Chapitre 34

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J'avais du mal à garder les yeux ouverts tandis que j'aidais à laver des draps, avec l'eau du lac.
Nous étions le lendemain, et je n'avais pas pu m'endormir. Je n'avais fait que repenser aux événement d'hier soir, me sentant heureuse, mais coupable à la fois.
J'avais apprécié ce moment en compagnie de mon mari, mais en tant qu'ennemi, je ne devais pas ressentir ce genre de choses envers lui.
Et d'un autre côté, ma culpabilité était aussi dûe à la manière dont j'avais coupé cette soirée.
J'avais été brusque et malpolie, la panique m'avait saisi.
Je n'avais pas revu mon mari depuis qu'il m'avait ramené. J'imaginais qu'il avait pu dormir, puisqu'il avait été congédié pour la nuit, mais il avait certainement repris ses fonctions, tôt ce matin.
Ça m'arrangeait.
Je ne savais pas ce que j'aurais pu lui dire si nous nous étions croisés. J'aurais été gênée, et je n'aurais eu aucune excuse par rapport à mon comportement d'hier soir.
Si mon père venait à apprendre ce qu'il s'était passé...je n'osais imaginer sa réaction.
Sa haine.
Sa fureur.
Sa déception.
Je m'étais laissée emporter par le moment.
Par ma faiblesse.
Il ne fallait tout simplement pas que cela se reproduise.
Miwa posa sa main sur mon poignet, m'extirpant de mes pensées. Je tournai la tête vers elle, pour découvrir un sourire rassurant sur son visage.
Cela me soulagea un peu de mon fardeau.

-Tu as l'air fatiguée, Ume. Remarqua-t-elle, ne veux-tu pas que je te congédie pour que tu puisses te reposer ?

Sa gentillesse et sa bonté me firent chaud au cœur, mais il valait mieux que je travaille.
Si je me retrouvais seule, j'allais être enfermée avec mes tourments.
Et puis, j'avais une récolte de renseignements à avancer.

-Non merci, ça va aller. Répondis-je.

La gouvernante hocha la tête et continua minutieusement sa tâche.
Le fait qu'elle prenne toutes ses corvées à cœur, exécutant chacune d'entre elle avec beaucoup de précision et de patience avait le don de m'impressionner.
Elle avait beaucoup d'expériences, ça se voyait.

-Depuis combien de temps êtes-vous ici ? Questionnai-je, afin de briser le silence.

Je pouvais très bien faire connaissance avec elle. De plus, elle était susceptible de me dire de nouvelles choses concernant mon mari.
C'était le moment parfait pour en avoir.
La femme esquissa un petit rictus.

-Houla, ça commence à faire un bon bout de temps. Répondit-elle.

Le sourire sur ses lèvres témoignait d'une certaine nostalgie. Elle semblait être heureuse, en quelque sorte.
Sa vie avait l'air de lui plaire.

-J'ai commencé quand l'empereur venait de prendre ses fonctions. Continua-t-elle, je ne sais même pas si tu étais née.

Ça faisait donc plus de seize ans qu'elle était ici.
Voire plus.
Par conséquent, elle avait dû voir beaucoup de choses, et avait eu le temps de se perfectionner dans ces tâches.

-Étiez-vous déjà gouvernante ? Voulus-je savoir.

La femme secoua la tête, souriant de plus belle.

-Oh non, il m'a fallu quelques années avant d'atteindre ce statut. Répondit-elle, j'étais une simple servante, au début. J'ai travaillé dur par la suite et au bout de...quatre ans, environ, j'ai pris la place de l'ancienne gouvernante.

À l'expression qu'elle arborait, je compris qu'elle était fière de son travail.
Sa position été le fruit de ses durs efforts.
Mais une autre question me vint en tête.

-Je me rappelle vous avoir entendu dire que vous aviez des enfants et un mari. Veuillez m'excuser pour mon impertinence, mais comment faites-vous pour les voir ? Voulus-je savoir.

Celle-ci haussa les épaules.

-Je ne les vois que rarement. Comme tu le sais, je me dois d'être toujours présente à la cour, telle est ma fonction. J'ai rencontré mon mari lorsque je n'étais encore que servante, environ un an après être arrivée. Nous avons rapidement eu des enfants et même si je ne peux pas être très présente dans leur vie, j'essaye de leur rendre visite à Tokyo dès que je le peux.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant