Chapitre 18

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Nous étions maintenant en train de marcher entre les passants, comme si de rien n'était.
Même si de l'extérieur tout semblait normal, à l'intérieur, en réalité, je n'arrêtais pas de me demander ce qu'il se passait sur le lieu de révolte.
Ryuu allait-il s'en sortir face à autant d'opposants ? De plus, il était blessé, ce qui pouvait l'handicaper de manière considérable.
Aïko, elle, n'avait pas vraiment l'air de s'inquiéter. Celle-ci finit même par s'arrêter devant un stand d'épices. Elle garda tout de même la tête baissée tandis que le vendeur lui sourit.

-Bien le bonjour madame ! Avez-vous vu quelque chose qui vous intéresse ? Lança-t-il.

La jeune femme ne répondit pas.
Faisait-elle comme Ryuu ? Évitait-elle de parler ?
L'homme se tourna alors vers moi.

-Et vous ? Une épice a-t-elle attirée l'attention d'une si jolie jeune fille ? Continua-t-il.

Je lui souris en retour.
Je ne savais pas comment me comporter. Si il savait qui j'étais, il ne serait sûrement pas si gentil.
Je redoutais le moment où le peuple allait savoir.
Tout changerait.

-Ma belle-mère et moi étions justement en train de regarder. Répondis-je.

L'homme devint un peu plus souriant.

-Oh je vois vous êtes mariés ! Qui est le chanceux qui a eu votre main ? Questionna-t-il.

Que devais-je répondre ?
Si il savait que c'était Ryuu, je n'avais aucune idée de la réaction qu'il aurait.
De plus, il saurait mon identité.
Mentir était la seule option que j'avais, pour ma sécurité et celle d'Aïko.
Alors que j'allais répondre, celle-ci me devança :

-Un jeune homme qui est plus qu'adorable, qui mérite d'être aimé et non d'être détesté. Un jeune homme qui s'occupe bien d'elle mais qui n'est pas reconnu pour la bienveillance qu'il porte en lui.

Je compris que ma belle-mère souffrait de tout ce qu'elle avait entendu sur son fils. Elle n'était pas d'accord, c'était normal.
Elle restait sa mère.
Le vendeur fronça les sourcils.

-Oh ? Je ne connais pas de tel jeune homme dans cette ville. Avoua-t-il, ils sont tous très aimés.

Mon cœur loupa un battement en voyant Aïko lever la tête vers l'homme.
Que faisait-elle ?!
Se fichait-elle de notre sécurité ?!
C'était dangereux ! Il allait savoir qui nous étions !
Un homme allait savoir ma véritable identité !
C'était trop tôt !
En voyant son visage, le vendeur se figea. Ma belle-mère se pencha vers lui et celui-ci tomba à la renverse.

-Pas un mot sur ce que vous venez de voir. Est-ce bien compris ? Reprit-elle d'un ton glacial.

Il ne répondit rien.
Sa respiration était haletante, ça se voyait qu'il était en état de panique.

-Est-ce bien compris ? Répéta-t-elle.

Il hocha vivement la tête, apeuré. Il tourna ensuite le regard vers moi.
Je vis alors plusieurs sentiments dans ses yeux.
De la peur.
De la peine.
De la colère.
De la haine.
Était-ce ça qui m'attendait ?
Et si l'on me regardait de cette manière alors que je n'avais rien fait de mal, je n'imaginais même pas les regards que Ryuu se prenait chaque jour.
Je ne voulais pas de cette vie.
Je voulais que l'on me rende ma liberté.
Je voulais partir d'ici, partir de cet endroit où je n'étais pas aimée de mes alliés, mais seulement de mes ennemis.
Ma belle-mère se remit à marcher, comme si de rien n'était.
Je comprenais qu'elle avait été blessée par ce qu'elle avait entendu, mais son impulsivité aurait de graves conséquences.
Je ne voulais même pas imaginer la réaction de Ryuu en apprenant cet accident.
J'avais réellement peur.
Le peuple allait un jour me voir, ça m'effrayait.
Je fus extirpée de mes pensées en aperçevant le stand de riz de Masato à une dizaine de mètres. Celui-ci tourna la tête vers moi, attendant que je vienne le voir.
Mais comment pouvais-je bien faire ?
Aïko était avec moi, je ne pouvais pas aller le voir si elle était à mes côtés.
Il fallait que je trouve une parade.
Il fallait que je l'éloigne.
Je regardai rapidement autour de moi. Il me fallait quelque chose.
Je balayai tous les stands autour de nous avant qu'une idée illumine mes esprits.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant