul avait été tenu ?
Hiro s'arrêta, fixant son supérieur tout en essayant de dissimuler les tremblements qui hantaient ses mains.
Pourtant, même avec la plus grande volonté du monde, il n'y parvint pas.
Je pouvais discerner sa main se resserrer autour du katana qu'il rangea dans son fourreau afin de ne rien laisser paraître.
Être ainsi face à Ryuu le perturbait assez pour l'empêcher de reprendre entièrement le contrôle de ses émotions, comme il en avait l'habitude.
Cependant, cette perturbation fut aussi visible chez mon mari, et ce à ma plus grande surprise.
Dès lors que son second avait fait un pas en avant, Ryuu avait aussitôt perdu cette attitude attirante qu'il avait adopté.
À présent, il était celui que j'avais amplement l'habitude de voir.
Celui qui était entièrement adorable.
Or, cela ne dura qu'à peine une seconde.
Il se reprit très vite et redevint aussi indifférent qu'auparavant.
Pourtant, ce court instant en disait beaucoup.
Ryuu était habitué à dissimuler ses sentiments, j'avais d'ailleurs pu le constater à de nombreuses reprises. C'était tout une technique, qu'il avait sûrement perfectionné au fil des années, mais la simple participation d'Hiro à ce combat avait suffit à le déstabiliser.
Alors bien qu'il disait, ou même voulait le contraire, il devait vouloir éviter ce duel pour une quelconque raison.
Cela me semblait plutôt clair.
Or, je fus sortie de mes pensées en apercevant Chinatsu se faufiler vers le premier rang, situé en face de moi. Celle-ci s'arrêta, ses yeux se figeant sur son amant, le visage horrifié.
D'une certaine manière, je la comprenais.
Maintenant que j'avais vu Ryuu à l'œuvre, il était normal pour elle de s'inquiéter.
Elle ne voulait sans doute pas qu'Hiro ne soit blessé.

-Apprécies-tu la surprise que nous t'avons réservé ?! Interrompit l'empereur d'une voix forte.

Je tournai la tête vers lui tandis que son écho retentit dans la cour.
Mes poings se serrèrent en remarquant un grand sourire sur les lèvres de l'homme.
Qu'y avait-il d'amusant, au juste ?
Ne serait-ce que de distrayant ?
Au vu de la simple réaction de mon mari, il était évident que cela ne lui faisait pas plaisir !
Il en valait de même pour Hiro !
Personne n'y était enthousiaste, en réalité.
Or, un détail me sauta aux yeux.
Mes beaux-parents étaient à présents très intéressés par le duel à venir.
Leurs regards étaient braqués sur les adversaires, plus concentrés qu'ils ne l'avaient jamais été depuis le début de cette tradition.
Je ne comprenais pas ce qui pouvait tant les intéresser dans ce combat, mais l'empereur ne tarda pas à accaparer de nouveau mon attention :

-En garde ! S'exclama-t-il.

Contrairement aux précédents soldats, Hiro ne dégaina pas son sabre.
Non, il se contenta de poser son pied gauche vers l'arrière, les mains sur le manche de son arme encore rangée.
Cette attitude différente résultait-elle de son expérience ?
Ayant déjà combattu Ryuu, et étant également son second depuis des années, le jeune homme avait sûrement acquis des manières appropriées pour se mesurer à mon mari.
D'ailleurs, celui-ci ne bougea pas une nouvelle fois.
Il ne fit aucun mouvement, sauf celui de plonger ses mains dans ses poches en posant son regard sur Hiro.
Un long silence s'ensuivit, durant lequel le soldat riva sa tête vers le sol afin d'éviter le plus possible un quelconque contact visuel avec mon époux.
De plus, durant cette attente, je vis Chinatsu rassembler ses mains devant sa poitrine avant de fermer les yeux, semblant prier pour son amant.
Personne ne la remarqua, puisque tous étaient absorbés par les deux adversaires.
Puis, finalement...

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant