Chapitre 40

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Cela faisait maintenant plusieurs minutes que Ryuu avait dû partir, et toujours aucun mot n'avait été échangé. Nous restions assis dans un silence froid et pesant.
J'appréhendais énormément le moment où ils voudraient savoir comment je m'en sortais.
C'était un véritable échec.
J'étais bien trop lente.
Je sentais mon cœur palpiter dans ma poitrine, tandis que mon angoisse saisissait tout mon corps.
Ma sœur, elle, avait eu l'autorisation de se lever pour se mettre à la place de Ryuu. Elle avait d'ailleurs commencé à manger son plat.
Mon père, lui, se frottait le menton avec sa main en réfléchissant. Et quant à ma mère, elle ne me regardait même pas. Elle était perdue dans ses pensées.
Mon paternel finit par faire un petit signe de main vers sa femme, lui donnant l'autorisation de parler. Celle-ci se détourna enfin vers moi.

-J'imagine que tu souhaites que je te révèle ce que j'ai pu constater. Commença-t-elle.

J'hochai la tête.
Le moment que Ryuu avait trouvé embarrassant, avait en réalité servi à ma mère. En effet, elle était très douée pour deviner la masse musculaire des autres rien qu'en les touchant, et ainsi en déduire plusieurs choses.
Elle pouvait déceler de très petits détails, mais qui avaient tout leur importance dans le fonctionnement d'un corps.
C'était comme un don. Je n'ai jamais compris comment elle y arrivait.

-Je pense que tu es déjà au courant qu'il possède un physique plutôt...avancé, pour son âge. Reprit-elle.

J'avais pu le deviner, en effet.
Du fait de ses fonctions, il faisait beaucoup d'activités physiques et ce, depuis des années.
Alors oui, j'avais deviné qu'il était bien musclé, malgré ses seize ans.

-Au vu de sa masse musculaire, je doute fort que tu puisses le battre dans un duel au corps à corps. Au contraire, il te bat sans trop de difficulté, pour être honnête.

De toute façon, je n'avais pas prévu de me battre contre lui à main nue.
J'aurai mon précieux sabre.

-Par contre...il est surprenamment souple. Ses tendons sont très détendus, à un point que je n'ai jamais pu constater chez quelqu'un. Elle n'a rien de naturelle, je pense que sa souplesse a été travaillée, mais à ce point...j'avoue avoir été laissée sous le choc. Cette grande souplesse lui donne un avantage non négligeable lors de combats. Il faudra que tu redoubles de prudence.

Au niveau de sa souplesse, j'avais pu m'en rendre compte une seule fois, or ce n'était pas suffisant. Je devais le voir avec ses pleines capacités.
Mais je réalisai quelque chose.
Quand Miwa m'avait parlé de l'entraînement de Ryuu, évoquait-elle seulement un entraînement en duel, ou aussi de souplesse ?
Je n'y avais même pas pensé.
Si cela avait été travaillé, il avait dû y passer du temps.
Beaucoup de temps.

-Ensuite...tu le sais aussi mais il est blessé au niveau des mains et du dos. D'ailleurs son dos est particulièrement sensible. Sais-tu ce qu'il a ?

Oh non.
Ça y est.
Comment devais-je leur dire que je ne savais rien à propos de cet important détail ?
J'étais vraiment une incapable.
Ils ne m'avaient confié qu'une mission, et je ne pouvais même pas l'exécuter efficacement. J'avais eu l'occasion de découvrir cette blessure, hier, au lac, mais je ne m'étais pas retournée.
Seulement car j'avais voulu maintenir ce moment de paix pour lui...
Il était mon ennemi ! Je ne devais pas avoir ce genre de réflexions !
À présent, je regrettais.
Je secouai la tête, penaude.
Je plantai mes ongles dans mes paumes, tellement ma peur me saisissait.

-Non, j'en suis navrée... Avouai-je.

Il y eut un silence.
J'avais très peur de leur réaction.
Qu'allaient-ils en penser ? En dire ?
Je savais qu'ils étaient déçus, mais je n'avais vraiment pas besoin de l'entendre. Même si je me cherchais des excuses, il fallait comprendre que ma mission n'avait rien de facile.
Non.
Ce n'était qu'une excuse...
Encore.
Pourtant, ma mère reprit :

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant