Je marchais dans les jardins du palais. J'avais trouvé des endroits plus sauvages, plus à l'écart, ayant gardé leur aspect naturel.
Je m'y étais rendue afin d'être seule.
Et dans un autre but également.
Quelques jours s'étaient écoulés depuis ma sortie à Tokyo.
Depuis cette danse qui hantait mes esprits et mes nuits.
Je ne cessais de revoir ses mains sur moi, le peu d'espace qui avait séparé nos lèvres.
C'était si peu...
Je me sentais encore coupable de mes actes, mais ma discussion avec Masato m'avait légèrement soulagé.
J'avais conscience que je n'y pouvais rien. Je n'avais pas le choix de tuer Ryuu, et j'étais obligée de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour y parvenir.
Et d'après mon seul proche, c'était la meilleure solution.
Pour tout le monde.
Mais je ne partageais toujours pas ce sentiment...
Je ne le considérais pas comme un ennemi malgré tout.
Malgré les menaces.
Malgré la peur.
Les doutes.
Mon désir de garder ma famille.
Ma petite sœur.
Ma détermination de lui offrir un avenir où elle serait heureuse.
Malgré tout cela...une émotion étrange me prenait de court dès que je pensais au moment oú j'allais devoir ôter la vie de mon mari.
Une émotion...horriblement désagréable.
Mais est-ce qu'on me laissait le choix ?
Je n'étais née que dans le but de servir mes parents, et si tel était l'ordre qu'ils m'avaient donné...alors comment pouvais-je m'y opposer ?
Je ne voulais pas perdre mes seuls parents...
Et j'avais surtout conscience que si je ne leur obéissais, ils allaient m'arracher la seule personne qui me rendait réellement heureuse dans n'importe quelle situation.
Yuna.
Je ne pouvais pas me permettre de la perdre, alors je tuerai Ryuu.
Mais ce n'était pas encore le moment.
Pour l'heure, je m'enfonçais dans les herbes, un petit panier à la main.
J'avais un but précis, et j'aimais me dire que cela servirait aussi ma mission.
Mais si seulement il n'y avait que cela...
Je me tournai pour regarder aux alentours : il n'y avait personne. Je me baissai alors et cueillis une fleur blanche qui se trouvait là.
Puisque nous allions entrer en automne, les fleurs allaient faner et disparaître jusqu'au printemps. De ce fait, c'était le dernier moment pour en ramasser.
Je la déposai dans le petit panier que j'avais avec moi et me relevai pour continuer ma recherche.
Je devais faire vite, la nuit commençait à tomber et ma visibilité allait diminuer. Je n'avais pas eu le temps de le faire durant la journée, alors il fallait absolument que j'en récupère quelques unes.
J'allai en cueillir d'autres, son visage emplissant mes pensées.
J'avais tant envie de le revoir, et cela me rendait hors de moi !
Ne pouvait-il pas me laisser tranquille ?!
Pourquoi voulais-je tellement être avec lui ?!
Cela n'avait aucun sens !
Je le détestais encore il y a deux mois, et aujourd'hui-.
Aujourd'hui...
Aujourd'hui, il me manquait terriblement...
Était-ce de cette manière que l'on éprouvait le manque d'un ami ? Je n'avais jamais pu en avoir longtemps, alors je n'avais même pas connaissance des sentiments amicaux à long terme.
Mais...Était-ce réellement que cela ?..
Oui.
Et de toute façon, à quoi cela me servirait-il de m'attacher davantage à lui ?
Comme avait dit Masato, je ne gagnerais que de la souffrance. Je devais reprendre mes raisons.
La pensée de ses yeux brillants au soleil envahit mon esprit, et je m'arrêtai de marcher.
Mon cœur s'était gonflé, mais il se perça à la suite d'une pensée à l'homme que j'avais approché, autre que lui.
Ce devrait être l'inverse.
Je devrais ne pas vouloir danser avec Ryuu et vouloir être proche de mes alliés !
Alors pourquoi ?..
Pourquoi ressentais-je l'opposé ?..
Je n'avais encore jamais touché sa main...et j'en ressentais l'envie.
Je le voulais.
Je voulais glisser ma main dans la sienne.
Je voulais sentir sa chaleur auprès de moi...
Je serrai mon poing, et repensai au moment où il s'était le plus approché de moi, lorsqu'il avait voulu échapper à son travail.
Nos corps n'avaient été séparés que par quelques centimètres, et sa voix près de mon oreille...
Nous n'avions jamais été aussi proches mais aujourd'hui, après tant de temps passé sans lui,...
J'avais envie-...
J'avais envie qu'il soit proche de moi.
Je voulais-.
Non !
Mais à quoi étais-je en train de penser ?! Ce n'était pas bon du tout ! Je devais m'éloigner de lui, et avoir ce genre de désirs ne m'aiderait absolument pas !
Je baissai les yeux vers mon panier, contenant quelques fleurs dont le nombre pouvait se compter sur les doigts.
Pourquoi faisais-je cela ?..
Pourquoi n'avais-je pas compris ?..
Pourquoi étais-je si stupide ?..
Pourquoi ?..
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La nuit où je te tuerai
Ficção AdolescenteLes parents ordonnent, les enfants obéissent. Imaginez avoir été élevé dans cette mentalité. Imaginez n'être né que pour servir les espoirs de vos parents. Imaginez avoir été entraîné, et ce depuis le début de votre vie, à initier un coup d'État, da...