Chapitre 80

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Mon cœur palpitait encore.
Mon corps n'arrivait pas à oublier toutes les sensations qu'il avait éprouvé durant cette valse, or j'essayai de les ignorer le plus possible.
Seulement, ce n'était pas si simple.
Les regards fixés sur moi ne m'aidaient pas à oublier, d'autant plus que, maintenant que Ryuu dansait avec sa mère, certains courtisans ne se privaient pas de messes basses.
Et leurs murmures, je les entendais.
Évidemment, rien de bienveillant n'était prononcé à mon égard, surtout après une telle-.
Démonstration.
Cela avait visiblement éveillé encore plus de désir chez certains hommes, et quant aux femmes, de la jalousie et de l'envie se ressentaient dans leurs propos.
Dans les deux cas, mon nom n'était pas accompagné de mots doux, mais d'injures.
Or, Hiro finit par attirer mon attention, puisqu'il semblait lui aussi entendre leurs chuchotements.

-Avez-vous offert un cadeau au général, en l'honneur de son anniversaire ? Demanda-t-il innocemment.

Je me sentis légèrement sourire.
J'aimais son intention de me distraire avec des choses légères, cependant je me sentais fusillée de partout.
Néanmoins, je décidai de me concentrer le plus possible sur le soldat.

-Non, je n'ai pas eu l'occasion de lui offrir quoi que ce soit, mais j'y penserai. Mentis-je.

Je ne savais pourquoi, mais je n'étais pas à l'aise de partager la vérité.
Oui, je lui avais offert un présent, mais...
J'aimais que cela soit entre nous.
J'aimais me dire que seul lui et moi le savions, et je ne tenais pas à ce que cela s'ébranle, même si Hiro était de confiance.
J'aimais simplement cette sensation d'exclusivité que me procurait Ryuu, et le moment où je lui avais remis cette fleur en faisait partie.
C'était à nous.

-Mieux vaut tard que jamais, après-tout. Reprit-il.

Malheureusement, cette conversation légère se dissipa rapidement, puisque nous entendîmes tous deux les mêmes murmures.

"-N'a-t-elle pas honte d'être éprise d'un homme tel que lui ? Cela équivaut à soutenir le diable, à valider ses actes monstrueux !"

"-Oh tu sais, j'ai entendu dire qu'elle était une paysanne avant son mariage. Si tu veux mon avis, elle s'est mariée à son argent, et offre son corps en échange. Je ne vois pas d'autres raisons qui expliqueraient leur union."

Je dérivai mon regard vers Hiro, qui m'observa également.
Celui-ci sembla ne pas trouver les mots, mais je devinai que cela ne lui avait pas plût non plus.
Quant à moi, cela me blessait.
Mais pas seulement parce que ce que l'on insinuait à mon égard était ignoble.
Mais aussi car la manière dont elles parlaient de Ryuu ne me plaisait pas du tout.
Cependant, il fallait que j'apprenne à m'y habituer. J'essayai alors de me réconforter en remarquant un léger détail : c'était souvent les mêmes arguments qui étaient mentionnés.
Enfin, cela n'effaçait pas la dureté de ces mots.
Heureusement, l'impératrice finit par nous rejoindre, après être restée avec l'empereur depuis le début de la soirée.
Celle-ci nous sourit en arrivant, et nous nous inclinâmes.

-J'espère que je ne vous dérange pas, mais j'avoue que j'avais besoin d'air. Commença-t-elle, Yukio a tendance à me mettre mal à l'aise.

Je fronçai les sourcils, perplexe.
Que voulait-elle dire ?
Et puis, pour être honnête, je m'accrochais à ce qui pouvait me sortir de cette situation.

-Comment ça ? Questionnai-je.

Celle-ci rassembla gracieusement ses mains devant elle, avant de se pencher légèrement vers nous afin que ses paroles ne soient pas entendus par d'autres.

-À vrai dire, il prend plaisir à plaisanter à mon égard. C'est un homme avec un côté très moqueur, mais cela ne plaît pas à tout le monde, dont à moi.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant