Mon cœur palpitait horriblement fort. Mes mains se serraient anxieusement autour de la tige de la grande fleur blanche rosâtre que je tenais. Mon ventre me chatouillait terriblement et si fortement que cela en devenait douloureux. Mes pensées fusaient tellement que cela m'en causait un mal de crâne que je ne saurais supporter davantage.
Je tournai alors la tête, livide, vers l'impératrice qui revenait vers moi, tandis que nous étions dans un couloir du premier étage débouchant sur un escalier.
Contrairement à moi, celle-ci arborait un très grand sourire.-Il est bien là, il t'attend. Annonça-t-elle.
À l'entente de ces mots, mon cœur loupa un battement et je me sentis devenir encore plus pâle.
Mes membres se mirent à légèrement trembler alors que mes yeux restèrent figés sur la femme, cherchant un quelconque réconfort.
Je ne m'étais jamais retrouvée dans un tel état, et je détestais cette sensation.
J'étais horriblement anxieuse ! Je ne faisais qu'appréhender ! Je me sentais mal, mais aussi impatiente de le retrouver !
Or, paradoxalement, penser à voir Ryuu empirait mon état.
L'impératrice ne tarda pas à se rendre compte des peurs qui me rongeaient, puisqu'elle posa ses mains sur les miennes dans un élan réconfortant, accompagné d'un sourire chaleureux.-Ume... murmura-t-elle doucement.
Je ne dis rien, tout simplement car je n'étais pas capable d'articuler un quelconque mot.
Je ne pouvais ouvrir la bouche, ni même penser clairement.
C'était semblable à me trouver dans un épais brouillard, dans lequel je me sentais aveugle et oppressée.
Plus le temps passait, plus je n'y voyais rien, donc plus je me perdais dans ce sentiment perturbant qui m'envoûtait.
Je ne comprenais pas !
Je ne pouvais comprendre !
J'allais simplement retrouver mon ennemi en bas de ces marches !
J'avais été maintes et maintes fois en sa compagnie, alors en quoi ce soir serait différent ?
Que redoutais-je tant ?-Tu as de la chance. Poursuivit l'impératrice.
De la compassion se mit à briller dans ses yeux.
Quant à moi, je ne pus réagir.
J'étais complètement paralysée.
Je me sentais faible, mais aussi coupable.
Qu'en penserait mon père ?
Que penserait-il en me voyant dans un tel état, et ce à cause de notre ennemi ?
La jeune femme, en s'apercevant que je ne pouvais bouger, posa sa main sur ma joue.-J'aurais tant voulu ressentir tout cela pour homme, moi aussi. Cette peur, cette excitation qui mord le ventre, ces doutes, ces angoisses...ces battements fous, ce bonheur si intense, cette sensation que le temps passe trop vite, cette impression de se sentir légère...
Instinctivement, je sus que je ne voulais pas entendre la fin de sa phrase.
L'interprétation qu'elle en tirait, je ne voulais la connaître.
La raison de mon état, je ne pouvais en être consciente.
Parfois, peut-être valait-il mieux errer dans cet épais brouillard, que ce soit pour les autres, ou pour soi.
Ma lourde conscience m'empêchait toutes tentatives de comprendre en dressant un mur entre moi et ce sentiment.
Pour me protéger, sûrement.-Tu es magnifique, et je ne doute pas une seule seconde de l'avis qu'aura Ryuu. Il sera comblé, crois-moi. Rassura-t-elle.
Je n'arrivais pas à me dire que lui, cet homme si doux, si charmant, si attentionné, me trouverait agréable à regarder.
Mes pensées pessimistes ne faisaient que me crier le contraire, au point d'enterrer mon corps dans une terre pesante d'angoisse.
Cependant, j'essayai de les ignorer.
Il fallait que je sois plus forte que cela.
Et puis, de toute manière, si je ne plaisais pas à mon ennemi, en quoi cela devrait-il m'affecter ?
Son jugement à mon égard ne devrait pas m'atteindre.
Je parvins alors à esquisser un léger hochement de tête qui fut tout de même fébrile.
L'impératrice me rendit un énorme sourire en retour.
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La nuit où je te tuerai
JugendliteraturLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...