Chapitre 15

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Quelque chose de surprenant se produisit dès que mes beaux-parents posèrent un pied à terre.
Ryuu, qui habituellement ne s'inclinait pas, se pencha très vite et se figea.
J'étais choquée.
C'était la première fois qu'il montrait du respect envers des personnes.
Je me repris rapidement et m'inclinai à mon tour.
Mon cœur battait à en sortir de ma poitrine. Le jeu de rôle devenait bien plus important à partir de maintenant.
Je ne devais faire aucun faux pas.
Il fallait que j'honore ma famille.
Il fallait que j'honore ma mission.
J'entendis le bruit de sandales contre le sol, et rapidement je vis une ombre dans mon champ de vision.

-Quelle bonne surprise vous nous faîtes là ! Se réjouit l'empereur.

Des mains se posèrent sur mes épaules, alors je me redressai.
Ma belle-mère, qui avait les yeux très fins, me souriait.
Elle posa sa main sur ma joue et me contempla.
J'étais très surprise.
Que me valait cette affection ?

-Regarde comme elle est belle, Yukio. Dit-elle.

J'eus l'impression de me prendre un coup de massue.
C'était comme subir la différence d'affection entre nos deux familles.
Jamais je n'avais eu un tel compliment.
Je remarquai que la femme n'avait aucune ride, son visage était aussi lisse que celui de son fils.
Mon beau-père posa sa main sur mes cheveux.
Ce simple geste me réchauffa le cœur.

-Elle est magnifique. Continua-t-il.

Je sentis les larmes envahirent mes yeux.
Ça me touchait tellement...
Je n'en avais pas l'habitude.
Je devais me ressaisir, je ne devais pas pleurer pour si peu.
Je ne devais pas être faible.
Je devais être à la hauteur de mon père.
L'homme, qui s'appelait donc Yukio et qui avait l'air bien plus âgé, posa ensuite sa main sur la tête de Ryuu qui s'était redressé.

-Quel chanceux tu es ! S'exclama-t-il en riant.

-Vous êtes-vous bien occupé d'eux ? Voulut savoir ma belle-mère en tournant la tête vers l'empereur.

L'homme d'état lui sourit.

-Il faut dire qu'ils n'ont pas besoin de moi.

Je me rendis compte d'un détail qui m'avait échappé.
Ils ne s'étaient pas incliné devant l'empereur et personne n'avait réagi.
Comme si c'était normal.
La jeune femme devant moi passa son bras dans le mien pour me garder auprès d'elle.
Encore une fois, je sentis une drôle de sensation dans ma poitrine.
J'étais terriblement touchée par ce geste.
J'avais l'impression qu'un manque se comblait.

-Je sais que nous venons à peine d'arriver, mais je meurs d'envie de faire connaissance avec ma belle-fille. Est-ce possible ? Continua-t-elle.

-Vous savez bien que vous n'avez pas à me demander quoi que ce soit. Répondit l'homme d'état, je vous laisse en famille.

Celle-ci se tourna dans la direction des jardins mais ne bougea pas.
Je fronçai les sourcils, pourquoi n'avançait-elle pas ?
Ce fut seulement une fois que Ryuu et son père commencèrent à marcher devant nous qu'elle se mit à bouger et à les suivre.
Celle-ci posa sa main sur mon bras en souriant.

-Je suis si heureuse ! S'exclama-t-elle, j'avais hâte de te rencontrer ! Il faut dire que mon fils a voulu te garder pour lui en partant du sanctuaire ainsi.

Je ne savais pas comment je devais me comporter.
Je devais être la plus docile possible.
La belle-fille parfaite et inoffensive.

-J'avais aussi hâte de faire votre connaissance. Répondis-je.

Ce qui était vrai.
Il fallait que je les connaisse, pour les tuer eux aussi.

-Je m'appelle Aïko, et comme tu le sais, je suis la mère de ce garçon juste devant. Il a mes cheveux.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant