Chapitre 54

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-De ce fait, l'empereur requiert votre présence ce soir. Dit un soldat.

Ma tête était lourde.
Un bourdonnement assourdissant et constant envahissait mes oreilles depuis ce matin.
Mes jambes étaient faibles, et mes pensées n'étaient pas claires.
Mes yeux peinaient à rester ouverts et étaient sûrement gonflés du fait que j'avais très peu dormi.
Je n'avais pu fermer l'œil de la nuit à cause de toutes ces émotions négatives et désagréables que j'avais ressenti.
Trois mois...
C'était bien trop long.
Depuis qu'Hiro m'avait annoncé cela hier, j'avais l'impression que mon cœur était comprimé dans une cage, victime de peine et de douleur.
J'avais réussi à ne déverser aucune larme, au plus grand bonheur de mon père, mais j'avais passé la nuit à penser à lui.
À le voir dans ma tête, à me rémorer les moments que nous avions passé ensemble.
Sa présence me manquait.
J'avais fini par serrer mon alliance contre moi, au bord des larmes et terriblement honteuse de mon état, mais la fatigue avait fini par m'emporter loin de ce désastre.
Or, dès que je m'étais réveillée, la réalité m'était revenue violemment. Un sentiment, bien pire qu'auparavant, s'était emparé de mon corps.
J'étais épuisée.
Rien n'allait.
Je ne faisais que penser à ma mission, mais aussi à Ryuu, ce que je ne devais pas faire.
Encore maintenant, je retenais mes larmes à certains moments.
Je me sentais seule.
J'étais seule pour traîner le poids de la préparation d'un meurtre, d'autant plus que c'était celui de l'homme que j'a-.
Que...
J'appréciais.
Et son absence ne faisait qu'augmenter ce sentiment de solitude.
Tout cela faisait que je n'étais pas lucide. Je n'arrivais pas à rester concentrée, à écouter ce que l'on me disait.
J'avais conscience qu'un soldat était actuellement en train de me parler, mais je n'y arrivais pas.
Je ne pouvais pas l'entendre.
Je souhaitais me reposer aujourd'hui, afin de m'éclaircir les idées, mais ce garde en face de moi semblait m'informer de quelque chose d'important. Or, même en sachant cela, je n'entendais rien.
Était-ce normal d'être aussi touchée par le manque d'un ami ?
Avais-je un problème ?

-Vous devrez donc être prête avant le crépuscule. Sur ce, je vous laisse vous préparer. Termina l'homme.

Cette dernière phrase me fit reprendre le cours de mes idées.
Enfin, une partie seulement.
Je n'avais pas compris ce qu'il m'avait dit et cela s'avérait bien être important, alors je ne pouvais le laisser partir en lui faisant croire que j'avais entendu.
Tandis que celui-ci commença à tourner les talons, je prononçais mes premiers mots de la journée :

-Excusez-moi, mais pourriez-vous répéter ? Questionnai-je.

Celui-ci me regarda, perplexe, mais n'osa pas rétorquer.
J'imaginais que mon rang, et mon mari, le détournaient de toutes reproches envers moi.
Il se replaça bien droit devant moi avant de répéter :

-L'empereur va tenir une fête ce soir afin de célébrer la fin de l'été. Votre présence est requise, d'autant plus que le général ne pourra être présent. Il faut que vous soyez prête avant le couché du soleil.

Je ne sus comment réagir.
Il y avait plusieurs choses qui me déplaisaient, dans ce qu'il venait de m'annoncer.
Premièrement, pourquoi Ryuu serait-il absent ? Qui protégerait l'empereur ?
Deuxièmement, j'allais devoir porter le nom de mon mari seule. J'allais devoir affronter tous ces regards terrifiés et dégradants, seule.
Troisièmement, je n'avais jamais assisté à aucune fête, donc je ne savais pas quelle était la conduite à adopter. J'imaginais que ce serait différent du banquet que j'avais déjà fait, mais je n'aurais personne pour m'aider. Je n'aurais aucun repère.
Et quatrième et dernièrement, je n'étais pas en état d'honorer une telle chose. Il fallait être présentable et surtout, être présente mentalement. Actuellement, j'étais l'opposé, alors comment pouvais-je honorer mon père, mais aussi le nom de Ryuu ?
Moi qui avais souhaité du repos, je me retrouvais avec une charge de plus. Je savais que cela faisait partie de ma mission, de mon rôle, mais j'avais un doute sur ma capacité à être lucide et digne ce soir.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant