Chapitre 58

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J'avais l'impression que tout s'enchaînait.
À peine venais-je de revoir Ryuu que j'avais reçu une lettre de l'homme avec qui j'avais dansé, donc mon allié.
C'était comme si l'on me faisait un mauvais tour. Cela m'avait rappelé "l'infidélité" que j'avais commise et que j'essayais désespérément d'oublier.
Sa missive m'avait été furtivement transmise avec une lettre de Masato afin d'éviter que, si contrôle il y avait, rien ne soit découvert.
Cet inconnu, dont je ne connaissais toujours pas le nom, m'avait demandé de le retrouver la nuit qui succéderait celle où j'avais reçu sa lettre.
Soit ce soir.
Or, j'angoissais.
Je devais absolument m'y rendre, mais je ne savais pas comment sortir du palais, et-.
Et trahir Ryuu de nouveau ne me plaisait pas.
Mais bon, ma mission reposait sur ma trahison, alors je devais passer outre de mes principes. J'essaierai simplement de ne pas être trop proche de l'homme afin de limiter ma culpabilité au maximum.
De plus, j'aurais voulu me mettre à chercher un moyen de sortir, mais Miwa m'avait forcé de rester dans la maison des servantes.
Ainsi, j'étais debout au milieu d'une pièce, la gouvernante mesurant le tour de ma taille avec un mètre, tandis que Chinatsu mesurait mes jambes et Yoko mes bras.
Je ne comprenais pas ce qu'elles faisaient, celles-ci s'étaient gardées de me dire quoi que ce soit lorsque je leur avais posé la question.
Pourquoi étaient-elles si subitement concentrées à prendre mes mensurations ?
Et puis je n'avais pas le temps !
Miwa alla noter mon tour de taille dans un petit carnet avant de faire de même avec ma poitrine.
Aucunes d'elles ne parlaient, elles étaient étrangement silencieuses.
L'air était un peu lourd.
Heureusement, Atsuko ne tarda pas à faire son arrivée dans la pièce, rendant l'atmosphère plus légère grâce à sa bonne humeur.

-Nous allons bientôt manger ! S'exclama-t-elle.

Celle-ci s'arrêta en fronçant les sourcils, perplexe.
Elle semblait aussi perdue que moi, ce qui me rassura, dans un sens.

-Que faîtes-vous ?

Chinatsu se releva après avoir pris toutes les mesures qu'il lui fallait pour aller les inscrire dans le même carnet que la gouvernante.

-Atsuko, ne te mêle pas ça, je te prie.

J'avais remarqué que la jeune femme était un peu plus renfermée depuis le soir où je l'avais vu s'effondrer en larmes. Pourtant, elle n'avait jamais mentionné le sujet de nouveau, agissant comme si rien ne s'était passé.
Je respectais son choix, et cela ne me regardait en aucune manière.
Or, comme à son habitude, Atsuko ignora sa demande et s'avança de quelques pas. Elle observa plusieurs secondes avant qu'un grand sourire ne s'immisce sur son visage.

-Ah ! Vous préparez sa tenue pour la cérémonie, n'est-ce pas ?! S'exclama la petite, ravie.

Les trois servantes se tournèrent vers elles pour lui lancer des regards noirs, surtout Miwa.
Celle-ci la réprimandait silencieusement, mais sévèrement.
En revanche...
De quelle cérémonie parlait-elle ?
Et pourquoi aurais-je besoin d'une tenue confectionnée à l'occasion ?
Était-ce si important que cela ?
Si oui, pourquoi ne m'en avions pas parlé ?

-N'en dis pas plus. Dit froidement la gouvernante en finissant de prendre la dernière mesure.

La femme s'éloigna de moi pour écrire dans le petit cahier et tourner les pages précédentes, un air concerté sur le visage.
Yoko ne tarda pas à finir son tour puis vint communiquer ses résultats à Miwa, qui les inscrivit ensuite.
Le long silence qui suivit me perturba légèrement, car ce n'était pas dans leurs habitudes, d'autant plus qu'Atsuko était également présente.
Apparemment, l'ordre de la gouvernante avait lourdement refroidi son enthousiasme.
La plus petite se contenta de venir s'asseoir à mes côtés, muette.
Miwa finit par pousser un long soupir en regardant les notes inscrites à une certaine page.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant